EN FAMILLE | JEUNE PUBLIC

Cœur de sève

CONTE ACROBATIQUE & MUSICAL | DÈS 7 ANS
Delphine Berthod | Collectif L’Ouvre-Boîtes
Coproduction DSN

SAMEDI 13 JANVIER
11h | Durée 55 mn
Le Drakkar

Tarif C

Séances scolaires
Jeu. 11 & ven. 12 jan. 10h & 14h30

Il y a les liens à tisser, les liens à réparer et ceux qu’il nous faut couper.
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Fifille n’appartient à personne, pas même à sa mère. Elle est comme le poisson qui glisse des mains de celui qui veut l’attraper. Animale, instinctive, elle apprivoise les éléments qui l’entourent, tisse et détisse les liens, dans un mouvement permanent vers son indépendance.
Sa mère a tout d’une sorcière : potions, grigris, incantations. De la puissance de son récit, elle fait naître un monde d’images, de sons et de mouvements et trace des chemins que sa fille n’empruntera pas. Dans ce conte où la réalité et l’allégorie se confondent parfois, la mère accompagne sa fille vers la liberté et l’accomplissement de soi.

D’après Fille de Rahel Hutmacher (traduction Fernand Cambon, Éditions Corti 2010). Mise en scène, scénographie & adaptation Delphine Berthod. Regard complice Anna Briand. Conte Céline Sant. Danse aérienne Mathilde Clapeyron. Musique Mélanie Gerber. Ombre Delphine Berthod. Lumière Nicolas Helle. Construction Mathieu Lecoutey | Haubane.

© Photo : Agence culturelle - S. North

Production : Collectif L’Ouvre- Boîtes Coproductions et soutiens : DSN – Dieppe Scène Nationale ; Cité Musicale de Metz – EPCC Metz en Scènes ; La Machinerie 54 – Scène Conventionnée d’Intérêt National Art et Création ; Le CCOUAC – Ecurey Pôles d’avenir ; L’Octroi Nancy – tiers lieu créatif et citoyen ; Le Mémô – fabrique artistique ; DRAC Grand-Est ; Région Grand-Est ; Ville de Metz [émergence 2019- 2021]. Spectacle ayant bénéficié de l’aide de l’Agence Culturelle Grand Est au titre du dispositif « Résidence de coopération ».

Site de la compagnie

COEUR DE SÈVE s'ouvre sur un questionnement :
Est-ce que ma fille m'appartient ? Et la réponse est très claire : "Elle ne t'appartient pas. Elle ne t'a jamais appartenu."
Le ton étant donné, la suite est une déclaration de liberté.

Dans cet environnement sauvage et fantastique, nous suivons une mère et sa fille, depuis la naissance jusqu'à l'âge adulte. Fifille n'appartient à personne. Elle échappe aux autres, aux normes, à sa condition de femme. Elle est en mouvement constant, comme le poisson glisse entre les mains de qui veut l'attraper.

Et c'est ainsi qu'elle grandit, véritablement.

Nous suivons les chemins que la mère tente d'initier, d'interdire, d'accompagner ou d'ignorer. Et le chemin que la fille tracera elle-même.
Le rôle de l'adulte s'envisage alors comme accompagnement à la liberté et à l'accomplissement de soi plutôt qu'apprentissage d'une norme ou façonnement d'un être "adapté".

Deux entités animales se trouvent à la lisière. Émanations du récit, elles tirent les ficelles et donnent forme à l'histoire racontée par la mère. Elles créent les conditions de la rencontre avec le monde et accompagnent les deux femmes sur leur chemin. Elles permettent apparitions-disparitions, évocations, invocations, illustrations, allusions, et rendent tangible ce monde onirique.

La chouette-aux-grands-yeux tisse l'espace. Elle manipule la lumière - et son contrepoint l'ombre - grâce à différentes sources lumineuses, objets, supports de projections. Tantôt guide de la fille, tantôt éclaireuse de la mère, elle accompagne cette relation hors norme.

La renarde-aux-grandes-oreilles fait jaillir le son. Elle l'orchestre en interaction constante avec le texte entendu. On y trouve des bruits, des rythmes, des mélodies dans une composition faisant la part belle à la voix et à ses différents états.

COEUR DE SÈVE est un conte dans lequel la réalité, la métaphore, l'allégorie se croisent, s'entremêlent et se confondent parfois. On y retrouve l'ambivalence - nous pourrions aussi bien parler d'équilibre, en ce qu'il est constitué d'une somme de déséquilibres - de ce qui constitue la vie : il y a les liens à tisser, les liens à réparer. Et ceux qu'il nous faut couper.

Il y a le lien qui relie et celui qui asservit. Ça peut être le même.

La mère, narratrice de l'histoire, a tout d'une sorcière : potions, grigris, incantations. Par la puissance du récit, elle fait naître sous nos yeux un monde d'images, de sons, de mouvements. Un monde luxuriant, aux niveaux de lectures pluriels, où se superposent les matières; un monde aux émotions multiples et parfois contradictoires, en permanente adaptation.

L'enfant-fille, animale, instinctive, apprivoise les éléments qui l'entourent, et les quitte sans cesse. Au gré de ses métamorphoses, elle tisse ses liens et les romp dans un mouvement permanent vers son accomplissement.

Depuis ma première mise en scène en 1999, mon parcours de création creuse la figure de l'enfant, et de l'enfant-fille particulièrement - l'endroit d'où je parle.
Antigone, Bella, Anne, Lisabelle, ces personnages portés à la scène ont en commun la remise en question du monde des "grands", des adultes. De celles et ceux qui décident pour les autres. Du fonctionnement de ce monde, de ses conventions, de ses injonctions contradictoires, incohérentes, injustes. Absurdes. Des adultes coupables par soumission, omission, par confort, cupidité ou aveuglement. Par simplicité et par peur.

Ces filles - femmes en devenir - questionnent l'obligation d'obéissance, coûte que coûte, aux règles d'une société dans laquelle le sensible, l'énergie vitale, l'intelligence même sont méthodiquement avorté·e·s.
En commun aussi, le jeu ; cette utopie des possibles sans renoncement. Cette habitation du monde sans à-priori, avec une force et un appétit sauvages. Ces enfants sont par bien des endroits plus responsables, clairvoyants, et capables que les adultes. Parce que l'invention, l'imagination, le rêve ouvrent des infinis, là où les adultes ont perdu ces outils indispensables.

Delphine Berthod
Insatiable touche-à-tout et pérégrineuse accomplie, elle part d'un texte ou d'un thème contemporains qui l'interpelle. La sédimentation pour processus et le mot pour matière première, elle travaille à l'incarnation de son propos entre réel, imaginaire et symbolique. Elle digère le monde avec ses tripes pour créer des spectacles de théâtre très visuels et sonores, à la croisée des arts.
Formée d'abord à l'école de musique de Val de Reuil, puis au Théâtre du Saulcy, théâtre universitaire de Metz, Delphine a fondé en 1999 la compagnie étudiante Makeuwish au sein de laquelle elle a créé 3 spectacles : Antigone de J. Anouilh, Croisades de M. Azama, Soeurs secrètes de P. Sabre. Son approche de la mise en scène était déjà étroitement liée au travail dramaturgique, scénographique, musical, corporel, dans allers-retours permanents.
S'échappant des plateaux de théâtre, elle a exploré chant [classique, traditionnel, expérimental], danse contemporaine et techniques corporelles, performance, écriture, poésie sonore et visuelle, collage, création d'objets et installations...
En 2015, elle cc-fonde le collectif L'Ouvre-Boîtes et, en compagnie de Anna Briand, reprend le chemin de l'écriture pour le plateau avec la création de Lisa lira.

De nombreuses rencontres ont teinté son parcours, que ce soit lors de stages, work-shops, masterclass ou collaborations. Parmi les plus marquantes : Befïat Achiary, Nicolas Barraud, Olivier Benoit, Levent Beskardes, Gendos Chamzyryn, Hubert Colas - Diphtong Compagnie, Sophie Cournède, Jean Didion, Alexis Forestier - Les Endimanchés, Jean-Charles François, Sandrine Gironde - Cie L'Escalier, Aurore Gruel - Cie Ormone, Catherine Jauniaux, Arnaud Laumont, Phil Minton, Jean-Marc Montera - Cip-M, William Nurdin, Bénédicte Pavelak, Tania Pividori, Constantino Raimondi, Michel Raji, Emilie Salquèbre, Marc-Ange Sanz - L'Empreinte et cie,lshrann Silgidjian, Pascale Toniazzo - Cie Via Verde, Olivier Vallet - Les Rémouleurs, Martine Waniowski - Les Bestioles ...

Céline Sant
Formée aux Sciences du Langage, elle met d'abord son goût des mots au service de l'édition pour ensuite développer une écriture personnelle qui l'emmène vers le conte. Ses récits prennent vie au travers d'histoires mises en scène principalement pour le jeune public. Membre fondatrice du Collectif L'Ouvre-Boîtes et crieuse pour Les Haut-Parleuses, elle met l'oralité au cœur de sa création et récolte les histoires des un.e.s et des autres pour en faire sa matière artistique.

Mathilde Clapeyron
Acrobate aérienne et formatrice, elle s'est spécialisée dans le tissu aérien auprès de Diane Vaicle, Marie Seclet, Rémi Esterle, Renata Gilioli, Jérome Massias et Isabelle Ponsot. Elle s'est ensuite formée au trapèze volant auprès de Nicolas Eftimov, Jean­ François Marin, Chloé Vancompernelle, Stéphane Drouard. Elle enseigne les arts du cirque et les techniques aériennes en France, Allemagne et Belgique (Le Memô, Espace Catastrophe, EII Circo d'EII Fuego, Zirkus Dobbelino).

Mélanie Gerber
Diplômée de la faculté d'Arts Plastiques puis des Beaux-Arts de Metz, elle choisit d'orienter sa pratique artistique vers la recherche vocale. Autrice-compositrice­ interprète autodidacte, elle pratique toutes sortes d'instruments traditionnels qu'elle marie à d'autres sonorités électroniques plus contemporaines. Elle collabore notamment avec les cies Kalisto, L'Assolatelier, Les Heures Paniques et joue dans différentes formations dont Rocky Patel Sonic, SeLF, Oiapok.

Nicolas Helle
Formé à l'INA et au CFPTS, Nicolas Helle croise les techniques du cadrage et du montage vidéo avec l'art de la mise en lumière et de la prise de vue. Il évolue dans des univers métissant spectacle vivant, photographie et arts numériques. Ses créations se nourrissent de la maîtrise de l'image photographique et du vidéo mapping.

Mathieu Lecoutey
Le constructeur Mathieu Lecoutey articule son travail autour de son expérience d'artiste de cirque et son appétence pour les matériaux. Son parcours passe par l'école d'architecture et une pratique régulière de la sculpture. Ses compétences techniques et de calcul de résistance des matériaux lui permettent notamment de réaliser des éléments scénographiques de cirque.

Anna Briand
Comédienne depuis 1999, chargée de diffusion depuis 2005, chargée de production depuis 2017, musicienne depuis 2018, Anna Briand est une artiste à multiples facettes. Après ses études d' Arts du Spectacle et de Médiation Culturelle à Metz, elle se forme au Conservatoire et au cours de nombreux stages où elle travaille le clown (Pierre Marzin), le masque balinais (Guy Freix), la comedia dell'arte (Carlo Boso & Danuta Zarazik, Rafael Bianciotto & Ned Grujic)... Aujourd'hui, elle créée de nombreux« Contes Spectaculaires » pour enfants. Elle est par ailleurs assistante à la mise en scène ou accompagnatrice de projets au sein de différentes structures comme le Collectif L'Ouvre-Boîtes, Mme Oldies Cie, EquiNote, Zarganizokar ou l'SKBL-Cie Théâtrale.

Créé en 2015, le Collectif L'ouvre-Boîtes existe pour casser les codes.
« Casser les codes » c'est questionner le quotidien pour développer un esprit critique. C'est refuser les cases, celles qui nous préexistent comme celles que l'on peut se créer soi-même.

Le Collectif L'Ouvre-Boîtes est aujourd'hui co-dirigé par 4 artistes professionnelles : Delphine Berthod, Céline Sant, Estelle Brochard et Anna Briand.

L'Ouvre-Boîtes s'intéresse à la place de l'humain au sein d'une société normative qui façonne les êtres dès le plus jeune âge. Il porte notamment une attention particulière à celles et ceux qui ne se retrouvent pas dans les cases qui leur sont imposées.

ln-disciplinées ou multi-disciplinées, les artistes du collectif ont une démarche rebelle et foisonnante, ne se laissant pas enfermer dans un domaine et tissant des ponts et des passerelles à chaque création. Elles traversent le conte, la comédie, l'écriture, le clown, la voix et la musique, les arts plastiques. Elles s'entourent d'autres artistes et technicien·ne·s selon les besoins de chaque aventure.

À l'intérieur de ce projet artistique commun, quatre univers se déploient, quatre facettes, quatre échos. Résonnent quatre voix, singulières, en harmonie.