LE DRAKKAR

MARDI 24 MARS – 20H

SÉANCE SCOLAIRE
MARDI 24 MARS – 14H30

THÉÂTRE

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Tarif B
Dès 15 ans
1 heure


SI TU T’EN VAS

COMPAGNIE LES ÉCHAPPÉS VIFS
KELLY RIVIÈRE, PHILIPPE BARONNET

Un tête-à-tête vibrant et tendu, où l’école, l’avenir et les rêves s’affrontent.

Nathan, élève de terminale, vient dire adieu à sa prof principale : il quitte le lycée pour se consacrer à la revente de sneakers, un business qui lui rapporte déjà autant que son père agriculteur, sans s’épuiser à la tâche. Ambitieux et inspiré par Elon Musk, il veut réussir vite. Face à lui Madame Ogier tente de comprendre et de le retenir. Le ton monte, les positions s’affrontent, les mots deviennent plus personnels.

Ce huis clos tendu, drôle et émouvant interroge notre rapport à l’école, au travail et à la réussite. Un théâtre d’aujourd’hui, percutant et profondément humain.


Le propos est percutant, le jeu des comédiens formidable ! — Télérama
Un grand moment de pur théâtre, jubilatoire et bouleversant. Souvent drôle. — Le Journal d’Armelle Heliot

Texte : Kelly Rivière (commande de la compagnie) Mise en scène : Philippe Baronnet – Avec : Pierre Bidard et en alternance Kelly Rivière ou Marie-Cécile Ouakil – Lumière : Eliah Elhadad Ramon – Son : Julien Lafosse – Vidéo : Pauline Gallinari – Collaboration artistique : Marie-Cécile Ouakil.

© Photo : Victor Tonelli

Production déléguée : Les Échappés vifs. Coproduction : CA Mont-Saint-Michel Normandie, Ville de Marchésieux. Soutien : Centre de création départemental des Fours à Chaux Regnéville-sur-Mer, Ville de Paris, Grandir dans le bocage – Vire, Archipel Granville, lycée C.F. Lebrun Coutances, Campus HEP. Coréalisation La Reine Blanche Paris, La Scala Paris. La compagnie Les Échappés vifs, basée à Sourdeval, est aidée par le Ministère de la culture DRAC Normandie et le Conseil départemental de La Manche au titre du conventionnement. Si tu t’en vas est une commande d’écriture, deuxième collaboration de Kelly Rivière avec la compagnie après Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller – nouvelle adaptation, production 2024.

Site de la compagnie

En travaillant avec Kelly Rivière sur la traduction de Mort d'un commis voyageur, j'ai eu envie de lui commander un texte court, qui ferait écho à la pièce de Miller et traiterait des relations conflictuelles entre parents et enfants. Plus que jamais, des fossés se creusent entre les générations, la communication est intermittente, l'incompréhension domine, mais le besoin de confronter ses aînés, d'apprendre d'eux et d'être reconnu reste une étape essentielle dans la construction de soi. J’ai le désir de parler de la jeunesse d'aujourd'hui, de questionner les rapports qu'elle entretient ou non avec les adultes qui l'entourent : les parents mais aussi, et cette fois-ci surtout, les enseignants.

Dans ce huis clos, imaginé pour la salle de classe, Nathan confie à Mme Ogier, sa professeure, son projet secret de quitter le lycée, de fuir la maison, son père et d’aller faire fructifier ses affaires à l’étranger. Son business est sérieux, il connaît son produit – les sneakers –, il maîtrise les outils de vente, l’univers numérique et gagne déjà plus d’argent que ses proches. Alors, pourquoi rester ? À quoi peuvent bien servir les cours et les conseils, dispensés par des adultes qui méconnaissent et méprisent son travail ? Durant une heure, à la tombée du jour, l’enseignante va tenter par tous les moyens de dissuader Nathan. Pourquoi quitter un chemin « classique » et s’engager dans un projet aussi radical sur un coup de tête ? Que cherche-t-il à prouver en coupant si violemment tous les liens affectifs ? Immanquablement, chaque tentative renvoie à des questions morales et vient chatouiller les positions complexes de professeurs et d'élèves dans une situation profonde et finalement, intime.

Dans cette pièce d’affrontement qui saisit brillamment les contradictions de nos sociétés contemporaines, le capitalisme apparaît comme un horizon indépassable. Entre les angoisses de la crise écologique et la recherche d'un avenir radieux, l'argent semble être le seul ressort possible pour s'en sortir et exister. Et après tout, pourquoi pas ? Si la fin est proche alors autant en profiter. L’intelligence et le cynisme de Nathan bousculent la jeune femme et déplacent délicatement le propos de la pièce vers la figure de l’enseignant. Sur fond de wokisme et d’effondrement des valeurs « traditionnelles », c’est aussi elle qui hurle, entre les chiens et les loups, désespérément en quête de sens, dans une institution – l’Éducation nationale – qui semble au bord de la rupture.
Avec ce texte commandé à Kelly Rivière, nous affirmons encore une fois notre désir de monter des auteurs d’aujourd’hui, alertes, et joyeux à l'idée de partager avec la jeunesse. Je poursuis également le travail sur des dispositifs scéniques épurés – pouvant jouer au théâtre mais aussi en dehors – dans une grande proximité avec les spectateurs, faisant la part belle aux acteurs et aux mouvements intérieurs. Au fil d’un dialogue argumenté, nerveux, caustique et parfois violent, les brèches s’ouvrent chez l’un puis chez l’autre, les désirs enfouis refont surface et la fragilité des personnages se révèle comme point d’incandescence, véritable sujet de la représentation. Encore une fois, l’incarnation et la liberté des acteurs seront au centre du projet, le texte de Kelly Rivière offre pour cela une partition riche où humour et blessures coexistent magnifiquement dans chacun des protagonistes. Enfin, après de nombreuses années à travailler et faire du théâtre en milieu scolaire, cette commande d’écriture sonne également comme un hommage aux enseignants, à ces femmes et ces hommes, souvent caricaturés, mais dont l’enthousiasme et la détermination continuent de me bouleverser.

Philippe Baronnet, février 2023

Jérôme Broggini : La place donnée à l'adolescence est centrale dans le choix des productions développées par Les Échappés vifs. La commande passée à Kelly Rivière a-t-elle pour horizon la création d’un spectacle nécessairement jeune public ?
Philippe Baronnet :
Au départ, nous avions imaginé ce spectacle pour les salles de classe, en parallèle des représentations de Mort d'un commis voyageur, nouvellement retraduit par Kelly Rivière pour la compagnie [création novembre 2024]. Il s'agissait donc d'un texte court, léger techniquement, mettant en scène un personnage principal jeune dont la problématique et les questionnements pouvaient faire écho au personnage de Biff Loman dans la pièce d'Arthur Miller. Kelly a travaillé sur le conflit avec le père et la question du travail, de la réussite professionnelle comme source d'émancipation. Plus tard, quand elle a posé les jalons de la situation initiale – un huis clos entre une enseignante et un élève de terminale qui s'apprête à abandonner ses études –, le personnage féminin est rapidement devenu capital, se révélant aussi complexe que moderne. Humour, intelligence et fragilité coexistent chez cette femme qui lutte pour aider son élève et se débat avec une position difficile à tenir. Comment garder la distance nécessaire avec les jeunes gens que l'on côtoie quotidiennement ? Comment insuffler du sens dans un métier et une institution qui sont aujourd'hui fortement bousculés ? Il s'agit d'un véritable duo mais l'enseignante est en définitive le personnage principal. Au-delà de l'histoire intime qui se développe, ressort surtout la question plus "politique" du travail. Nos sociétés semblent questionner fortement notre frénésie de productivité et, dans le même temps, les avancées de l'intelligence artificielle vont faire disparaître un grand nombre de tâches et de métiers jusque-là pris en charge par les êtres humains. Logiquement, la question de l'école, des savoir-faire, de l’apprentissage devient un enjeu majeur et passionnant pour demain, et il me semble que cette question mérite d'être partagée avec tous les publics. En fait, je n'ai jamais abordé une pièce en la pensant "jeune public". Dès lors que le personnage principal est adolescent, je me dis que l'identification sera forte. Nous proposons des séances dédiées aux scolaires et je ne doute pas que le personnage de Nathan trouvera beaucoup de résonnance chez les lycéens, mais en réalité, j’aime autant que les jeunes et les moins jeunes soient réunis pour partager la même représentation. Si tu t'en vas est un spectacle à voir en famille et j'espère qu'un maximum de parents et d'enseignants viendront le découvrir.

J. B. : Le processus d’écriture a bénéficié de résidences en milieu scolaire. Retrouve-t-on dans votre écriture des récits de vie recueillis en collèges ou lycées ?
Kelly Rivière :
Lorsque Philippe m’a passé commande, nous avons beaucoup échangé sur ce qu’il souhaitait aborder comme sujets, sur les thèmes qu’il voulait traiter : qu’est-ce qu’enseigner aujourd’hui, dans quel rapport élève/professeur, à quoi tient encore l’investissement et l’engagement des professeurs ?… Il m’a donné une grande liberté, aussi bien dans la forme que dans le fond. Assez vite, j’ai pensé à un adolescent de mon entourage qui revend des baskets en ligne. À partir de là, le personnage de Nathan est né, et l’action s’est déployée. En janvier 2023, nous sommes partis deux semaines en résidence au lycée de Coutances. La première semaine, nous avons donné des ateliers de théâtre aux lycéens autour de textes contemporains, puis la deuxième semaine, nous avons répété les premiers extraits de Si tu t’en vas avec Philippe et Pierre, qui joue Nathan. Nous avons ouvert nos portes à des groupes d’élèves et cette étape a été fondamentale, car elle a permis de tester la réception de la pièce auprès du public visé. Nous avons vite perçu que le personnage de Nathan leur était familier, car certains nous ont dit faire des affaires sur Internet, ou connaître des jeunes gens qui revendent des baskets ou ont des activités lucratives sur le net. Je dirais donc que l’écriture s’est faite indépendamment de toute rencontre avec les lycéens ou collégiens normands, car j’ai écrit ce récit en pensant principalement à des personnes que je côtoie – élèves comme professeurs –, mais que toutes les rencontres dans les établissements d’accueil ont été très importantes car elles sont venues confirmer que nous prenions la bonne direction. Par ailleurs, Philippe a recueilli des témoignages de jeunes et de professeurs, que Pauline a filmés. Ses images trouveront sans doute une place dans la forme théâtrale finale, comme un écho au texte et à nos interrogations.

J. B. : Vous associez effectivement à votre mise en scène des entretiens filmés avec des élèves et professeurs du lycée Emile Lebrun de Coutances. Ces vidéos confèrent-elles une dimension documentaire au spectacle ?
P. B. :
J'ai toujours travaillé sur des oeuvres de fiction et Si tu t'en vas ne déroge pas à la règle. L'idée de faire un film avec les élèves et les enseignants rencontrés pendant la création m'a semblé judicieuse pour jouer ce spectacle, spécifiquement au théâtre. Initialement, la pièce se joue en salle de classe, avec le décor présent : les tables, le bureau, le tableau, etc. Au théâtre, cet effet de réel est dénaturé, nous avons quelques éléments de décor pour signifier le lieu mais j'avais envie de faire entrer plus concrètement le lycée dans les murs du théâtre. Les deux objets – la pièce et le film – doivent résonner mais ils ne sont pas entrelacés, il ne s'agissait pas de mêler docu. et fiction pour troubler les lignes. J'imagine plutôt ce film au début du spectacle, comme un sas, un prologue permettant de faire entrer le public des théâtres dans l'univers scolaire. Ces images donnent aussi, je l'espère, une dimension plus large au propos. En contrepoint de la pièce, à travers tous ces visages, Nathan et Mme Ogier deviennent presque des archétypes, symboles d'une époque, de ses doutes et de ses aspirations. Par ailleurs, voilà trois ans maintenant que chaque année, nous répétons au Lycée Lebrun de Coutances. J'ai partagé beaucoup de moments forts avec certains élèves et enseignants. Ils influencent mon travail et mes projets, ils sont une source d'inspiration. Lorsque j'ai passé commande à Kelly, l'idée de mettre en scène une enseignante et son combat me séduisait, j'avais envie de rendre hommage à ces femmes et ces hommes que je croise très régulièrement dans mon travail, avec qui nous montons des projets, parfois un peu fous mais terriblement enthousiasmants.

J. B. : Toutes vos créations étant l’occasion de résiden-ces en milieu scolaire, percevezvous une évolution du rapport à l’apprentissage, aux études, à l’orientation professionnelle chez les plus jeunes ?
P. B. :
Je ne perçois pas vraiment de transformation spécifique dans le rapport à l'école. Ce qui est sûr, c'est que l'omniprésence des écrans a bouleversé énormément de choses dans le rapport à l'autre, à l'interaction et à l'attention. Bien sûr, les nombreuses crises que nous traversons, économiques, écologiques, sanitaires… ont affecté très profondément la jeunesse, on sent une angoisse et parfois même une ambiance un peu délétère liée à cette époque particulière. Mais le lycée reste un lieu d'aventures et d'expériences : l'amitié, le groupe, l'amour et les grands rêves font partie de leur quotidien, c'est souvent propice à une fabuleuse énergie et c'est heureux. Pour en revenir à l'école, on ne peut plus ignorer qu'avec les bouleversements liés à l'intelligence artificielle, l'enseignement et les apprentissages vont devoir radicalement changer pour être plus en accord avec un monde nouveau, dans lequel machines et ordinateurs prendront une place prépondérante. C'est aussi une question qui traverse notre pièce : l'école doit-elle complètement embrasser le monde des nouvelles technologies ou doit-elle rester un bastion protégé, un peu à l'écart des injonctions contemporaines ?

J. B. : Avez-vous le sentiment que la pratique artistique ouvre aux élèves d'autres horizons professionnels ou personnels ?
K. R. :
Je l’espère. L’école ne pouvant pas remplir toutes les fonctions, je trouve qu’il très important d’ouvrir les élèves à d’autres univers, que ce soit par le sport, l’art ou tout autre activité extrascolaire. Il me semble que plus un élève s’ouvrira à d’autres univers, plus il pourra explorer des voies, avant de choisir celle qu’il souhaite suivre plus tard. Personnellement, j’aurais adoré, adolescente, participer à des ateliers de théâtre menés par des professionnels ou voir des spectacles se donner au sein même de mon collège ou lycée. Ça n’existait absolument pas, je crois, du moins pas dans mon école. J’aime beaucoup l’idée que le théâtre puisse surgir n’importe où, être créé avec trois fois rien, et avoir lieu partout, notamment dans les établissements scolaires. Alors, oui, forcément, je m’imagine, quand j’interviens dans le milieu scolaire, que je vais changer des destins, pas chez tous les élèves bien sûr, mais chez certains d’entre eux. C’est peut-être prétentieux ou idéaliste, mais je me dis que forcément le fait de voir des comédiens évoluer « en chair et en os » va faire naître des envies chez eux. Toutefois, ce n’est pas mon but principal. L’objectif premier lorsqu’on intervient en milieu scolaire, c’est de les faire travailler eux, de partager notre passion de ce métier, avec joie et exigence. De vivre une expérience commune, à travers l’exploration de textes contemporains ou du répertoire.
P. B. : En règle générale, nous restons dans un établissement scolaire environ deux semaines. On voit les élèves sur des périodes intenses mais souvent très courtes. Parfois, on a le sentiment d'allumer véritablement quelque chose chez quelqu'un, mais qui sait ? Parfois, on a aussi le sentiment d'être passé à côté d'un ou d'une élève et c'est justement là, contre toute attente, qu'une graine est plantée, pour plus tard.
P. B. : En résidence, j'essaie surtout de leur transmettre une énergie, une joie dans le travail et une exigence dans la pensée. J'utilise le théâtre comme un moyen mais pas comme une fin en soi. Je ne cherche pas à les conforter dans un désir de carrière artistique, pour celles ou ceux qui en auraient. Je suis évidemment disponible quand ils viennent glaner des renseignements sur le métier, je les encourage dans le travail, mais je m'efforce de garder une certaine distance, surtout avec les élèves qui sont déjà très doués et que je pourrais avoir envie d'inciter à prendre ce chemin. Ce sont des parcours risqués et couteux. Ce sont des choix délicats, des décisions parfois cruciales. Embrasser une carrière artistique, c'est un engagement profond, total et intime. Ce n'est pas mon rôle d'intervenir à cet endroit. En fait, je me sens très proche de Mme Ogier et de ses problématiques.

J. B. : Une double version de Si tu t’en vas est proposée : une "scénique" dédiée aux plateaux (ou espaces équivalents) pour les représentations tout public et une "scolaire" destinées aux salles de classe. Le spectacle diffère-t-il de l’une à l’autre ? Le texte original est-il joué en entier ?
P. B. :
Le texte original sera joué en entier dans les deux versions, oui. En revanche, les choix de mise en scène et de direction peuvent varier selon les versions et les espaces. En travaillant en salle de classe, nous étions tellement proches du regard des spectateurs qu'il était presque naturel de fermer le quatrième mur, les acteurs nous ne prenaient pas en compte, les vacillements et les rebonds intérieurs apparaissaient très fortement. En arrivant à La Reine Blanche, lors des dernières répétitions, je sentais qu'il manquait quelque chose, les acteurs me semblaient loin de nous, nous ne pouvions rester complètement dans la même adresse et les mêmes codes de jeu. Si tu t'en vas est un huis clos, construit sur une narration en deux parties avec une pause à mi-chemin. J'ai décidé de laisser le public éclairé pendant toute la première partie du spectacle afin que les acteurs puissent briser le quatrième mur et s'adresser directement aux spectateurs. La première partie est un combat, une dispute, il faut argumenter, être dans le nerf de la pensée, faire preuve d'intelligence, et d'humour aussi, pour désarçonner l'adversaire. En ouvrant sur le public, les acteurs partagent cette joute avec toute l'assemblée, la réflexion circule entre eux et nous et cela devient réjouissant. Dans la deuxième partie, les personnages commencent à s'épuiser, les défenses tombent et c'est à moment-là (au théâtre) que l'obscurité se fait sur le public, les enjeux deviennent plus intimes, on quitte le monde des idées pour basculer dans l'émotion et je l'espère la catharsis.

Kelly Rivière, autrice, comédienne
Comédienne, traductrice, autrice et metteuse en scène d’origine francoirlandaise, Kelly Rivière se forme en danses classique et contemporaine au Conservatoire régional de Lyon, puis au cours Florent. Membre du comité anglais de la Maison Antoine Vitez depuis 2005, elle traduit seule ou en collaboration les oeuvres de dramaturges anglophones : Laura Wade, Samantha Ellis, Gary Owen, debbie tucker green, Mike Bartlett, et plus récemment Arthur Miller. Ses traductions, très souvent mises en scène, sont toutes publiées chez Actes-Sud Papiers, aux Éditions Théâtrales ou Koinè. Au plateau, elle travaille sous la direction de Sarah Siré, Jalie Barcilon, Guy Freixe, Karin Serres, Patrice Douchet, Claire Rengade, Philippe Calvario, Arnaud Cathrine, Philippe Baronnet, Pauline Bureau, Maïa Sandoz, Emilie Rousset... À la télévision, de Frédéric Berthe ; et au cinéma, Léa Fehner, Sages-femmes ; Iris Kaltenbäck, Le ravissement, ou encore Eric Toledano et Olivier Nakache dans Une année difficile. Elle prête régulièrement sa voix pour des fictions radiophoniques sur France Culture. Diplômée du D.E., elle est intervenante pédagogique en théâtre et traduction : cours Florent, universités, La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. En 2017, elle crée la compagnie Innisfree et passe à l’écriture avec An Irish Story / Une histoire irlandaise, spectacle bilingue sur la quête de ses origines – prix SACD Nouveau Talent Humour –, toujours en tournée en France ou à l’étranger (Algérie, Irlande). En 2023, la compagnie Les Échappés Vifs lui passe commande d’une nouvelle traduction de Mort d’un commis voyageur, puis de l’écriture de Si tu t’en vas, forme courte à destination notamment de la jeunesse, créé pour tous types d’espaces, des théâtres aux salles de classe.

Philippe Baronnet, metteur en scène
Issu de la promotion 2009 de l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, Philippe Baronnet participe, en tant que comédien, à plusieurs spectacles de metteurs en scène renommés dans le cadre de sa formation : Les Ennemis de Maxime Gorki mis en scène par Alain Françon, Hyppolyte/La Troade de Robert Garnier m.e.s. par Christian Schiaretti, Cymbeline de William Shakespeare m.e.s. par Bernard Sobel... Parmi ses différents travaux d’école, il participe à deux créations de Philippe Delaigue, Les Sincères de Marivaux et Démons de Lars Norén. En 2010, il devient comédien permanent du Théâtre de Sartrouville et participe, jusque 2013, aux créations de Laurent Fréchuret : Embrassons-nous, Folleville ! d’Eugène Labiche, La Pyramide de Copi, L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Dans le cadre de la 8ème biennale Odyssées en Yvelines du Théâtre de Sartrouville, il joue De la salive comme oxygène, texte commandé à l’auteure Pauline Sales et m.e.s. par Kheireddine Lardjam. La dernière année de sa permanence artistique à Sartrouville, il dirige la mise en espace de Lune jaune de David Greig, puis se voit confier l’ouverture de la saison 12/13 : il choisit de mettre en scène Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén. Jusque 2019, il travaille régulièrement au Préau de Vire-CDN où, après avoir repris un rôle dans Les Arrangements de Pauline Sales m.e.s. par Lukas Hemleb, il dirige des résidences dans les collèges et lycées partenaires et créé Le Monstre du couloir de David Greig pour le festival ADO, en 2014. La création de sa compagnie avec Jérôme Broggini est la suite naturelle à toutes ces rencontres et nouvelles amitiés artistiques. Titulaire du diplôme d’État d’enseignement théâtral, Philippe Baronnet anime divers ateliers de pratique artistique dans des établissements scolaires du secondaire et du supérieur, dont l’Université de Caen ou la Cité Théâtre.

Pierre Bidard, comédien
Originaire de Normandie, Pierre Bidard commence le théâtre au CDN de Vire, Le Préau, avec Pauline Sales et Anthony Poupard, puis intègre le conservatoire de Caen en théâtre et en 2016 l'ENSATT. À Lyon, il travaille avec la Comp’ Marius, Tatiana Frolova, Christian Schiaretti, Philippe Delaigue, Vincent Garranger et Agnès Dewitt. À sa sortie de l'école, il intègre la troupe permanente de la Comédie de Caen sous la direction de Marcial Di Fonzo Bo. Il travaille avec Elise Vigier et Guillermo Pisani. En 2021 il joue avec la compagnie du Dagor le spectacle : Tu seras un homme mon fils. Depuis 2019 il codirige la compagnie La Vallée de l'Egrenne avec Iris Pucciarelli implantée en Normandie, en tant que metteur en scène et comédien. Il remporte le prix de la mention spéciale du prix Théâtre 13 / jeune metteur en scène avec son premier spectacle, Que se répètent les heures... (La Borde). En 2023 il travaille avec Philippe Barronnet et Les Échappés vifs.

Marie-Cécile Ouakil, comédienne Après un cursus en lettres modernes/études théâtrales, Marie-Cécile Ouakil intègre la 68ème promotion d’art dramatique de l’ENSATT (2009), où elle se forme auprès de Philippe Delaigue, Vincent Garanger, Alain Françon, Christian Schiaretti, Bernard Sobel. Après l’école, elle joue dans les spectacles de La Nouvelle Fabrique, intervient dans des ateliers de pratique théâtrale et travaille sous la direction de Philippe Delaigue (Cahier d’histoires#3, 2010/14), Denis Guénoun (Aux corps prochains, spectacle mêlant philosophie, danse et théâtre,  2015) ou plus récemment Anne Courel (Ces filles-là d’Evan Placey, 2019/20).  Avec Denis Maillefer, elle co-adapte pour la scène le roman d’Amos Oz, Seule la mer (2014). Depuis 2017, elle collabore régulièrement avec Philippe Baronnet (Les Echappés vifs) en tant que dramaturge et comédienne : Le Monstre du couloir de David Greig et Quai ouest, 2017 ; Soeurs de Pascal Rambert, 2020 ; Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller, 2022/23. Depuis 2019, elle reprend le spectacle jeune public We just wanted you to love us (Magali Mougel, Philippe Baronnet) en itinérance/hors les murs, ainsi que Série noire, feuilleton théâtral pour les bars, adapté du film d'Alain Corneau (Les Démembrés). Après O-dieux, seul en scène de Stefano Massini, Avignon Off 2017, elle retrouve Kheireddine Lardjam (Cie El Ajouad) pour une commande d’écriture à Marion Aubert, En pleine France (22/23), ainsi que Clément Carabédian et Joséphine Chaffin (Cie Superlune) qui, après Les Beaux-ardents, love-story vénitienne (2017), lui proposent de rejoindre la distribution d’une pièce d’anticipation, Temps-Océan.

LES ÉCHAPPÉS VIFS

Après ses années de permanence artistique au Théâtre de Sartrouville–CDN, Philippe Baronnet, comédien, metteur en scène, crée Bobby Fischer vit à Pasadena dont il confie le rôle principal à sa partenaire de jeu, Nine de Montal. Avec Jérôme Broggini, ils fondent tous les trois la compagnie Les Permanents, aujourd’hui Les Échappés vifs. Attaché à l’idée de placer l’acteur au centre de la création théâtrale, Philippe Baronnet s’intéresse aux écritures contemporaines – Sylvain Levey, Dea Loher, Marius von Mayenburg… –, porte plus particulièrement son regard sur l’adolescence et ses enjeux – voir Le Monstre du couloir de D. Greig ou plus récemment We just wanted you to love us de M. Mougel –. Il soutient et accompagne les dramaturgies d’aujourd’hui par le biais d’actions artistiques, ou de commandes d’écriture : Jalie Barcilon, Jean-Marie Clairambault, Kelly Rivière. À travers le choix des pièces, la jeunesse et plus largement les rapports familiaux sont des thématiques récurrentes pour Les Échappés vifs. Passionnés par la pédagogie et soucieux de porter l’art dramatique également hors des salles traditionnelles, les artistes et techniciens réunis au fil des spectacles défendent un théâtre sensible et psychologique qui interroge, bouscule et invite le spectateur à se pencher sur les détails. Toutes les équipes s’investissent dans, tout comme en dehors des théâtres, pour proposer une expérience dramatique en dehors des lieux habituels. Associée jusque 2018 au Préau CDN de Vire Normandie, la compagnie Les Échappés vifs a pu affirmer son désir de partager avec les publics, le plus en amont possible, les oeuvres portées au plateau – dans le cadre de résidences dans les établissements scolaires du bocage normand, notamment. Ainsi la compagnie a-t-elle présenté des formes pour grands plateaux – Maladie de la jeunesse de Bruckner, Quai ouest de Koltès– comme des spectacles à la scénographie plus mobiles – Soeurs de Rambert, La Musica deuxième de Duras… — afin de porter haut la parole des auteurs, des autrices, défendue dans un grand élan de sincérité partagé.

« Kelly Rivière a écrit un texte d'une rare intelligence sur les relations qu'élèves et enseignants entretiennent avec l'école, le travail et la réussite. Une vraie pépite à ne pas rater ! [...] La maïeutique de la scène fait merveille en révélant les enjeux sociétaux et moraux de ce dialogue. » L'Officiel des spectacles - Catherine Robert

« Philippe Baronnet et Kelly Rivière explorent les affres des choix adolescents à travers une création sensible [où une professeure et son élève] las de s’affronter, baissent la garde, se dévoilent dans leurs failles et viennent toucher à leurs endroits de contradiction. » sceneweb.fr - Fanny Imbert