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saison 2022/2023

CROISEMENTS 2

THÉÂTRE & MUSIQUE | DÈS 13 ANS

REPTILE
Concert de mots sur le désordre amoureux

Mise en scène François Chaffin
Théâtre du Menteur

Samedi 1er avril
20h | Durée 1h05

Le Drakkar
Tarif A

Céline Liger et François Chaffin subliment le désordre amoureux !
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Dans les entrailles d’un studio d’enregistrement où se mélangent les voix du cinéma et des textes sauvages soulevés par les micros, REPTILE est un oratorio électrique offrant voix et mouvements à cette force primitive qui nous traverse le coeur et nous transporte au-delà de toute raison. C’est une invitation, celle du partage de mots le temps d’un spectacle, autour de cette alchimie que deux êtres peuvent vivre. Qu’il soit amical, passionnel ou bien véritable, l’amour fait battre les coeurs et il en est ainsi.
Dans cet oratorio, il est question de pulsations, de la couleur rouge qui nous emporte au pays de la passion et de voix qui disent les mots doux, violents et crus de cet état amoureux.

Textes et mise en scène François Chaffin. Avec Céline Liger, François Chaffin. Musiques Appat203 Nicolas Verger et Olivier Métayer, Benjamin Coursier, Frédéric Chopin. Esthétique sonore Denis Malard et François Chaffin. Lumière Manu Robert. Collaborations chant et mouvement Chantal Dayan et Alexandre Thery.

© Photo : MD

Production : Théâtre du Menteur. Coprods et diffusion : Amin Théâtre / le TAG. Autres partenaires de diffusion : Le Grand Parquet – Paris, Théâtre Dunois – Paris, DSN – Dieppe Scène Nationale, Espace Boris Vian – Les Ulis, Théâtre Victor Hugo – Bagneux, La Ferme de Bel Ebat – Guyancourt. Cie soutenue par la DRAC Île-de-France, le Conseil régional d’Îlede- France et le Département de l’Essonne. Le spectacle a reçu l’aide au projet de la DRAC Île-de-France, de la Région Île-de-France et de la SPEDIDAM.

Site de la compagnie

« Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés ! »

Les fleurs du mal, Charles Baudelaire

Du sujet
La source : l’univers serait né de la mise en mouvement des particules par une force nommée Eros. Gaïa et Ouranos, les Titans et les Dieux, puis les hommes, seraient la conséquence directe de ce mouvement originel… À la croisée du théâtre et du concert, Reptile est un spectacle qui donne voix et mouvements à nos pulsions amoureuses — nos pulsions de vie et de mort — et aux forces chaotiques qui nous traversent et nous transportent au-delà de nous mêmes et nous relient à l’origine du monde. À travers une série de textes poético-ordinaires (l’absence, la rencontre, la fusion, le quotidien, l’éclatement, le vide, le recommencement…) dont la dramaturgie semble former un cycle, les comédiens font écho aux concepts d’Éros (l’Amour sous toutes ses formes) et de Thanatos (la Mort obscure et variable), ainsi qu’à leur relation ambiguë qui hantent nos corps et nos esprits depuis la nuit des temps.

Pulsion (définition) : phénomène dynamique produit par une force impliquant une énergie. La pulsion se caractérise par une poussée, charge énergétique, qui prend sa source dans une excitation corporelle.

De la forme
Concert de mots et/ou oratorio électrique ?
Alliage de textes parlés ou cadencés par les pistes sonores, le spectacle est à la croisée des chemins entre le théâtre et le concert, empruntant au premier l’univers narratif de la mise en scène et les nuances de l’interprétation, et au second l’énergie organique et spontanée qui se dégage de la musique. En nous plongeant dans les entrailles d’un studio d’enregistrement, où se mélangent les voix du cinéma et des textes sauvages soulevés par les micros, Reptile est un oratorio électrique offrant voix et mouvements à cette force primitive qui nous traverse le coeur et nous transporte au-delà de toute raison. Le jeu échappe ainsi à la vérité naturaliste, pour aller respirer, à travers les matières sonores, l’harmonie et la rythmicité propres au chant, à la scansion, au choeur…

Quelques notes de plateau

À propos du cycle amoureux
Tout ce qui vient au monde est destiné à disparaître, à réapparaitre. Et l’amour, force première à qui la mythologie attribue le rôle de géniteur de l’existence, procède de cette forme cyclique que nous souhaitons imprimer à notre création, partant de sa naissance, passant par son ascension et son apogée, son déclin, sa disparition et sa renaissance.

À propos du concert de mots
Reptile alterne entre textes « scandés » au micro (dans une adresse directe au public) et des scènes jouées au plateau sous forme de dialogues dont la charge poétique et burlesque peut affleurer à tous moments. Alternant dialogues, monologues, et choralité, le récit déroule sa dramaturgie en faisant mélange de situations empruntées au quotidien avec des moments d’explosion sensible. Deux acteurs sur le plateau (dont les voix sont amplifiées — micros chant et HF), conjuguent les textes aux univers bruitistes et musicaux déployés par les machines-à-faire-du-son (sampler, magnéto à bande, radio…) déclenchées par les interprètes.

« Mon amour, j’ai battu deux milliards huit cent quarante neuf millions de fois dans ta poitrine alors tu me dois bien ça : une vie du diable, rien de beige, rien que du beau, du tenté par le beau ! »

« Le coeur ce n’est pas pour les chiens. Le coeur c’est le symbole. C’est le coeur qui a été choisi. Pas le poil ni l’intestin pas le gros orteil c’est le coeur qui fait l’amour. Le coeur. Homme ou femme le coeur. Pas le poumon. Pas l’hypophyse. Pas une vulgaire glande. Le coeeeeeur !… »

À propos des matières sonores

MULTI-DIFFUSION
Reptile est un spectacle qui place les voix des interprètes au coeur de multiples environnements sonores : musiques, extraits de films et de documentaires, ambiances bruitées… Du début à la fin de ce « concert de mots », les voix des interprètes se mélangent aux enregistrements diffusés sur les deux plans stéréo (face et lointain) et sur une enceinte de type « radio », offrant à l’auditoire tantôt une diffusion de type concert, tantôt une écoute plus théâtrale, plus naturaliste.

MUSIQUES
Il s’agit de compositions originales, travaillées en association avec les comédiens, afin de coller au plus près à la rythmicité et à la mélodicité des textes. Olivier Métayer et Nicolas Verger, du groupe électro-inventif Appat203, ont composé les morceaux aux tempos rapides, d’où se dégage une forme de transe implacable qui porte les voix au-delà de toute vérité psychologique, vers la scansion et la fusion rythmique. Benjamin Coursier, guitariste électrique intense (dobro, guitare hollow body), propose l’âpreté et la profondeur de ses compositions blues, suggérant l’organicité et l’intranquillité de l’amour par son travail mélodique et la saturation de ses sonorités. Il arrive que ces trois musiciens se retrouvent ensemble au sein d’un même morceau, conjuguant alors l’énergie de la musique électronique à celle du blues, formant un alliage singulier d’une puissance évocatrice propre à soulever les voix hors de tout naturalisme… Il y a aussi, çà et là dans Reptile, l’apparition d’un piano classique, surgissant des décombres laissés par la musique électrique ou les bruitages envahissants, comme une note claire et aérienne, une harmonie retrouvée au sein des amours chaotiques exprimés par les interprètes. Nous avons choisi Chopin, son prélude pour piano Opus 28 N°4 en mi mineur, véritable rampe de lancement pour l’expression de la mélancolie et de toute blessure du coeur…

À propos des ambiances sonores
Le spectacle est traversé de façon presque continue par des ambiances bruitistes, diffusées pour former des tapis sonores aux voix des acteurs, comme pour évoquer le Deus ex machina, et transformer le plateau en une fabrique à produire des sons (studio de radio, de doublage cinéma, de bruitage). On entend au fil de la représentation des extraits d’un documentaire sur les Bonobos (ces primates qui règlent les conflits de la vie sociale par des jeux sexuels), des extraits de films (Quai des brumes, L’homme qui aimait les femmes, etc.), et des bruitages évoquant tous les lieux dans lesquels nous souhaitons implanter les textes (la ville, le studio d’enregistrement, l’intérieur du coeur, etc.). Pour nous, ces matières bruitistes sont une manière sensible et opérante de transporter en un instant les spectateurs au sein d’univers repérables, une façon aérienne et soluble dans le temps de faire apparaître des décors sonores en adéquation ou en friction avec le poème… La spatialisation des voix et des sons, leurs traitements (réverbération, écho, transformation, etc)., leurs déplacements dans l’espace, le travail disruptif entre ce que l’on voit (le mouvement des lèvres des acteurs) et ce que l’on entend, tout contribue à proposer tantôt une écoute naturaliste du texte, tantôt à essayer de transporter l’auditoire dans une écoute « rêvée » du spectacle…

À propos de la scénographie et de la lumière
Une oscillation entre un studio d’enregistrement et le cosmos. C’est ainsi que nous nous figurons les espaces où enchâsser les textes et les sons… Le studio d’enregistrement, lieu de fabrique sonore, laboratoire où s’inventent en temps réel les traitements appliqués aux voix et enregistrements diffusés, est évoqué par la présence et la manipulation à vue d’une régie (rack de matériel, micros sur pieds, magnétophone à bande, enceintes) que nous situons au centre lointain du plateau et qui est opérée par les comédiens eux-mêmes. Le cosmos, « lieu de tous les lieux possibles », est évoqué par un tapis de sol circulaire prenant la couleur qu’on veut bien lui adresser, par deux panneaux verticaux en opaline translucide de part et d’autre de la régie (rappelant le ciel où l’endroit de la confidence) et par une multitude de petites lumières fichées sur des tiges de métal de diverses hauteurs, qui se déplacent, s’allument et s’éteignent à la manière d’une voute céleste.

REPÈRES SUR MANU ROBERT (CRÉATEUR LUMIÈRE)
Collaborateur de longue date du Théâtre du Menteur, formé par l’expérience glanée au fil de ses multiples aventures artistiques, c’est lui qui prend en charge la création et la régie lumière, et collabore à la création scénographique. Entre 1992 et 2020, il a travaillé pour une cinquantaine de compagnies et de théâtres, alternant les travaux de création lumière, de régie et de montage. « Avec la lumière, j’écris avec l’image de l’acteur sur le plateau, je dessine son désarroi ou sa joie, et le sens de son chemin. La lumière, c’est le lien avec toutes les autres écritures, c’est avec elle que je raffûte, converge, assemble. Alliage des sens, je propose au metteur en scène une vision, un ouvre-boite pour aller dans l’histoire, jusqu’à ses limites, jusqu’au noir. »

À propos des acteurs
Céline Liger et François Chaffin sont des acteurs qui se connaissent bien et depuis longtemps. Impliqués dans les créations du Théâtre du Menteur depuis plus de quinze ans, ils ont développé un goût affirmé pour l’interprétation propre aux oratorios de la compagnie, affirmant une rythmicité et une mélodicité indispensables à ces concerts de mots. De plus, les textes ne s’inscrivent pas dans une continuité dramatique, mais servent une langue dont il faut maitriser la charge poétique, la singularité et les motifs stylistiques. Les corps s’engagent alors en complément du travail vocal, atteignant parfois une expressivité chorégraphique loin de toute posture naturaliste. Enfin, l’harmonie des voix, dans toutes les figures proposées par la parole (dialogue, monologue, unisson, cantonade, chant, etc.), est un pilier essentiel du travail au plateau, que démultiplient les possibilités offertes par l’amplification et les traitements appliqués à l’interprétation.

REPÈRES SUR CÉLINE LIGER
Elle débute sa carrière comme danseuse avec une formation de danseuse au CNSM de Paris. Puis devient comédienne (théâtre classique, baroque, forum, contemporain, opéra, oratorio, performances, déambulations, lectures, poétiques). Elle travaille depuis 20 ans pour plusieurs compagnies, et depuis 2006 avec le Théâtre du Menteur. Elle aime le travail de création, en équipe et en territoire. Elle a récemment joué dans Mirad un garçon de Bosnie, d’Ad de Bont, mis en scène par Christophe Laluque, Mastication d’après le texte de Patrice Kermann, mis en scène par Ludovic Billy, La séparation des songes de Jean Delabroy, mis en scène par Patrick Verschueren, Dansen de Brecht, mis en scène par Sayaka Ehara (Kaze Theater/ Tokyo) et au sein du Théâtre du Menteur : Mange, mis en scène par Gersende Michel, et La première fois que la nuit est tombée, Nous sommes tous des dictaphones, Le vent ne fait pas de prisonniers, Comme le chien, Entretiens avec la mer, 51 mots pour dire la sueur, de et mis en scène par François Chaffin.

REPÈRES SUR FRANÇOIS CHAFFIN
Auteur en scène, François Chaffin a créé en 1987 le Théâtre du Menteur pour faire écho à son travail d’écrivain de plateau, et proposer à qui voudrait bien les partager ses créations comme ses ateliers de production de petites formes sensibles. Poétique autant que politique, son goût pour une langue baroque, à la croisée des usages argotiques, métaphoriques et quotidiens, s’accompagne du désir aventureux de révéler son écriture par sa musicalité autant que par l’interrogation qu’elle prétend soumettre aux spectateurs et aux pratiquants. Conjuguant l’écriture textuelle avec les artifices scéniques d’aujourd’hui (design sonore, projections visuelles, dispositifs interactifs…), l’auteur et le metteur en scène se retrouvent et se confondent dans une recherche où l’osmose entre le sens et la forme s’invente et se régénère par friction. Il est par ailleurs créateur/ agitateur de nombreuses fabriques d’écriture, où l’urgence est souvent de relier ceux qui savent et ceux qui pensent ne pas savoir, professionnels et amateurs, publics formés et nouveaux venus au théâtre, et travaille joyeusement en direction des publics réputés « sensibles » (prison, hôpital, handicap, exclus, gens du voyage…).

Créé en 1987, le Théâtre du Menteur, à travers l’écriture de son auteur en scène (voir François Chaffin), cherche à donner une vision singulière, métaphorique et sensitive des liens généreux et destructeurs qui relient entre eux les hommes, et les hommes avec le monde… Les spectacles créés trouvent ainsi formes dans l’alliage des genres et des technologies au service d’une narration sensible et mal élevée, où l’adresse au spectateur s’opère depuis notre statut d’êtres pensant et agissant, réels, afin d’espérer entrer plus directement au cœur de son intimité et de sa réflexion.

Animé par un collectif d’artistes associés depuis plusieurs années aux décisions organisant la vie de la compagnie, le Théâtre du Menteur s’est beaucoup développé en co-construisant avec des théâtres ou des territoires des projets artistiques exigeants et réactifs, où créations, ateliers et tentatives poétiques articulaient notre désir d’être au plus proche des citoyens.
Implantée depuis ses origines en Essonne, la compagnie a également obtenu la direction artistique de plusieurs lieux de création, dont les plus emblématiques sont le Théâtre de Bligny (de 2004 à 2009) et La Cavalerie (depuis 2010).

Consubstantiellement à ses créations, la compagnie développe, dans le cadre de ses implantations et tournées, un travail de partage avec les publics, par l’invention de formes issues de fabriques d’écriture, de jeu et d’images visuelles et sonores. Restituées le plus souvent en première partie des représentations, investissant les territoires d’accueil en amont, ces ateliers et/ou cafés à écrire et à jouer offrent aux participants amateurs une approche réactive et sincère des thématiques abordées par les spectacles et une confrontation inventive avec notre équipe artistique.

L’activité de la compagnie est suivie, filmée (et aimée !) depuis des années par les atypiques et nonobstants helvètes cinéastes de La Pitrerie…

Implantée dans le département de l’Essonne, d’abord à Wissous, puis à Longjumeau, en charge de la direction du Théâtre de Bligny (au cœur de l’hôpital du même nom, dans le Pays de Limours) jusqu’en 2009 (voir nos archives du Théâtre de Bligny), la compagnie développe depuis 2010 un travail d’implantation sur le territoire de la Communauté de Communes du Val d’Essonne (voir La Cavalerie), et des cycles d’actions culturelles et de résidences artistiques à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (voir les Correspondances panoptiques).
Pendant 3 ans (de 2011 à 2013), le Théâtre du Menteur a été en résidence sur les villes d’Arpajon, La Norville et Saint-Germain-lès-Arpajon (voir Résidence en Arpajonnais). François Chaffin a été artiste associé à la Scène Nationale de Dieppe (voir DSN 2011-2012) et a eu l’honneur d’être associé au Théâtre Kaze de Tokyo pendant trois années.
Le Théâtre du Menteur a évolué en 2010 pour se structurer en un alliage de plusieurs collaborateurs, couvrant toutes les nécessités artistiques, techniques et administratives de ses projets.

Le Théâtre du Menteur est soutenu par :
la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France – Ministère de la culture et de la communication,
la Région Île-de-France,
le Conseil départemental de l’Essonne
et les partenaires de création.

Comme un oratorio électrique et hors du temps, Reptile parle tout à la fois à nos âmes, nos tripes et notre cœur. Une élégie sans trame, qui file au cours des émotions et des mots, des désirs et des maux. Dans la trame poétique incomparable de Chaffin. Un tourbillon poétique, teinté de rouges, de bleus et d’or. Karine Prost, Rue du théâtre

Reptile est une invitation, celle du partage de mots, le temps d’un spectacle, autour de cette alchimie que deux êtres peuvent vivre, l’amour. Et qu’est-ce qu’il est bon de vivre ce désordre en leur compagnie ! Dans cet oratorio, il est donc question de pulsations, de couleur rouge, celle qui nous emporte au pays de la passion, et de voix, celles qui vont dire les mots doux, violents et crus de cet état amoureux. Que ces mots soient le fruit d’un ensemble de voix off qui fait appel à notre imaginaire collectif, ou ceux poétiques de l’écriture de François Chaffin, ils font toujours mouche et touchent en plein cœur. Laurent Bourbousson, Ouvert aux publics