À ne pas rater
Moment à passer ensemble au détriment du reste

THÉÂTRE | DÈS 12 ANS
Nicolas Heredia | La Vaste Entreprise

JEUDI 12 OCTOBRE
20h | Durée 1h15
Grande salle

Tarif A

La critique d’une course contre le temps… perdue d’avance.
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Pendant une heure vous allez être coincés ici pour assister à ce spectacle.
Et forcément, pendant que vous y assisterez, vous allez rater tout ce qui se passe ailleurs. Mais pendant que vous serez donc pleinement occupés à passer à côté d’un nombre incalculable de trucs, qu’allez-vous faire, vous, ici ? Accepter le vide ? Ou tenter de le remplir ?
Chaque heure que nous vivons est une heure qui ne reviendra pas. Prendrez-vous le risque de consacrer une heure entière à ce spectacle, uniquement parce qu’il est pourvu d’un titre diablement accrocheur ?

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« Puissant coup de cœur, À ne pas rater, propose une vertigineuse mise en abyme de nos névroses temporelles. (...) Un texte d’une grande subtilité, toujours léger mais également profondément philosophique. » Marianne

Écriture, scénographie et mise en scène Nicolas Heredia. Avec Nicolas Heredia, Sophie Lequenne. Manipulations Gaël Rigaud, Marie Robert. Collaboration artistique Marion Coutarel. Construction et régie générale Gaël Rigaud. Création lumière Marie Robert. Régie Mathieu Vinsson.

© Photo : Marie Clauzade

Production : La Vaste Entreprise. Coproductions : Le Parvis – Scène nationale Tarbes Pyrénées ; Théâtre des 13 vents – CDN Montpellier ; Théâtre Jean Vilar – Montpellier ; SNA – Scène nationale d’Albi. Soutiens : Théâtre d’O – Département de l’Hérault ; Hangar Théâtre – ENSAD Montpellier ; Musée du Louvre-Lens ; Culture Commune – scène nationale du Pas-de-Calais ; Théâtre de Nîmes – scène conventionnée ; Scènes Croisées de Lozère – scène conventionnée ; Résurgence – arts vivants en Lodévois & Larzac ; Le Sillon – scène conventionnée de Clermontl’Hérault ; Hérault Culture – Scène de Bayssan. Avec l’aide de la DRAC Occitanie, la Région Occitanie, Département de l’Hérault, la Ville de Montpellier.

Site de la compagnie

L’angoisse de passer à côté de quelque chose

Cette dernière décennie, face à une accélération du monde toujours croissante, deux syndromes anxieux ont été conceptualisés : le FoMO (Fear of Missing Out, ou la peur constante de manquer une information importante dont tout le monde serait déjà au courant sauf vous) et le FoBO (Fear of Better Options, ou le sentiment permanent d’être en train de rater quelque chose de potentiellement mieux). Des questions effectivement exacerbées par nos habitudes contemporaines, mais sans doute aussi, simplement, des angoisses existentielles constitutives de la condition humaine. Éminemment mélancoliques, et pourtant gorgées d’un potentiel comique infini.

Le flot ininterrompu des possibles

Chaque semaine, je lis les critiques des nouveaux films qui sortent en salle, que je n’aurai sans doute pas le temps d’aller voir. Je lis des critiques de livres que je n’aurai pas le temps de lire, et puis déjà la semaine suivante arrive, avec une nouvelle salve de films, de livres, de spectacles, et on me parle aussi de trois séries formidables dont j’ai déjà raté les quatre premières saisons, et une nouvelle semaine arrive – et ainsi de suite.
Je me dis que, quitte à ajouter encore un spectacle à ce flot de propositions, autant qu’il parle de ça.
Et tant qu’à faire, autant l’intituler À ne pas rater.

La thématique récurrente du temps

Dans mon travail, le temps est souvent la matière première de l’œuvre, l’argile de la sculpture. Pour À ne pas rater, je suis parti d’une approche à la fois intime et politique du temps : la logique capitaliste ayant fini par totalement contaminer notre rapport individuel au temps, chacun tente donc plus ou moins consciemment de « rentabiliser » sa journée, « d’optimiser » ses vacances – et plus largement, de « maximiser » le temps qui lui est donné avant de mourir.
Ne passer à côté de rien, cocher toutes les cases : c’est une course absurde évidemment, une bataille perdue d’avance, et je trouve à la fois terrible et infiniment touchant notre façon d’essayer tout de même vaillamment d’écoper l’océan !
Cela rejoint évidemment ce que disait déjà Pascal sur le divertissement : nous agiter sans cesse nous empêche de penser à la mort. C’est aussi pour cela que, dès le départ je voulais que le temps puisse s’incarner physiquement sur le plateau, avec cette sorte de sablier moderne qu’est la barre de progression. Et puis le spectacle est aussi inspiré par les Vanités, ces peintures du XVIIème siècle qui disent la finitude de toute chose et la vacuité de la condition humaine en juxtaposant les éléments de la fête, des plaisirs fugaces, et ceux du temps qui passe...

Nicolas Heredia

« L'homme est un animal surmené. »

Emil Cioran, Cahiers 1957-1972

Auteur, metteur en scène, scènographe et comédien, Nicolas Heredia développe depuis 2007 le projet de La Vaste Entreprise, où se rejoignent son travail théâtral et sa pratique des arts visuels.

Dans ce cadre, il conçoit et interprète en 2009 l’installation théâtrale La Mastication des morts (oratorio-solo) d’après Patrick Kermann, puis en 2011 L’Augmentation (épopée immobile) d'après Georges Perec.
Dès 2013, l’écriture prend une place plus importante : il crée Faux-plafond (ciel variable), avec six acteurs de La Bulle bleue, compagnie professionnelle d’acteurs en situation de handicap mental ou psychique.
En 2014 il écrit et met en scène N’attrape pas froid (ma grand-mère), à partir de messages de répondeur sauvegardés, d’images filmées, de textes. La Vaste Entreprise publie à cette occasion un livre qui prolonge le spectacle (images et textes).
En 2016, il écrit et crée pour l’espace public et les centres d’art Visite de Groupe, une visite qui se propose de visiter le groupe de visiteurs qui la constitue, “performance audioguidée pour une voix de synthèse et un groupe d'individus” (Pronomade(s), Derrière le hublot, CNAREP Citron Jaune, Culture Commune – scène nationale, Carré d’Art – Nîmes, La Panacée – Montpellier, Scènes croisées de Lozère, Scène nationale d’Albi, Scène nationale de Narbonne, Louvre-Lens...).
En 2018, il écrit et interprète L’Origine du monde (46x55), performance théâtrale prenant pour point de départ une copie de la toile de Courbet achetée dans une brocante (Carré d’Art – Nîmes,Musée Fabre Montpellier, La Manufacture – Avignon, NEST CDN Thionville, Scène nationale d’Albi, MAMC+ Saint-Etienne, Théâtre du Beauvaisis, Le Volcan – SN du Havre...)
En 2019, il crée Légendes, installation pour l’espace public en 350 micro-romans déployés dans tous les interstices de la ville, ouvrant de vastes pistes de réflexion sur la place des habitants dans l’oeuvre, et les dimensions relationnelles de l’écriture (Résurgence – Lodève, Pronomade(s) – CNAREP Haute-Garonne, ARTO – Ramonville, Scènes croisées – scène conventionnée de Lozère, Festival Chahuts – Bordeaux, L’Atelline – Montpellier...)
En 2021, il crée À ne pas rater un “spectacle qui se propose de prendre la mesure de tout ce que vous ratez pendant que vous assistez à ce spectacle” (Scène nationale d’Albi, Scène nationale de Tarbes, Théâtre des 13 Vents – CDN Montpellier, Théâtre Jean Vilar Montpellier, Louvre-Lens, Scène nationale Culture Commune, Le Cratère – scène nationale d’Alès...)
En 2022, il crée L’Instant T. performance plastique et chorégraphique pour l’espace public (L’Atelline, MAIF Social Club Paris, L’Usine – CNAREP Toulouse métropole, Le Parvis – scène nationale de Tarbes...).

Il signe aussi plusieurs écritures plurielles (textes, photographies, vidéos) à partir d’immersions, notamment avec le Parc naturel régional de la Narbonnaise, dans le cadre des Archives du sensible, éditées dans la collection Paysage en chantier.

Son écriture étant généralement indissociable des autres éléments scéniques, la publication nécessite d’interroger les formats d’édition : La Vaste Entreprise mène ce travail en éditant régulièrement des objets graphiques singuliers.
Il collabore aussi régulièrement avec d’autres artistes : avec Marion Coutarel sur la plupart de leurs projets respectifs, et dernièrement sur Strip, avec Julie Benegmos (Scène nationale de Sète, Supernova Toulouse, WET° – CDN de Tours, Printemps des Comédiens, Festival Paris L’Été...) ; dans le champ du cirque contemporain, avec Lonely Circus, il est metteur en scène du spectacle Fall Fell Fallen en 2012 (Printemps des Comédiens, Scène nationale de Sète, Scène nationale de Quimper, tournées en Angleterre, Croatie, Australie...), puis co-auteur et metteur en scène de L’Enquête en 2020 (Scène nationale de Perpignan, Scène nationale de Sète, La Route du Sirque - Nexon, Festival Spring, Le Prato - Lille...) ; avec la musicienne et performeuse Maguelone Vidal sur la création de Qui m’appelle ? (2023, Scène nationale de Perpignan, Maison de la Culture d’Amiens, Maison de la musique de Nanterre...).

Il intervient également régulièrement en écoles supérieures d’art et/ou d’art dramatique, autour des liens entre spectacle vivant et arts visuels (école d’art de Chalon-sur-Saône, ENSAD Montpellier, MO.CO. ESBA Montpellier...)

Avec La Vaste Entreprise, il est artiste associé au Parvis - Scène nationale Tarbes-Pyrénées (2021-2024).

« L’air de ne pas y toucher, Nicolas Heredia et Sophie Lequenne nous proposent une réflexion subtile et hilarante sur notre état de perpétuelle frustration marchandisée.» Le Canard Enchaîné, Jean-Luc Porquet

« La Vaste Entreprise parvient avec presque rien à ce qu’un spectacle advienne. (...) À ne pas rater – qui ne se raconte pas – n’est pas uniquement une expérience méta sur la représentation. Ça tient sur un fil et on se fait funambule.» Libération – Anne Diatkine

« C’est intelligent, c’est subtil, c’est léger... et c’est grave, aussi. » Rfi – Pascal Paradou

« Nicolas Heredia transforme l’espace scénique en une sorte d’ouvroir de performance potentielle. Avec son habituelle et élégante créativité (...), il lance en vrac des interrogations ontologiques sur notre rapport au temps. » I/O Gazette, Mathias Daval

« S’il y a bien un spectacle à ne pas rater c’est justement le spectacle À ne pas rater. Une réflexion philosophique remplie d’humour. » Toute La Culture – Lucine Bastard-Rosset