GRANDE SALLE
MARDI 20 JANVIER – 20H
DANSE
« La nécessité de rappeler à l’autre le besoin de sa présence. »
Sur scène, vingt danseuses et danseurs, tous singuliers, sont unis dans un même souffle. Ensemble, ils forment une société éphémère, qui invente ses propres règles pour mieux les transformer, se dissoudre et se reconstruire. Break, popping, krump, électro ou danse contemporaine : les styles se croisent, s’écoutent et se répondent dans un ballet urbain organique, comme un banc de poissons en alerte.
Avec Témoin, Saïdo Lehlouh célèbre la puissance du groupe, le besoin d’être ensemble, et la beauté fragile d’un instant partagé.
Ce tableau, d’une diversité vivifiante, ressemble à une humanité en mouvement. — Les Inrockuptibles
La précision de l’écriture se mêle aux énergies des interprètes pour former un ensemble monumental. — La Terrasse
Spectacle accessible
Avec le soutien de l'ONDA
Chorégraphie : Saïdo Lehlouh – Assistants chorégraphe : Mehdi Baki, Evan Greenaway, Karim Khouader – Avec deux équipes de 20 danseurs en alternance – Lumière : Tom Visser, Gwendal Malard – Musique : Mackenzy Bergile (compositeur), Raphaël Henard (dramaturge musical) – Stylisme : Johanna Faye – Costumes : Lydie Tarragon.
© Photo : David Le Borgne
Deux équipes de 20 danseur·ses en alternance, avec : Ndoho Ange, Mehdi Baki, Ilyess Benali aka Pocket, Kaê Brown Carvalho, Hugo Burtel, Audric Chauvin, Lorenzo Da Silva Dasse aka Ds, Suzanne Degennaro, Marina de Remedios, Hugo De Vathaire, Jerson Diasonama, Sofiane « Double So » El Boukhari, Dylan Eusebe aka Buzz From Pluto, Chris Fargeot, Johanna Faye, Evan Greenaway, Théodora Guermonprez, Linda Hayford, Aliashka Hilsum, Marvin Kemat aka Zulu, Karim Khouader aka Karim KH, Kïne aka Young Wrestler, Odile Lacides, Oscar Lassus dit Layus, Timothée Lejolivet aka Timo, Amiel Mampouya aka El mielo, Anaïs Mauri aka Silent, Mulunesh aka Wrestler X, Mounia Nassangar, Émilie Ouedraogo Spencer aka Wounded, Filipe Francisco Pereira Silva, Mathias Rassin aka Thias, Mathieu Rassin aka Thieu, Mattéo Raoelison aka Rao, Lumi Sow, Raphaël Stora, Timotkn, Clarisse Tognella, Lorenzo « Sweet » Vayssière, Aisi Zhou aka Joyceu Régie lumière : Dorian Dhem. Régie son : Hugo Sempé, Adrien Kanter. Une création de la Compagnie Black Sheep. Production : Collectif FAIR-E / CCN de Rennes et de Bretagne. Coproduction : Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt à Paris, Théâtre National de Bretagne à Rennes, Maison de la Danse à Lyon, Le Cratère - scène nationale d’Alès, Charleroi Danse - centre chorégraphique de Wallonie à Bruxelles, Château-Rouge à Annemasse, tanzhaus nrw à Düsseldorf. Accueil en résidence : Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt à Paris - Espace Cardin, Théâtre national de Bretagne - salle Gabily à Rennes, CCN de Rennes et de Bretagne. Création le 1er février 2024 au Théâtre National de Bretagne à Rennes. Projet labellisé par Paris 2024 dans le cadre de l’Olympiade culturelle.
Questions à Saïdo Lehlouh
Comment définiriez-vous Témoin ?
Témoin c’est réunir des gens qui ne se connaissent pas forcément mais qui, de par leurs personnalités, leurs démarches ou leurs parcours, ont tous quelque chose de commun. C’est donner à chacun la possibilité d’être riche de ses propositions en se sentant à l’aise auprès des autres. Les personnes invitées sont, pour la majorité, autodidactes, et lorsqu’elles rentrent dans un cadre de performance, elles savent qu’elles ont la liberté de le transformer. L’architecture de la masse de Témoin se transforme par des prises de décision individuelles, où chacun·e est conscient·e de son impact et de la capacité du groupe à assumer sa décision.
La performance a été initiée pour la première fois en mai 2018, à la Courneuve, devenue finaliste en juin de la même année du concours Danse Élargie à Paris. Comment a-t-elle évolué depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui ?
Témoin a été traversé par un nombre incalculable de personnes d’origines, cultures, milieux sociaux et âges différents, amateur·ices comme professionnel·les. Le format est passé de 15 à 90 danseur·ses, suivant les versions, la plus grande à ce jour étant celle présentée à La Canopée Les Halles à Paris, avec le Théâtre de la Ville, en 2019 et en 2022 à Rennes aux Halles Martenot avec les Tombées de la Nuit et le festival Waterproof. Au départ, j’ai voulu travailler uniquement avec des danseur·ses qui venaient du b-boying. J’ai vécu pendant longtemps la compétition, les salles d’entraînement… J’y voyais des micro-sociétés dans une grande culture, celle du break. J’ai voulu explorer ce qui pouvait faire communauté dans des mouvements de masse, d’urgence et de circulation, comment sur des zooms et des dézooms, ressortaient des traits de personnalité et de caractère de chacun·e. Et puis peu à peu, ça m’a amené à chercher ce qui pouvait être transformé d’une version à une autre, comment chaque nouveau ·elle performeur·se pouvait trouver son intention et la traduire par un geste, une prise de décision ou un changement de rythme, en invitant des personnes éloignées du jeu de la culture hip hop et de cette urgence qui la caractérise. Témoin a été très souvent différent, mais l’essence du projet reste la même.
Comment va évoluer Témoin au plateau ?
Depuis 2018, il me tenait à coeur de proposer l’exploration du plateau avec Témoin suite à la version courte, de 10 min, présentée lors de Danse Elargie. Je travaillerai avec les danseurs et danseuses qui constitueront le corps collectif, toutes et tous ayant participé au préalable au projet dans ses différentes formes in-situ. Ici, je chercherai principalement à travailler les présences individuelles, sublimer le caractère particulier de chacun et prendre le temps d’affiner la circulation des énergies sensibles au service du groupe. Contrairement à Earthbound, dans Témoin il y a une nécessité de présence par l’action. On ne suit pas la masse automatiquement, on suit la masse parce qu’on décide d’apporter quelque chose, on suit une décision parce qu’on veut la soutenir, la mettre en valeur, même si on ne la comprend pas tout de suite. Cela veut dire être proche de ses sensations, être à l’écoute et capable d’affirmer son geste… être prêt. Le travail de mise en espace et en lumière sera aussi un enjeu important au plateau pour ne pas perdre ce qui permet la force brute de la proposition.
La pièce alterne des mouvements de groupe et des solos. Comment abordez-vous ces deux dimensions, masse et individu ?
Oui, en effet, c’est bien souvent en fonction des prises de décisions individuelles que la masse se restructure, comme si l’architecture de circulation, de prise d’espace, se transformait par ces prises de décision. Cette liberté donnée aux interprètes a un impact sur le groupe, elle engendre l’apparition ou la disparition de la masse, son mouvement circulaire ou son désordre. Il y a aussi une dimension liée à la mémoire qui interroge la manière dont chacun·e est témoin de l’évolution de la culture hip hop. Comment ils et elles ont pu se nourrir, se sentir touché·es par l’autre ? Quel héritage ont-ils à transmettre à l’endroit de leur passion et de leur goût pour la confrontation ? La musique convoque aussi une époque, celle des années 1990, période emblématique où le rap a permis que soient prises au sérieux des revendications de cette culture. Finalement, il s’agit d’un passé toujours présent et d’une démarche en constante évolution à partir d’un patrimoine et matrimoine bien ancré et qui nous amène à nous questionner sur les préceptes de valeur, de revendication et de représentation que nous souhaitons continuer à porter ou réinterroger.
Propos recueillis en septembre 2022.
Saïdo Lehlouh chorégraphe
« La nécessité de rappeler à l’autre le besoin de sa présence » : voilà la matière dont est tissé le parcours de danseur et chorégraphe de Saïdo Lehlouh, artiste associé au Théâtre de la Ville-Paris et au Cratère d’Alès.
Tourné vers la notion de groupe dès ses prémices, il participe à marquer l’histoire du b-boying de son empreinte le long des années 2000 avec Bad Trip Crew. Cette « touche » propre aux breakers français·es, proche du mouvement félin, « Darwin » l’explore et l’exporte hors des terrains de compétition avec Wild Cat en 2014. De ce premier essai chorégraphique, il tire un manifeste technique et esthétique sur une manière singulière d’appréhender le sol. Il pose ainsi la première pierre d’un geste chorégraphique entièrement tourné vers la sincérité et les relations sensibles par le mouvement.
Apaches dessine depuis 2019 les contours d’une performance collective à géométrie variable, retraçant les croisements d’interprètes amateur·ices et professionel·les aux identités fortes. À partir de cette idée directrice, le chorégraphe déplie un véritable protocole de rencontre dansée et de recherche formelle qui trouve son écrin au plateau en 2023, dans une version resserrée et nouvellement habillée : Témoin.
C’est aux côtés de Johanna Faye que Saïdo Lehlouh compose la compagnie Black Sheep et cosigne Iskio, en 2015, Fact (2017) et Earthbound (2021), où la création musicale en live y côtoie une distribution plurielle.
photo : Jérôme Bonnet
Collectif FAIR-E
Bouzid Ait Atmane, Iffra Dia, Céline Gallet, Linda Hayford, Saïdo Lehlouh, Marion Poupinet, Ousmane Sy
Issus du hip hop et de toutes ses influences, nous sommes le reflet d’une nouvelle génération de chorégraphes. La danse qui nous anime, au même titre que l’art brut, est née de l’autodidactie et revêt une dimension universelle qui nourrit nos valeurs. C’est elle qui nous permet de dialoguer en transversalité avec les autres esthétiques, d’être en prise avec le réel. Nous défendons l’usage du faire comme façon de voir le monde. Comme une manière de s’approprier par action-réaction notre environnement immédiat et injecter, là où nous le pouvons, du désir, de la poésie, de l’équité, de l’imaginaire, de la joie, du partage, du commun…
Réunis ensemble, riches de nos différences et de nos individualités artistiques respectives, nous sommes en mesure de balayer le spectre des modalités d’écriture propres à notre champ esthétique. Nous vous invitons ainsi à découvrir nos univers respectifs et partager avec nous une danse d’auteur qui s’inscrit pleinement dans le panorama de la danse contemporaine.
« Avec Témoin, le chorégraphe Saïdo Lehlouh monte un ballet monumental pour vingt danseurs hip-hop où une diversité de styles de danse explose, dans une atmosphère sombre. » Journal La Terrasse - Belinda Mathieu
« Avec son nouveau spectacle, en tournée, le chorégraphe propose, dans un passage de relais entre le groupe et l’individu, un florilège de jaillissements hip-hop, break, contemporains et électro. » Le Monde - Rosita Boisseau
« Le spectacle est passionnant dans sa relecture des figures, b-boying mais pas que, pris dans une pénombre envahissante. À sa manière, presque assagi, le mouvement se fait révolte sourde qu’épouse la bande-son du compositeur Mackenzy Bergile et du dramaturge musical Raphaël Henard. Boucle organique et orgue, paroles scandées, basses furieuses, Témoin a des allures de film d’aventure. » Les Inrockuptibles - Philippe Noisette
« C’est un ballet d’une énergie brûlante avec une vingtaine d’interprètes virtuoses autodidactes venant de différentes techniques du hip-hop comme le break, waacking, freestyle, krump, électro ou top rock… » Midi Libre - Thierry Martin
« Pour sa dernière création Témoin, le chorégraphe Saïdo Lehlouh, issu de la danse break et membre du collectif FAIR-E à la tête du CCN de Rennes, fait exploser les gestes de vingt pointures des danses urbaines, dans un ballet qui dessine les contours d’une esthétique post-hip-hop. » Scèneweb - Belinda Mathieu