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saison 2022/2023

THÉÂTRE | DÈS 15 ANS

Incandescences

Mise en scène Ahmed Madani
Madani Compagnie

Mardi 4 octobre
20h | Durée 1h45

Grande Salle
Tarif A

« La jeunesse est devenue un nouveau continent et le théâtre n’a plus aucun objectif s’il ne parvient pas à la pénétrer et à l’explorer. » Edward Bond
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Neuf jeunes femmes et jeunes hommes, enfants des quartiers populaires issus de la diversité, font entendre la voix d’une centaine de jeunes qui ont ouvert leur coeur à Ahmed Madani. Ensemble, poussés par un vent de liberté et d’espérance, ils portent sur scène des récits de vies ordinaires au caractère extraordinaire trop souvent passés sous silence. Ils n’ont pas froid aux yeux, s’emparent du plateau pour dire ce qui les unit, les sépare, les fragilise, leur donne la force de se tenir debout et d’avancer. Ils s’adressent à nous avec éloquence, fierté, élégance et nous invitent à découvrir une forme de sociologie poétique où fiction et réalité s’entremêlent.

Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jean-Baptiste Saunier et Izabela Zak. Texte et mise en scène Ahmed Madani. Assistant à la mise en scène Issam Rachyq-Ahrad. Création vidéo Nicolas Clauss. Création sonore Christophe Séchet. Regard extérieur chorégraphique Salia Sanou. assisté de Jérôme Kaboré. Création lumière et régie générale Damien Klein. Costumes Pascale Barré et Ahmed Madani. Coach chant Dominique. Régie son Jérémy Gravier Magloire.

© Photo : Francois-Louis Athénas, Nicolas Clauss

Production : Madani Cie. Coprods : Le Grand T – Nantes, La MC93 – Bobigny, Fontenay-en-Scènes – Fontenay-sous-Bois, Le Théâtre Brétigny – SCIN arts et humanités – Résidence d’artistes, L’Atelier à Spectacle – SCINde l’Agglo du Pays de Dreux – Vernouillet, SN de l’Essonne – Agora- Desnos, La Maison de la Culture d’Amiens – Pôle européen de création et de production, La Comédie de Picardie, Le Vivat – SCIN Art et Création – Armentières, Théâtre Les Passerelles – Pontault-Combault, L’Azimut – Antony/ Châtenay-Malabry. Soutiens : MAC Créteil, Le Théâtre 71 – SN de Malakoff, Théâtre de Chelles, Théâtre de St-Quentin-en-Yvelines, Maison des Pratiques Artistiques Amateurs – Paris, Le Safran – SCIN – La Maison du Théâtre – Amiens, Théâtre de Poche – Bruxelles, Mairie de La Courneuve – Houdremont centre culturel. Le projet bénéficie du soutien de la Fondation SNCF, du Ministère de la Culture, de la Région Île-de-France, du Département du Val-de- Marne et du Département des Yvelines, et est réalisé avec la participation artistique du Jeune Théâtre National. Ahmed Madani est artiste associé au Théâtre Brétigny – SCIN arts et humanités, à L’Atelier à Spectacle – SCIN de l’Agglo du Pays de Dreux – Vernouillet et cie en résidence à Fontenay-en-Scène. Cie conventionnée par la Région Île-de-France, le Ministère de la Culture – DRAC Île-de-France et bénéficie du soutien du Département de l’Essonne

Site de la compagnie

« La jeunesse est devenue un nouveau continent et le théâtre n’a plus aucun
objectif humain s’il ne parvient pas à le pénétrer et à l’explorer. »

Edward Bond
Incandescent
Du latin incandescens, dérivé de incandesco « être chauffé, brûler », composé du préfixe in- « préfixe utilisé pour intensifier » et de candesco « devenir blanc » Si nous poursuivons notre réflexion sur la place de ces jeunes dans la société française en creusant des sujets tels que leurs rapports à l’éducation, à la formation, à l’insertion sociale et culturelle, au monde du travail, au sentiment d’appartenance à la nation, ce nouvel opus met plus particulièrement l’accent sur les mécanismes de transmission des représentations sociales liées aux rapports hommes/femmes.

Comment ces jeunes composent-ils avec leurs histoires et traditions familiales, leurs modèles parentaux, leurs appartenances religieuses, leur couleur de peau, leur culture, leur positionnement dans la fratrie, pour vivre leurs relations amoureuses ? Quels rapports entretiennent-ils avec leur corps et sa représentation, avec les notions de masculin et de féminin, dans un monde où les frontières de genres sont de plus en plus interrogées ?

Comment les notions de maternité, de paternité, de parentalité au sens large du terme, s’expriment-elles et se transmettent-elles dans leur quartier, dans leur famille dont certaines sont recomposées ? Cette recherche s’engage à partir de la matière humaine brute et vivace d’une jeunesse incandescente. Pour tenter de donner une réponse à ces questions, chacun des protagonistes apporte sa singularité, son interprétation, sa sensibilité, sa vibration spécifique, son corps, ses mouvements, le timbre de sa voix, sa langue maternelle, ses visions du monde, ses souvenirs marquants, son histoire de famille.

« Je prends deux morceaux de la réalité et je les frotte pour que le feu de la fiction en jaillisse. »

P. Roth
Écrire Incandescences, c’est prendre en considération la matière humaine dont sont pétris les protagonistes de cette aventure. Ainsi le premier pilier dramaturgique de l’écriture a été le travail de « collectage in situ », que certains pourraient qualifier d’ethnographique, que j’ai réalisé auprès des protagonistes au jour le jour, sur le plateau, lors d’entretiens, lors de séances d’exploration par le récit, l’écrit ou l’improvisation.

Chaque interprète, dès les stagesauditions, a adhéré à une méthode de travail fondée sur l’évocation de l’intime, du partage, dans une dialectique du don et contre-don, d’histoires, de récits de vie, de souvenirs récupérés auprès des générations aînées. Si tu m’offres une histoire, je t’en offre une autre en échange. C’est la troisième génération issue de l’immigration post coloniale : les interrogations de ces jeunes sur leur passé méritent d’être éclairées par leurs aînés.

Entre nous s’est instauré un échange de bons procédés : je les ai guidés vers eux-mêmes pour mieux trouver le chemin qui me mène à moi-même. Hormis quelques événements qui ont fortement marqué mon enfance et dont j’avais le désir de parler, j’ai souhaité surtout écrire à partir des réponses qu’ils ont apportées aux questions que je leur ai posées.

Ce collectage s’est établi au travers de longues discussions collectives ou individuelles, d’ateliers de chant, de danse, d’un travail de direction d’acteurs sur la présence, le mouvement, la voix, les regards, qui ont été dirigés par mes collaborateurs artistiques et moi-même afin de fournir la matière vive à l’écriture textuelle et scénique.
Concrètement, l’écriture n’a démarré réellement qu’au moment où la distribution s’est établie et au premier jour de répétition. J’ai attendu de mes premières rencontres avec l’équipe d’interprètes un rapport équivalent à celui du toréro face à son taureau. C’est dans l’arène que l’affaire se règle. Comme dans la corrida, la peur, l’affrontement, le geste stylistique de l’évitement ou de la confrontation, de la danse, les « olé » ont donné l’impulsion physique et matérielle à l’écriture.

Ainsi comme avec Illumination(s) puis F(l) ammes, je me suis engagé dans une écriture organique où s’entrelacent événements historiques, mémoire individuelle et collective, histoire familiale et histoire nationale, récits autobiographiques, fictions, scènes oniriques, récits mythologiques. J’ai jugé important que la langue ne soit pas relâchée, qu’elle soit au contraire soutenue, poétique, très écrite, mais qu’elle s’autorise la possibilité de transgression à cette règle. Je n’ai pas écarté non plus la possibilité que certaines répliques ou monologues soient rédigés phonétiquement dans les langues « maternelles ».

Ainsi, c’est avec de vrais experts de la jeunesse - les jeunes eux-mêmes, que j’ai voulu faire ce voyage au pays des zones sensibles. Mon postulat de départ est simple : dès l’instant où ce réel est posé sur le plateau avec un effet de distanciation, qu’il soit traité comme un documentaire ou passé au filtre de l’imaginaire, il devient forcément un acte symbolique. Il s’agit de tracer une ligne invisible entre le jeu et l’être, entre le passé et le présent, entre le rêve et la réalité pour créer un événement qui relève néanmoins plus de la performance que du spectacle théâtral conventionnel.

Ahmed Madani

Mon travail a pour principal sujet la figure humaine. Il prend pour terrain d’expérimentation l’image filmée et ses modes de déploiement non-linéaires, à travers différentes focales, du portrait rapproché au plan de foules. Ces modes d’exploration non linéaires de l’image s’appuient sur des écritures algorithmiques, où la vidéo devient un territoire en mouvement, sans début ni fin. La temporalité y est dilatée, l’image filmée s’éloigne de sa direction première pour s’aventurer vers d’autres possibles. Le terme de vidéographies aléatoires me semble le mieux correspondre au processus que j’ai mis en oeuvre.

Ces vidéographies de corps, visages ou groupe sont une tentative d’explorer les fils qui relient les individus. Il s’agit de filmer la surface, la secouer pour faire émerger des couches plus profondes, de rendre visible l’indicible en laissant une place au hasard dans l’exécution des images, de figer dans un mouvement perpétuel ce qui est fugace par nature pour mieux l’appréhender et s’en laisser pénétrer.

Avec Incandescences, j’ai souhaité poursuivre mes recherches vidéographiques en travaillant sur des formes davantage mises en scène (travail sur le cadre et la composition, le geste, le regard...) et construites avec les protagonistes. Il s’agit ainsi pour les interprètes d’être partie-prenante du processus de création dans des séances de travail où se sont suivis temps de réflexion et moments de pure recherche expérimentale.

Nicolas Clauss

MADANI COMPAGNIE

L’ambition de nos créations est de questionner l’histoire contemporaine dans ce qu’elle a de plus troublant et de plus palpitant en produisant un théâtre d’art poétique et populaire dont les pierres angulaires sont l’écriture et la matière humaine.

Les questions du social et du politique ont, depuis la fondation de la compagnie, fait l’objet d’une attention particulière ; elles restent un élément important de nos préoccupations. Les profondes mutations et transformations de la société française et les grandes problématiques qui dépassent cette réalité franco-française nous incitent à être attentifs aux bruissements du monde. L’écriture de pièces originales, l’adaptation d’oeuvres du répertoire, la production de documentaires, la recherche dans le cadre de laboratoires et de chantiers artistiques, les commandes à des auteurs vivants sont autant de pistes de travail pour faire émerger des écritures et les donner à entendre.

La transmission est un autre pilier de notre projet ; dans cette perspective, les travaux de médiation, de formation, de confrontation aux réalités d’un territoire, la création d’oeuvres à destination d’un public familial, la création de textes du répertoire classique ou moderne sont des réalisations qui matérialisent une forme de propédeutique pour l’initiation de tous ceux qui sont éloignés du théâtre.

Dans le but de rayonner, de faire tourner et de partager avec le plus large public nos créations, nous veillons à ce que nos actions soient prioritairement menées en complicité et en partenariat avec des théâtres amis. La matière humaine est au coeur de notre recherche. L’objectif ultime étant le sens des textes et, à travers lui, la compréhension du monde. C’est en cet endroit précis que nous entendons défendre un point de vue singulier sur une éthique de l’esthétique.

Quelle réussite ! Galvanisante, touchante, drôle, cette chronique sentimentale et intime, dont l’amour est le fil conducteur, met en scène neuf comédiens qui se confient et convoquent leurs souvenirs avec une énergie communicative. Ahmed Madani a le don pour récolter la parole de ces jeunes et la transformer en un récit universel passionnant et formidablement mis en scène. Le Monde - Sandrine Blanchard

Ces neuf trajectoires dessinent un portrait vif d’une jeunesse qu’on comprend mal parce qu’on connait mal. Drôle, percutant et touchant. Nécessaire. Le Parisien - Sylvain Merle

Les interprètes sont là pour parler d’eux, de l’amour, du premier baiser donné, de l’émoi qui a su faire battre leur coeur, de l’attente et des désillusions. Le théâtre est leur porte de sortie. Ils y pleurent, dansent, crient, rient, s’enlacent. Ils y sont, c’est évident, d’une folle et joyeuse liberté. Télérama - Joëlle Gayot

Ça veut dire quoi, aimer, quand on vit dans une cité où la loi de quartier domine ? où il faut se blinder ? où la femme n’est pas tout à fait l’égal de l’homme ? Comment concilier sexualité et religion ? Ce pourrait être douloureux. C’est l’inverse : lumineux et sensible, touchant, ponctué de danses et de chants. Le Canard Enchainé - Mathieu Perez

C’est souvent drôle, parfois amer et quelquefois tragique. Il y a, en fait, tout ce qu’un jeune compte de désirs et d’émois, de peurs et d’espoirs – autant d’incandescences dont le feu brûle parfois le spectateur jusqu’aux larmes. Marianne - Youness Bousenna

Les neuf comédiens habitent la scène avec une énergie sans pareille. Du talent à l’état brut, un régénérant vent de fraîcheur. La Croix - Marie-Valentine

Chaudon Une création brillante, généreuse et jubilatoire. [Les interprètes] se dévoilent avec une simplicité, une spontanéité, une franchise admirables et touchantes. Et aussi, cerise sur le gâteau, avec une énergie, une joie de vivre et un humour réjouissants. Ce spectacle nous rapproche de notre jeunesse et nous aide à la comprendre. La Provence - Angèle Luccioni

Loin des idées toutes faites, ils offrent un moment d’humanité partagée qui s’ouvre au futur. Entre légèreté et gravité, leur formidable travail choral explore la relation au désir et à la vie conjugale. La Terrasse - Agnès Santi