GRANDE SALLE
MARDI 25 NOVEMBRE – 20H
THÉÂTRE
Qu’y a-t-il derrière ces portes que nous n’osons pas ouvrir ?
Fantômes pleins de vie, les femmes de Barbe bleue racontent comment elles ont été séduites, piégées, réduites au silence… Mais ensemble, avec humour et force, elles résistent. Sur scène, elles ouvrent les portes closes, explorent les parts sombres du célèbre conte de Perrault, et questionnent les injonctions qui pèsent sur les femmes.
Une création collective puissante et libératrice, entre récit intime et choeur solidaire.
Dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
PASSERELLE CINÉMA
Aux jours qui viennent de Nathalie Najem
Mise en scène : Lisa Guez – Avec : Valentine Bellone, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Nelly Latour et Jordane Soudre – Dramaturgie : Valentine Krasnochok – Collaboration artistique : Sarah Doukhan – Création lumière : Lila Meynard et Sarah Doukhan – Création musicale : Antoine Wilson et Louis-Marie Hippolyte.
Lauréat du prix Impatience 2019 – Lauréat du prix des lycéens Impatience 2019
© Photo : Simon Gosselin
Une écriture collective dirigée par Lisa Guez. Mise en forme par Valentine Krasnochok. Régie : Louis-Marie Hippolyte ou Sarah Doukhan. Regard chorégraphique : Cyr il Viallon. Production : Compagnie 13/31 / Juste avant la Compagnie. L a compagnie 13/31 est conventionnée par le Ministère de la culture - DRAC de Bretagne. Avec le soutien de la Région Bretagne. Avec le soutien de l’ADAMI. Remerciements : Lavoir Moderne Parisien - Paris ; ACB - Scène Nationale de Bar-le-Duc, L’ESCAPADE - Hénin-Beaumont, 104 - Paris.
L'histoire de Barbe Bleue,on me l'a racontée quand j'étais petite. Je me revois dans un lit, la lumière est éteinte, la porte de ma chambre est ouverte et la lumière du couloir filtre au travers. Dans le couloir, il y a mon grand-père, assis sur une chaise, qui me raconte Barbe Bleue. J'ai le souvenir de sa voix qui ralentit en évoquant ces femmes assassinées et collectionnées dans un cabinet interdit, qu'on n'a pas le droit d'ouvrir. J'étais terrorisée, tellement que je ne pouvais plus fermer les yeux, parce que je ne comprenais pas cette histoire ... Pourquoi ces femmes se sont-elles faites tuer, pourquoi ouvrent-elles la porte, méritent-elles de mourir pour ça ? Je me rappelle avoir fait des insomnies d'enfant.
On rencontre parfois des « Barbes Bleues » dans nos vies d'adulte. J'ai souhaité me servir de ce conte, de cette matière trouée pleine de mystère pour questionner nos imaginaires féminins. J'ai proposé à cinq comédiennes de travailler sur les béances ouvertes par ce texte, de sculpter avec leur propre imaginaire et leur propre sensibilité le témoignage possible d'une femme de Barbe Bleue. Ces cinq comédiennes, dont je connaissais déjà bien le travail pour les avoir déjà dirigées dans Les Reines de Normand Chaurette ont toutes une expressivité et un univers très singulier, elles nous font voyager dans des mondes différents ce qui donne au spectacle toute sa richesse, sa diversité, son équivocité.
J'ai puisé ma ligne dramaturgique dans les analyses de la psychanalyste Clarissa Pinkola Estes (Femmes qui courent avec les loups), pour qui Barbe Bleue est une instance destructrice dans le psychisme féminin, un prédateur en nous qui nous force à jouer des rôles sociaux où l'on s'interdit par avance toute liberté. Une sorte de cerbère de l'auto-conditionnement. Barbe Bleue n'est donc pas présent sur notre scène, il est toujours joué par une des femmes. Chacune doit se défaire de « son » Barbe Bleue.
Je n'ai pas seulement voulu questionner la réalité de la domination masculine dans notre société, mais plutôt quelque chose de plus compliqué, de plus difficile à dire : en quoi cette figure inquiétante et dominatrice peut-elle nous attirer inconsciemment ? Qu'est ce qui fait que l'on accepte de jouer « la proie » ? En quoi la violence du désir est un subtil mélange de terreur et de jouissance ? Ce qui m'intéresse c'est la complexité singulière des désirs, l'étrangeté de ce mouvement qui fait qu'on joue une partition parfois contre nous-même.
Les Femme de Barbe Bleue, c'est pour nous, la mise en scène d'un combat libérateur, le long d'un chemin de questions difficiles à poser et de portes interdites : qu'y a-t-il derrière ces portes qu'on n'ose pas ouvrir ? Que sais-je que j'aimerais ne pas savoir ? Qu'est-ce qui de moi a été tué ou est en train d'agoniser ? « Chacune de ces questions est une clef, et il est probable que les réponses arriveront tâchées de sang » (Femme qui court avec les loups, C.Pinkola Estes). Derrière toute porte qu'on a peur d'ouvrir, toute question qu'on refuse de se poser, toute liberté à laquelle on accepte de renoncer, il y a un désir mort, une femme mise à mort par le prédateur en nous : La Barbe Bleue.
Lisa Guez
Ecrire à partir d'improvisations de comédiennes, c'est savoir écouter la langue : le vocabulaire spécifique à chacune, la syntaxe, les tics de langage, les thématiques, les obsessions. Mettre en relief la langue de chacune en dégageant ses spécificités.
Certains mots aussi, certaines sonorités, sonnent mieux dans certaines bouches. Une actrice aura cette manière toute particulière de parler avec ce léger chuintement touchant et drôle ou avec la pointe d'un accent, faisant entendre la fragilité d'un mot, sa grâce, ou donnant à entendre sa proximité avec un autre phonème donc amenant magiquement à un autre sens. Une seconde aura un goût naturel pour les jeux de mots et les associations de pensées. Une dernière instinctivement construira tout son discours par phrases très courtes et incisives.
Puis il faut faire le tri, organiser la pensée, s'inspirer d'une idée trouvée en impro mais la placer à un tout autre endroit où elle acquiert tout son sens et sa force dans le récit. Trancher parfois en amputant tout un développement mais dont la comédienne gardera toujours une trace qui l'habitera lors de l'interprétation. Faire un choix définitif sur l'univers du personnage, sa façon de s'exprimer, son niveau de langage, son culot ou sa pudeur à dire certaines choses ...
Négocier parfois aussi, essayer d'influencer le cheminement de la pensée, exiger parfois le choix de certains mots, pour créer des échos entre les textes mais aussi une unité de sens entre tous ces témoignages.
Ecrire directement avec la parole a été un plaisir infini pour les actrices et pour moi : mettre en mots sur le plateau nous a perfusées en direct avec la vie du texte, il était mis au monde, là, devant nous, immédiatement dans leurs corps et dans leur voix.
Enfin, écrire sur ce thème a été fondamental. Nous sept, dans nos corps, dans nos vies de femmes, nous avons toutes déjà expérimenté la privation de liberté - qu'elle soit provoquée par l'extérieur (le compagnon, la famille, la société) ou par notre propre esprit - et nous avons toutes expérimenté la joie furieuse de s'en affranchir par notre curiosité à ouvrir les portes des cabinets interdits, à rechercher dans la vie toujours plus, à transformer en forces positives les forces noires, à vivre en femmes sauvages et puissantes.
Valentine Krasnochok
Lisa GUEZ / Metteure en scène, autrice
Née en 1988, Lisa Guez a une formation de praticienne et de théoricienne du théâtre. Ancienne étudiante en arts de l'École Normale Supérieure après une classe préparatoire option théâtre, elle crée à 20 ans avec Baptiste Dezerces, sa première mise en scène, La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès. Elle monte ensuite plusieurs spectacles au sein de Juste avant la Compagnie : Macbeth, prix Nanterre-sur-scène en 2014, Les Reines de Normand Chaurette en 2015, Mon corps est trop petit pour ce monde, issu d'un workshop qu'elle dirige au Théâtre de l'Aquarium (direction François Rancillac) en 2017, Les Femmes de Barbe Bleue, création originale qu'elle dirige et dont le texte paraÎt à la Librairie Théâtrale. Ce spectacle rencontre un fort succès au Lavoir Moderne Parisien. Il est sélectionné au Festival Impatience en décembre 2019 où il remporte le prix des lycéens et le prix du jury. En 2020-2021, elle collabore en mise en scène et dramaturgie avec Julie Berès sur sa nouvelle création La Tendresse. En 2022, elle crée On ne sera jamais Alceste à partir des cours de Louis Jouvet au Studio de la Comédie Française. Elle crée en 2022 au Méta - CDN de Poitiers Celui qui s'en alla autour des notions d'emprise et de handicap émotionnel. Le texte paraÎtra à la Librairie Théâtrale le 1er décembre 2022. En 2023 elle se lance dans une réécriture personnelle de La Petite Sirène d'Andersen pour un spectacle avec la Compagnie L'Oiseau mouche, Loin dans la mer, et monte Vertébré d'Alexandre Tran. Elle repartira en 2024 avec les comédiennes des Femmes de Barbe Bleue sur une nouvelle recherche autour de la pratique thérapeutique du Psychodrame.
Lisa Guez fonde la compagnie 13/31 en 2020, suite au succès des Femmes de Barbe Bleue. Elle est artiste associée au Méta - CDN de Poitiers, au CDN de Béthune et au Quai des rêves à Lamballe. L'enseignement et la recherche ont une importance majeure dans sa pratique. Elle est marquée par sa formation et son début de carrière universitaire où elle rédigeait une thèse sur Les Mises en scène de la Terreur révolutionnaire dans le théâtre contemporain, recherche autour de laquelle elle a publié de nombreux articles. Elle enseigne en contrat doctoral l'esthétique et l'histoire du Théâtre à l'Université Stendhal Grenoble entre 2014 et 2016, puis la pratique scénique et l'écriture dramatique à l'université Lille 3 entre 2016 et 2018 en tant qu'Attachée temporaire d'éducation et de recherche. Elle donne pendant plusieurs années des ateliers en centre psychiatrique (CMP Jacque Arnaud, à Bouffémont Moisselles).
Valentine KRASNOCHOK / Dramaturge, comédienne
Valentine Krasnochok, dramaturge, comédienne et écrivaine, est formée au Studio Alain de Bock à Paris puis au conservatoire du 13ème arrondissement de Paris. Elle joue pour Juste avant la Compagnie dans Souviens-toi de tes plaisirs, Richard Ill, Macbeth et Les Femmes de Barbe Bleue, projet pour lequel elle participe à la dramaturgie, à la mise en forme de l'écriture et en tant que comédienne. Par ailleurs, elle a écrit, interprété et mis en scène Le Freaky Kabaret puis récemment un autre cabaret : Purple Gang. Au cinéma, elle travaille avec Jean-Charles Fitoussi en tant que comédienne, notamment pour L 'Enclos du temps, qui obtient le Prix Jean Vigo en 2013. En 2015, elle interprète Le domaine des murmures de Carole Martinez au Théâtre de Poche, mis en scène par José Pliya. Elle écrit et interprète également des spectacles de contes, à destination des collégiens (La Krasnochok et les Trolls d'Islande, Sorcières) et travaille comme art thérapeute en clinique.
Valentine BELLONE / Comédienne
Valentine Bellone est formée auprès de Michel Caccia au conservatoire de Savigny-le-Temple (2003-2009) et intègre la classe de François Clavier au conservatoire du 13e arrondissement de Paris (2010-2014). En 2012, elle suit l'atelier de recherche sur le jeu, dirigé par Sharif Andoura au Théâtre National de la Colline. Jouant dans Les Forains de S.Wojtowicz, elle co-fonde la compagnie Des Gueules de Loup en 2014. Elle travaille également avec Juste Avant La Compagnie, sous la direction de Lisa Guez (Les Femmes de Barbe Bleue, écriture collective, Les Reines de N.Chaurette) et Baptiste Dezerces (Albertine Disparue, librement inspiré de M.Proust, Richard Ill), la compagnie AMAB sous la direction de Théophile Charenat (tournée Shakespeare en Bourgogne, Stabat Mater Furiosa de J-P.Siméon), la compagnie Les Vivants et les Morts sous la direction d'Arthur Guillot (Les Vivants et les morts d'A.Guillot) et le collectif PAAF sous la direction d'Elsa Muelas pour la création des Filles de Lilith - cabaret contemporain. Sa formation de musicienne pianiste et tubiste lui a également permis de créer le rôle de la Baronne de la Pompe dans Le Freaky Kabaret de V.Krasnochok.
Jordane SOUDRE / Comédienne
Après une formation au cours Florent, aux ateliers du Sudden et au conservatoire du 13ème arrondissement de Paris, Jordane Saudre obtient son Certificat d'Étude Théâtrale en 2014. Auparavant, elle travaille en tant que comédienne auprès de plusieurs metteurs en scène : Joseph Marana Andromaque de Racine dans le rôle d'Andromaque et Tartuffe de Molière dans le rôle d'Elvire (théâtre du Marais), François Clavier - Mordre l'horizon (MPAA St Germain), Beata Nilsky - La dispute de Marivaux dans le rôle d'Adine (théâtre de Neuilly). En tant qu'autrice, elle écrit sa première pièce Que fœtus, qu'elle interprète au Théâtre du Rond Point en 2012 dans le cadre de Conservatoire en Scène. Elle joue en mai 2015 Je vous souhaite d'être follement aimé du collectif 302, spectacle programmé au festival Mise en capsule du Ciné 13.
Nelly LATOUR / Comédienne
Après une période trouble mélangée d'hypokhâgne, de fac de Lettres et d'Erasmus, Nelly Latour décide de faire du théâtre sa vie pour ne pas être frustrée de ne pas avoir essayé. En parallèle d'un master en Lettres, Arts et Pensée Contemporaine, elle intègre le conservatoire du 13ème arrondissement à Paris dans la classe de François Clavier. Puis, en 2013, l'Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS) à Bruxelles en section mise en scène. Elle assiste Coline Struyf sur le spectacle de sortie de l'école, Lulu(s) d'après Wedekind, puis plus tard sur Ce qui arrive, prochain spectacle de Mariedl. Pour son travail de fin d'études à l'INSAS, elle met en scène R.A.S.H. autour du roman d'Elfriede Jelinek, Les Exclus. Elle joue aussi dans le spectacle de sortie autour des Sorcières de Salem d'Arthur Miller, sous la direction de Stéphane Olivier, membre de Transquinquennal. La même année, elle effectue un stage au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine où elle rejoint l'équipe de Laurence Cordier pour Le Quat'sous.
Anne KNOSP / Comédienne
Anne Knosp intègre en 2008 un cursus universitaire en Etudes Théâtrales à l'Université Michel de Montaigne de Bordeaux puis elle effectue sa troisième année à la Theater Faculty of the Academy of Performing Arts de Prague. A son retour, elle intègre le conservatoire du 13e arrondissement de Paris sous la direction de François Clavier et obtient son Certificat d'Etudes Théâtrales en 2014. En parallèle, elle suit les cours de l'Atelier Professionnel de Cyrille Josselin. A sa sortie du conservatoire, elle met en scène et interprète avec la collaboration de Sarah Dulaurier le spectacle Louise, elle est folle de Leslie Kaplan. Elle joue et co-met en scène également Mamma, sono tano felice avec Raphaël Bocobza. Elle jouera ensuite le rôle de Titania dans le semi opéra The Fairy Queen d'Henri Purcell mis en scène par Hélène Koroglu au Zénith de Pau. On la retrouve au côté de Lisa Guez pour Les Reines de Normand Chaurette où elle interprète le rôle d'Anne Warwick. En 2017, elle joue à Istanbul avec la DK Compagny une création collective autour de l'œuvre de Pyrame et Thisbé. Puis, de nouveau sous la direction de Lisa Guez, elle joue dans la création collective Les Femmes de Barbe Bleue . En 2018, elle travaille un seul en scène sous la direction de Thomas Kergot, Préparez votre temps, pour vous j'ai tout le mien, avant de retrouver Raphaël Bocobza pour une reprise de Mamma, sono tanto felice.
Ninon PEREZ / Comédienne (dans le rôle de Nelly ou Valentine)
Sortie de l'INSAS {Institut Supérieur des Arts de la Scène à Bruxelles) en 2017, Ninon Perez rejoint rapidement la compagnie belge Galafronie avec qui elle joue Echapperons-nous ? qui tournera en Europe pendant quatre ans. Lors d'une première semaine d'atelier autobiographique, elle rencontre Kurt Pothen, directeur artistique de l'Agora theater.
Elle crée et joue alors au sein de la compagnie germanophone Hannah Arendt auf der Bühne (Ania Michaëlis), ainsi que Die drei Leben der Antigone, Telemachos et Jetzland, avec le metteur en scène Felix Ensselin. Elle continue en parallèle ses projets sur Bruxelles, notamment avec la dernière performance Fa/se Start d'Ingrid von Wantoch Rekowski (pour le festival XS du Théâtre National de Bruxelles et le Frindge, Édimbourg). Elle rejoint par la suite l'équipe de compagnie 1331 pour la mise en scène de Lisa Guez, "les femmes de barbe bleue".
Mathilde PANIS / Comédienne (dans le rôle de Valentine)
Mathilde Panis a été formée à l'ENSATT. Elle y travaille, entre autres, avec Alain Françon, Anne-Laure Liégeois, Daniel Larrieu, Armand Gatti, Philippe Delaigue, Christian Schiaretti, Guillaume Lévêque, ou encore Marie-Christine Orry.
À sa sortie d'école, elle est engagée par Pascale Daniel-Lacombe pour la création de #JAHM et la reprise d' À la renverse. Leur collaboration se poursuit avec deux autres spectacles : DODO et Comme un vent de noces. En parallèle, elle joue au TNP de Villeurbanne dans Ombres de Clara Simpson et travaille sur différentes créations de Lisa Guez, Maryse Estier, ou encore Philippe Delaigue.
Dès 2021, lorsque Pascale Daniel-Lacombe est nommée à la direction du CDN Le Méta (Poitiers), elle devient l'une des « Artistes du vivier » associé au CDN. Elle participe aussi à plusieurs lectures publiques, enregistre régulièrement des fictions pour France Culture ou France Inter. Elle tourne au cinéma sous la direction d'Eugène Green, Frédéric Fonteyne, Safy Nebbou, Gabrielle Stemmer ou encore Steve Achiepo. En 2019, elle fait partie de la promotion d'Emergence-Cinéma. En 2020, elle reçoit le Prix d'interprétation du Festival de Trouville pour le film Haut les pulls, de Steve Achiepo.
COMPAGNIE 13/31
La compagnie 13/31 voit le jour en 2021, avec l'essor du spectacle Les Femmes de Barbe Bleue que j'ai mis en scène. Nous y embarquons à la recherche d'horizons imaginaires, d'espaces de questionnements dans les eaux troubles de notre époque.
13/31 comme un code secret, en l'honneur de mon grand-père, Jacob Guez né le 13 avril 1931 qui, quand j'étais petite, me racontait des histoires et jouait avec moi les scénarios que nous inventions ensemble. Il avait la part d'enfance qui décille tout comme boussole. Tout le monde l'appelait « bébé » - A 100 ans on ne savait pas trop s'il en avait 10, 20 ou 300...
Il était un enfant bagarreur et tempétueux et un grand-père lumineux et doux, amenant toujours les fous-rires dans les moments sombres, des éclats profonds de sagesse au cœur des fêtes. Je souhaite 13/31 à son image.
Lisa Guez
« Tout est dans les corps, tout est dans la langue, tout est dans les personnalités fortes des cinq actrices. Une chaise vide ou une partenaire tient le rôle de Barbe bleue qui n'a pas besoin d'être là puisque c'est le regard qu'elles portent sur lui et ce qu'il en résulte qui compte et qu'elles nous content. [ ... ] Les Femmes de Barbe bleue constitue une opportune ode à la complexité des désirs.» Médiapart - Jean-Pierre Thibaudat
« Les cinq comédiennes, chacune à leur façon, construisent un personnage aux mille facettes, modelé par toute la profondeur du psychisme féminin. Le monstre est tantôt mou, tantôt violent. Parfois autiste, manipulateur, ou passif devant tant de passion. Plus que de suivre la mouvance #MeToo, il y a la volonté d'explorer le désir ambigu, contradictoire et complexe des femmes, selon la metteur en scène Lisa Guez, qui considère le phénomène de société comme bien plus manichéen que le conte de Charles Perrault. Il y a bien une sororité, puisque les femmes s'entraident et imaginent des scénarios de secours, mais pas de dénonciations.Lisa Guez a eu la bonne idée de faire coécrire à ses comédiennes leur propre rôle, en leur demandant d'imaginer ce qui pourrait les attirer et les révulser chez Barbe Bleue. Les comédiennes jouent donc leurs propres pulsions, et sont excellentes. » Le Figaro - Jean Talabot
« À l'heure où l'on s'interroge tant sur les violences faites aux femmes, elle (Lisa Guez) reprend le conte de Perrault pour y explorer, via les fantômes de victimes revenues en scène, la manière dont les interdits et la toute-puissance de l'irrésistible mari Barbe-Bleue ont forgé l'imaginaire féminin. À partir des improvisations des actrices - toutes d'une sensualité, d'une gravité et d'une drôlerie poignantes -, Lisa Guez interroge le désir des femmes et ces mélanges de terreur et de jouissance hérités d'archaïques et patriarcaux asservissements. À moins que le désir soit aussi cette force obscure, poussant chacun, chacune à l'indicible ... L'artiste s'interdit le manichéisme, le prêt à penser sur son plateau crépusculaire où ne rayonne que le corps des actrices. La pauvreté apparente de la scénographie renforce encore le jeu de leurs regards; et la complicité, la solidarité muette de ces femmes qui entre désir de mort et de vie auront chahuté le public au plus profond. » Télérama - Fabienne Pascaud
« Sans être une pièce-tract, Les Femmes de Barbe Bleue aborde avec intelligence et poésie la question des féminicides et des violences conjugales. Si dans le conte original, on ne nous raconte jamais le destin des autres femmes assassinées, Jordan, Nelly, Valentine et Anne, assises sur leur chaise façon alcooliques anonymes, vont l'incarner. Alternant scènes drôles de drague en franglais avec des passages violents, ( ... ), chacune rejoue, aiguillée par les conseils des autres, le moment fatal. ( ... ) De corps sans vie, elles deviennent femmes sauvages, Bacchantes, s'amusant à jouer aux monstres. Plus qu'une pièce sur l'émancipation, on assiste à une célébration du désir féminin. ( ... ) Lisa Guez ne réduit pas ces rt 1 mes au seul statut de victimes. Elle explore la complexité des pulsions, interroge les zones d'ombre ue leurs désirs, se demandant même ce qui a bien pu les pousser dans les bras d'un homme si inquiétant.Lumineuses et espiègles, les actrices donnent chair à cette parole puissante ( ... ), capables d'agiter des paysages surréalistes et sensoriels ( ... ). Si cette langue frappe l'esprit, elle crée également un espace de recueillement, où chacune des comédiennes écoute avec concentration et bienveillance l'autre qui se confie. » Les Inrockuptibles - Annabelle Martella
« Les Femmes de Barbe Bleue nous propose une réflexion sur l'emprise assumant avec audace contradictions et zones d'incertitude. Elle prend ainsi à revers l'obsession contemporaine du cadre et de l'étiquette qui impose trop souvent une vision binaire des situations. Tout semble se jouer dans cette ambiguïté entre fascination et répulsion ( ... ) À l'orée d'une lutte entre hommes et femmes sans merci Les Femmes de Barbe Bleue s'inscrit dans un théâtre de réflexion qui puise sa force dans la démantèlement des codes sociétaux. » Transfuge - Pauline Gabinari
« Pour aborder le conte, Lisa Guez et ses acolytes ne choisissent pas la facilité : loin d'une réécriture féministe binaire, les artistes creusent les ambiguïtés à l'œuvre dans le conte de Perrault et dans toutes les légendes qui l'ont inspiré. Très différentes les unes des autres, aussi bien en matière d'écriture que de fond, leurs quatre fictions interrogent la part de désir qui cohabite avec la peur, parfois le dégoût. En plus de la trame Barbe Bleue, autodérision et humour noir permettent aux artistes de se créer un riche terrain commun. Un lieu où les récits se croisent, se rencontrent. Où ensemble, humblement mais avec toute l'énergie de belles comédiennes, ils tentent d'éclairer un petit morceau du monde. » Sceneweb - Anaïs Heluin