2 > 27 FÉVRIER

La Zone d'intérêt

THE ZONE OF INTEREST
FILM BRITANNIQUE DE JONATHAN GLAZER | 2023 | 1H46
AVEC SANDRA HÜLLER, CHRISTIAN FRIEDEL
D'APRÈS UN ROMAN DE MARTIN AMIS
GRAND PRIX, CANNES 2023

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin et piscine, juste à côté du camp. De l’autre côté du mur, l’effroyable machine d’extermination tourne à plein régime…

HORAIRES

vendredi 18:30 | 20:45
samedi 14:30 | 16:30 | 18:30 | 20:45
dimanche 14:30 | 16:30
mardi 18:30 | 20:45

vendredi 14:30 | 18:30
samedi 16:00 | 20:45
dimanche 14:30 | 18:30
mardi 16:00 | 20:45

vendredi 16:30 | 20:45
samedi 16:30
dimanche 16:00
mardi 20:45

mercredi 18:30
vendredi 17:30
dimanche 18:30
mardi 17:00 | 20:45 D

Dossier de presse

« L’idée était d’observer des gens dans leur vie quotidienne. Je voulais capturer le contraste entre quelqu’un qui se fait un café dans sa cuisine et quelqu’un en train d’être assassiné de l’autre côté du mur, la coexistence de ces deux extrêmes. »

Jonathan Glazer

Moins tristement célèbre que « la solution finale », l’expression effroyable « zone d’intérêt » - interessengebiet en allemand – utilisée par les SS nazis pour décrire le périmètre de 40 kilomètres carrés entourant le camp de concentration d’Auschwitz – témoigne du même sentiment d’obscurcissement résolument précis et inquiétant. C’est un euphémisme utilisé avec une intention létale. En 2014, le regretté Martin Amis avait utilisé ces mots pour le titre de son roman sombrement picaresque dont l’action se déroule à l’intérieur et autour du camp. Dans son adaptation cinématographique longuement mûrie, le réalisateur-scénariste Jonathan Glazer cartographie le terrain géographique et psychique de la zone et de ses habitants avec une précision glaçante.

« Il s’agissait de créer une arène », dit Glazer, dont le processus de production rigoureux et intense a impliqué des travaux de construction et un tournage sur place en Pologne, ainsi que l’utilisation d’un réseau de caméras de surveillance pour capturer de multiples séquences mises en scène simultanément dans le même bâtiment. « J’ai régulièrement utilisé l’expression ‘Big Brother chez les nazis’ », s’amuse le réalisateur de 58 ans, lauréat du Grand Prix du Festival de Cannes de cette année pour son quatrième film. « Nous ne pouvions bien sûr pas le faire, mais l’idée était d’observer des gens dans leur vie quotidienne. Je voulais capturer le contraste entre quelqu’un qui se fait un café dans sa cuisine et quelqu’un en train d’être assassiné de l’autre côté du mur, la coexistence de ces deux extrêmes. »

La façon très particulière dont La Zone d’intérêt a été réalisée découle de l’anxiété du réalisateur face au fait de travailler avec un sujet aussi chargé. « Je ne voulais pas avoir l’impression de faire un film sur cette période [de l’Histoire] pour le mettre dans un musée », témoigne Glazer. « Nous parlons ici de l’une des pires périodes de l’histoire de l’humanité, mais nous ne pouvons pas dire ‘mettons-la au placard’ ou ‘il ne s’agit pas de nous, nous sommes à l’abri de tout ça, c’était il y a 80 ans’. Nous ne pouvons pas nous dire que cela ne nous concerne plus. Clairement, cela nous concerne, et c’est troublant de le constater, mais cela sera peut-être toujours le cas. Donc je voulais porter un regard moderne sur le sujet. »

Ce regard - statique, implacable, impassible - est le résultat de presque dix ans de réflexion de la part de Glazer et de son producteur James Wilson, qui avait travaillé auparavant sur Under The Skin. « Je ne réalise pas énormément de films », dit Glazer. « Quand j’en fais un, j’ai tendance à m’y consacrer entièrement jusqu’à ce qu’il soit terminé. Je n’ai jamais deux projets en cours. En terminant mon dernier film, ce sujet s’est présenté. Je crois que j’ai toujours su que j’allais travailler sur cette période de l‘Histoire à un moment dans ma vie. Mais je n’avais pas réfléchi comment, jusqu’à ce que je lise le livre. En fait, ça m’est venu en lisant une critique. La description des points de vue m’a parlé, alors, j’ai appelé Jim [Wilson] pour l’encourager à lire le roman aussi. »

« Le travail d’adaptation a été un long cheminement », raconte Wilson. « Il a été similaire à celui pour Under The Skin, dans le sens où il se focalisait là aussi sur un point de vue. » Le défi a été de trouver un moyen de démonter la narration complexe d’Amis, qui tourne autour d’un trio de protagonistes, et de construire un langage cinématographique approprié à ces thématiques dérangeantes : spécifiquement le mélange indigeste de la culpabilité, de la complicité et du déni, ressentis par des bourreaux militaires et civils postés du côté allemand, derrière les palissades austères d’Auschwitz. « Le livre a été très inspirant au niveau de l’accent mis sur les bourreaux et leurs points de vue », dit Wilson. « Il paraissait important que le film porte sur l’identification, plutôt que sur la mystification et la diabolisation. Ça ouvre des portes sur des questions inconfortables, mais intéressantes. »

Extrait du dossier de presse

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Qu’il est difficile de décrire l’indicible. Si j’aimerais détailler la stupéfaction et le saisissement ressentis devant un tel film, je crains aussi que cela ne nuise à l’expérience des spectateurs. Je serai donc brève : il vous faut voir et il vous faut montrer ce chef d'œuvre. La Zone d’intérêt du réalisateur britannique Jonathan Glazer, après les fascinants Sexy Beast (2000) et Under the skin (2014), a déjà grandement ébranlé ses premiers spectateurs au Festival de Cannes 2023, dont il repart avec trois prix en Compétition officielle, le Grand Prix et le Prix CST de l’artiste-technicien et le Prix de la critique internationale FIPRESCI. Librement adapté du livre éponyme de Martin Amis, cette œuvre nous amène au bas des murs du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, au moment de l’application de la Solution finale, dans l'idyllique quotidien du commandant Rudolf Höess et de sa famille. Nous sommes d’accord, la justesse dans la reconstitution, le film fut tourné à Auschwitz, fait de cette œuvre un support fécond pour étudier l’Histoire et le devoir de mémoire auprès des lycéen·nes et étudiant·es. En revanche, sa projection auprès du public 15-25 ans ne doit pas se limiter au cadre scolaire. Plus qu’un film historique, c’est une expérience de cinéma hors-norme qui doit se vivre en salle pour en saisir la puissance et la richesse. À partir de l’un des plus grands crimes de l’humanité, Jonathan Glazer et son équipe, avec un incroyable travail sur l’image et le son, explorent les frontières de l’humanité et du cinéma. Cachée par les murs, le déni et le hors-champ, l’horreur est perpétuellement présente dans sa version la plus cruelle. Ce drame glacial nous invite à redécouvrir les ingénieurs de l’horreur et à nous rappeler que, eux aussi, ils étaient humains.

Ylang Roy, Le Méliès de Port-de-Bouc
Membre du Comité 15-25 de l'AFCAE

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Grand Prix du Jury à Cannes cette année, Jonathan Glazer nous revient avec un film extrêmement ambitieux, aussi périlleux que virtuose. Usant d'une précision d'horloger, il ourdit un espace cinématographique fascinant : hors-champs sonores terrifiants, lumières et contrastes révélateurs, profondeurs de champ renversantes. Avec un calme glacé, une forme de stase souveraine et méticuleuse, il distille l’ignominie et virusse chaque pore de l'image, chaque geste, chaque mot jusqu'à ce que tout se mette à dissoner, jusqu'à ce que cette quête forcenée d'une vie ordinaire, paisible et bucolique traduise magistralement un absolu enfer, qui, l'inhumain faisant désespérément partie de l'humain, nous reste effroyablement commun à toutes et tous. Film impeccable et magistral porté par une Sandra Hüller fascinante de candeur et de perversité brutes.

Théodora Olivi - Cinéma Eldorado, Dijon
Membre du groupe Actions Promotion de l'AFCAE

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Après avoir obtenu sa licence de mise en scène et création de décors de théâtre, Jonathan Glazer fait ses débuts comme metteur en scène de théâtre, monteur de bandes-annonces et réalisateur de clips vidéo pour la BBC.

En 1993, il commence à travailler avec le producteur Nick Morris chez Academy Commercials, où il écrit et réalise trois courts métrages, Mad, Pool et Commission, avant de passer à la réalisation de vidéoclips et de films publicitaires. Il signe différents clips pour Massive Attack, Nick Cave, Blur, Radiohead ou encore Jamiroquai. En 1997, Jonathan Glazer est élu Réalisateur de l'année lors des Music Video Awards, et son clip Virtual Insanity pour Jamiroquai est nommé à dix MTV Awards.

Il signe la réalisation de certains des films publicitaires les plus novateurs et les plus remarqués des années 1990, qui remportent de très nombreux prix. Dans le cadre de Channel 4, The 100 greatest TV Ads, sponsorisé par le Sunday Time, Surfer, est élue meilleure publicité de tous les temps par le public.

Sexy Beast est le premier long métrage que réalise Jonathan Glazer en 2000. Lauréat de nombreux prix internationaux pour son travail dans la publicité et le clip, il choisit de se centrer sur le monde des gangsters britanniques - un univers qui le fascine. Il poursuit dans la réalisation cinématographique en 2004 avec Birth où Nicole Kidman tient le premier rôle, et où un petit garçon tente de la convaincre qu'il est la réincarnation de son mari décédé. Et après une longue absence, il revient au grand écran en 2014 avec Under The Skin, un film mettant en scène une extra-terrestre incarnée par Scarlett Johansson. Il revient en 2024 avec La Zone d'intérêt, Grand Prix du dernier Festival de Cannes.

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L'IMMANQUABLE
Jonathan Glazer

Au début des années 40, Rudolf Höss, sa femme Hedwig et leurs cinq enfants vivent en Pologne, dans une jolie maison. Il s’agit en fait d’un logement de fonction car Monsieur occupe un poste à responsabilité et il doit nécessairement habiter prés de son lieu de travail. Madame gère le quotidien, entretient le jardin, surveille les domestiques... Le couple reçoit beaucoup. Hedwig est très fière de faire visiter son domaine, elle aime rappeler à ses invités que cet adorable cadre de vie « n’était qu’un champ il y a trois ans ». Quand le temps le permet, ils vont se baigner à la rivière qui coule paisiblement derrière le jardin. Une certaine idée du bonheur. Mais, pour le récompenser de ses bons et loyaux services, les supérieurs de Rudolf projettent de le faire grimper dans la hiérarchie, une promotion difficile à refuser qui est synonyme de déménagement. Hedwig rechigne à quitter ce nid d’amour si propice à l’épanouissement des enfants. Ce serait donc une histoire de couple assez banal si Rudolf n’était pas le commandant du camp d’Auschwitz. De l’autre côté du mur qui borne leur petit paradis, plus d’un million d’hommes, femmes et enfants seront exterminés. La « zone d’intérêt » est un terme utilisé par les SS pour décrire le périmètre de quarante kilomètres carrés autour du camp. Il témoigne de la même logique effroyablement administrative que l’expression « solution finale ». Le Britannique Jonathan Glazer a choisi de reconstruire la propriété des Höss sur les lieux mêmes, à quelques centaines de mètres du sinistre camp devenu musée mémorial. Il a ensuite truffé le décor de caméras pour filmer les comédiens un peu à la façon d’une émission de téléréalité. « J’ai régulièrement utilisé l’expression ‘Big Brother chez les nazis’ » assume le réalisateur de 58 ans, lauréat du Grand prix du Festival de Cannes. « L’idée était d’observer des gens dans leur vie quotidienne. Je voulais capturer le contraste entre quelqu’un qui se verse une tasse de café dans sa cuisine et quelqu’un en train d’être assassiné de l’autre côté du mur (…) La chose qui nous effraie le plus, je crois, est que ces gens pourraient être nous. C’étaient des êtres humains. »

EXTRAITS DE PRESSE
Chef-d’œuvre. Le Monde
Sidérant et dérangeant.
L'Humanité
Tout est banal, routinier, et d'autant plus effrayant. Le Point
Atroce, certes, éprouvant, sans aucun doute, exceptionnel et marquant, assurément… Un film immense. Le Parisien
On en sort terrassé par cette succession de séquences puissantes, dont quelques parenthèses d’un onirisme crépusculaire, qui disent la banalité du mal absolu et le choc d’un trauma encore enfoui. La Voix du Nord
Puissant, inconfortable, "La Zone d'intérêt" de Jonathan Glazer représente remarquablement la "banalité du mal", cet éternel et vertigineux miroir dérangeant de notre humanité. Transfuge
S’éloignant considérablement du roman de Martin Amis (qui ne nomme pas les bourreaux dans son livre), Glazer montre les vrais personnages, les vrais lieux (le film a été tourné sur le site même). Cinéaste des fractures de la réalité, il a mis neuf ans à filmer cette histoire, à laquelle il donne une incroyable densité. L'Obs
De cette inversion naît le plus grand tour de force formel et théorique du film : puisque l’idée de confiscation et d’effacement du réel est au cœur même du projet nazi, tout enregistement produit nécessairement une déréalisation des images. Déréaliser ce réel, c’est donc scruter au plus proche la nature de l’entreprise d’extermination. Les Inrockuptibles
Jamais la Shoah n'a été évoquée avec une telle ascèse : bouleversant. Franceinfo Culture
Comment résumer en une poignée de lignes un tel électrochoc, dont la densité ne cesse de s'affirmer à chaque visionnage ? Au-delà de l’intelligence de sa mise en scène, "La Zone d’intérêt" est un chef-d'œuvre de viscéralité, de ceux qui restent en vous longtemps après la séance. Un grand film sur l’indicible de la Shoah, et un grand film tout court. Ecran Large