GRANDE SALLE
VENDREDI 10 AVRIL – 20H
DANSE
Le retour d’une chorégraphe culte.
En 1983, Rosas danst Rosas révèle Anne Teresa De Keersmaeker au monde de la danse. Sur scène, quatre femmes qui répètent inlassablement des gestes simples et quotidiens, portés par une énergie intense. Leur danse, à la fois rigoureuse et expressive, mêle épuisement physique et précision millimétrée.
Avec une musique rythmée de Thierry De Mey et Peter Vermeersch, Rosas danst Rosas marque un tournant dans la danse contemporaine et reste, plus de quarante ans après, une pièce phare du répertoire.
Captivant et épuisant, fascinant et implacable, brillant et fastidieux, c’est une exploration fascinante de la synchronicité, des motifs et du rythme. — New York Times
Véritable monument de la danse — Ma Culture
Spectacle accessible
Chorégraphie et décors : Anne Teresa De Keersmaeker – Créé par : Adriana Borriello, Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda – Avec : Laura Bachman, Amanda Barrio Charmelo, Léa Dubois, Anika Edström Kawaji, Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti, Soa Ratsifandrihana, Jara Vlaeminckx – Musique : Thierry De Mey, Peter Vermeersch – Musiciens : Thierry De Mey, Walter Hus, Eric Sleichim, Peter Vermeersch – Lumières : Remon Fromont – Costumes : Rosas.
© Photo : Jean-Luc Tanghe
Créé avec (1983) : Anne Teresa De Keersmaeker, Adriana Borriello, Michèle Anne De Mey, Fumiyo I keda. Costumes : Rosas. Production 1983 : Rosas & Kaaitheater. Coproduction : De Munt / La Monnaie (Brussel/Bruxelles), Sadler’s Wells (London), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg. Avec le soutien de Rosas bénéficie du soutien de la Communauté flamande et de la Commission communautaire flamande (VGC).
En 1983, Anne Teresa De Keersmaeker s’imposait sur la scène internationale avec Rosas danst Rosas, un spectacle devenu depuis lors une véritable référence dans l’histoire de la danse postmoderne. Rosas danst Rosas approfondit la veine minimaliste ouverte avec Fase (1982) : des mouvements abstraits constituent la base d’un riche contrepoint chorégraphique dominé par la répétition. La véhémence expressive de ces mouvements est contrebalancée par la trivialité des petits gestes quotidiens. En 1983, Rosas danst Rosas a été lu comme un manifeste farouchement féminin, un manifeste féministe. Quatre danseuses « se dansent elles-mêmes » sans relâche. Leur obstination — jusqu’à l’épuisement — entre en contraste avec l’impeccable structure formelle de la chorégraphie. Les boucles rythmiques de Thierry De Mey et Peter Vermeersch (une musique répétitive qu’ils désignaient comme maximaliste) ont été composées durant le processus chorégraphique. La version cinématographique de Rosas danst Rosas, filmée par De Mey en 1997, est rapidement devenue aussi emblématique que le spectacle lui-même. La plateforme de participation en ligne Re:Rosas! vous enseigne pas à pas le 2ème mouvement, une version simplifiée de la chorégraphie de la chaise. Des centaines de passionnés de danse du monde entier se sont essayés à cet exercice, ont dansé leur propre Rosas danst Rosas et ont posté ensuite leurs vidéos sur le site. Depuis 1983, ce spectacle a été interprété près de 500 fois, par 28 danseurs et danseuses de cinq générations différentes. Pour cette reprise, Rosas danst Rosas s’est vu confier à une toute nouvelle distribution.
Anne Teresa De Keersmaeker
Anne Teresa De Keersmaeker est née en 1960 à Malines, en Belgique. Elle a étudié la danse à l’École Mudra de Bruxelles, puis à la Tisch School of the Arts de New York. En 1980 elle crée Asch, sa première chorégraphie. Deux ans plus tard, elle marque les esprits en présentant Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich. En 1983, De Keersmaeker chorégraphie Rosas danst Rosas et établit à Bruxelles sa compagnie de danse Rosas. A partir de ces oeuvres fondatrices, Anne Teresa De Keersmaeker a continué d’explorer, avec exigence et prolixité, les relations entre danse et musique. Elle a constitué avec Rosas un vaste corpus de spectacles qui s’affrontent aux structures musicales et aux partitions de toutes les époques, de la musique ancienne à la musique contemporaine en passant par les expressions populaires. Sa pratique chorégraphique est basée sur les principes formels de la géométrie et les modèles mathématiques, l'étude du monde naturel et des structures sociales — ouvrant de singulières perspectives sur le déploiement du corps dans l’espace et le temps.
Entre 1992 à 2007, Rosas a été accueilli en résidence au théâtre de La Monnaie/De Munt à Bruxelles. Au cours de cette période, Anne Teresa De Keersmaeker a dirigé plusieurs opéras et de vastes pièces d’ensemble qui ont depuis intégré le répertoire des compagnies du monde entier. Dans Drumming (1998) et Rain (2001) — spectacles auxquels collabore l'ensemble de musique contemporaine Ictus — s’épanouissent de vastes structures géométriques, aussi complexes dans leurs tracés que dans leurs combinaisons, qui s’entremêlent aux motifs obsédants du minimalisme de Steve Reich. Ces fascinantes chorégraphies de groupe sont devenues des icônes, emblématiques de l’identité de Rosas. Au cours de sa résidence au théâtre de La Monnaie, Anne Teresa De Keersmaeker présente également le spectacle Toccata (1993) sur des fugues et partitas de J.S. Bach, dont l'œuvre constitue un fil rouge dans son travail. Verklärte Nacht (écrit pour quatorze danseurs en 1995, adapté pour trois danseurs en 2014) dévoile l'aspect expressionniste du travail de la chorégraphe en valorisant l’orageuse dimension narrative associée à ce sextuor à cordes de Schoenberg, typique du postromantisme tardif. Elle s’aventure vers le théâtre, le texte et le spectacle transdisciplinaire avec I said I (1999), In real time (2000), Kassandra – speaking in twelve voices (2004), et D'un soir un jour (2006). Elle intensifie le rôle de l'improvisation dans sa chorégraphie en travaillant à partir de jazz ou de musique indienne dans des pièces telles que Bitches Brew / Tacoma Narrows (2003) sur la musique de Miles Davis, ou Raga for the Rainy Season / A Love Supreme (2005).
En 1995, Anne Teresa De Keersmaeker fondait l'école P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training Studios) à Bruxelles en association avec La Monnaie/De Munt.
Les récentes pièces d'Anne Teresa De Keersmaeker témoignent d'un dépouillement qui met à nu les nerfs essentiels de son style : un espace contraint par la géométrie ; une oscillation entre la plus extrême simplicité dans les principes générateurs de mouvements — ceux de la marche par exemple — et une organisation chorégraphique riche et complexe ; et un rapport soutenu à une partition (musicale ou autre) dans sa propre écriture. En 2013, De Keersmaeker revient à la musique de J.S. Bach (jouée live, toujours) dans Partita 2, un duo qu’elle danse avec Boris Charmatz. La même année, elle crée Vortex Temporum sur l’oeuvre musicale du même nom écrite en 1996 par Gérard Grisey, très caractéristique de la musique dite spectrale. L’ancrage de l’écriture gestuelle dans l’étude de la partition musicale y est poussé à un degré extrême de sophistication et favorise un méticuleux dialogue entre danse et musique, représenté par un couplage strict de chaque danseur de Rosas avec un musicien d’Ictus. En 2015, le spectacle est totalement refondu pour l’adapter au format muséal, durant neuf semaines de performance au centre d'art contemporain WIELS de Bruxelles, sous le titre Work/Travail/Arbeid. La même année, Rosas crée Golden Hours (As you like it), à partir d’une matrice textuelle (la pièce Comme il vous plaira de Shakespeare) qui sert de partition implicite aux mouvements, affranchissant pour une fois la musique de sa mission formalisante et lui autorisant la fonction plus soft d’environnement sonore (il s’agit de l’album Another Green World de Brian Eno, 1975). En 2015 également, Anne Teresa De Keersmaeker poursuit sa recherche du lien entre texte et mouvement dans Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke, une création basée sur le texte éponyme de Rainer Maria Rilke. Au début de 2017 l’Opéra de Paris invite la chorégraphe à mettre en scène Così fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart. En août de la même année elle crée Mitten wir im Leben sind/Bach6Cellosuiten avec le violoncelliste Jean-Guihen Queyras. En 2018 elle a écrit une pièce pour un vaste ensemble sur les Concertos Brandebourgeois de Bach, suivi en 2020 par un solo sur les Variations Goldberg du même compositeur. En 2020, De Keersmaeker a également créé une nouvelle chorégraphie pour la comédie musicale West Side Story à Broadway et a lancé Dark Red, une série de projets pour l'espace muséal, dont Kolumba (2020), Fondation Beyeler (2021), Louvre-Lens (2021), et la Neue Nationalgalerie (2022). En 2022 De Keersmaeker a créé Mystery Sonatas / for Rosa, chorégraphié sur les Sonates du Rosaire de Heinrich Ignaz Franz Biber, avec la violoniste Amandine Beyer et Gli Incogniti. Fin 2022, Forêt, un spectacle pour onze danseurs, créé en collaboration avec le chorégraphe Némo Flouret, est présenté dans les espaces d'exposition du premier étage de la célèbre aile Denon du Louvre à Paris. En mai 2023, EXIT ABOVE a été présenté à Bruxelles. Ce nouveau projet est une collaboration avec l'autrice-compositrice-interprète Meskerem Mees, producteur-guitariste Jean-Marie Aerts, et le danseur et guitariste Carlos Garbin. L’année suivante elle a collaboré avec Radouan Mriziga sur Il Cimento dell'Armonia e dell'Inventione (2024), une chorégraphie pour 4 danseurs sur la musique des Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi. Sa dernière création, BREL (2025), est une collaboration avec Solal Mariotte, et revisite les chansons de Jacques Brel.
Dans Carnets d'une chorégraphe, une monographie de trois volumes publiée par Rosas et les Fonds Mercator, la chorégraphe dialogue avec la théoricienne et musicologue Bojana Cvejić, et déploie un vaste panorama de points de vue sur ses quatre oeuvres de jeunesse ainsi que sur Drumming, Rain, En Atendant et Cesena.
Rosas, compagnie de la chorégraphe et danseuse Anne Teresa De Keersmaeker, a été fondée en 1983 lors de la création de la pièce Rosas danst Rosas. Depuis ses débuts en 1982 avec Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, Anne Teresa De Keersmaeker est engagée dans une recherche rigoureuse sur le mouvement et ses articulations, en déployant un spectre qui va de la simplicité de l’épure aux organisations les plus complexes. Au coeur de son travail : la relation entre mouvement et musique. Le projet de Rosas est de conduire l'art chorégraphique vers un acte d'écriture du mouvement dans l'espace et le temps, en y associant d'autres forces de composition telles que la musique, la géométrie, les arts visuels ou textuels. La rencontre avec ces disciplines et leurs praticiens — musiciens, compositeurs, plasticiens, acteurs et écrivains — a donné lieu à d'importantes collaborations qui ont balisé le chemin créatif de la compagnie.
Le travail de Rosas ne se limite pas à la création de nouveaux spectacles ; la compagnie cultive et fait tourner son répertoire — qui couvre une période de plus de trente années — et en assure l’enseignement. Ainsi les oeuvres de jeunesse d’Anne Teresa De Keersmaeker continuent-elles d'être transmises à de nouvelles générations de danseurs et de publics. Avec une reconnaissance internationale acquise dès les premiers spectacles de la chorégraphe, Rosas incarne une présence forte et vitale dans le monde de la danse : au sein des répertoires d’autres compagnies, dans les programmations de théâtres, festivals, opéras, espaces d'exposition, sans oublier un riche travail d’ateliers et de plates-formes pédagogiques. Le partenariat et le soutien du théâtre de La Monnaie/De Munt — où la compagnie a reçu accueil de 1992 à 2007 — ainsi que ceux du Kaaitheater, ont encouragé une présence intensive sur la scène bruxelloise. En complicité avec ces institutions, Rosas a initié de nombreux projets tels que P.A.R.T.S., Bal Moderne, WorkSpaceBrussels. Ces initiatives ont depuis lors évolué en organisations autonomes, laissant la place à de nouveaux projets dans les bâtiments de Rosas, tels que Dancingkids et RondOmdans.
Le site de Rosas à Bruxelles abrite une multiplicité d'activités artistiques liées aux arts de la scène. Cet espace de travail, partagé dès sa création avec l’école P.A.R.T.S. et l'ensemble de musique contemporaine Ictus, met aujourd’hui ses studios à disponibilité de WorkSpaceBrussels, aux participants des Summer Studios, ainsi qu’à de nombreux autres artistes ou compagnies qui viennent y travailler. Cette circulation artistique fait de Rosas une ressource essentielle de la vie artistique bruxelloise, qui permet les plus riches rencontres entre artistes confirmés et émergents.
Rosas suit les principes de bonne gouvernance, tels que décrits dans le Code de gouvernance pour la culture, et soutient « juistisjuist ». La compagnie de danse attache une grande importance à des principes clairs et honnêtes concernant la collaboration dans le secteur des arts et applique les principes de pratiques équitables, de rémunération équitable et de politique d’intégrité. Un groupe de travail a préparé une charte de bien-être pour l’organisation.