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saison 2022/2023

FOCUS JEAN-CLAUDE GALLOTTA

DANSE | DÈS 12 ANS

Pénélope

Chorégraphie Jean-Claude Gallotta
Groupe Émile Dubois

Jeudi 16 mars
20h | Durée 1h15

Grande Salle
Tarif A

Les figures mythologiques sont ré-interprétables sans fin.
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Miroir du ballet blanc Ulysse, Pénélope est un ballet noir, voire noir sur noir, pour jouer avec les rythmes et les nuances que cette « couleur » contient. Cette chambre noire cherche à faire exister les lumières qui peuvent habiter l’ombre, les lueurs qui traversent les âmes assombries, les énergies secrètes qui font que le vivant s’efforce, quoiqu’il arrive, de persévérer dans son effort. L’imaginaire du spectateur n’est pas suscité par un élément de décor, des accessoires ou des costumes qui figureraient un espace. Seule la danse provoque des sensations, des émotions.
Pénélope est un hommage à la chorégraphie où est racontée de manière ludique l’architecture de l’espace ; où la symétrie, la perspective, les pas d’ensemble, les entrées, les sorties, la multiplicité des centres sont réinterrogés, façon Gallotta, c’est-à-dire parcourus d’élans sensuels, d’emboitements charnels, de décrochés ironiques, de pieds de nez insolents.

Et je monte le son !
À l’issue du spectacle et jusqu’à minuit, prolongez la soirée au bar de DSN en musique avec Louise Emö !

La sélection bibliographique proposée par la librairie-café de Dieppe La Grande Ourse

Chorégraphie Jean-Claude Gallotta. Avec Axelle André, Naïs Arlaud, Alice Botelho, Ibrahim Guetissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro et Thierry Verger. Musiques originales * Noémi Boutin avec Géraldine Foucault et Marie Nachury, Sophie Martel, Antoine Strippoli. Assistante à la chorégraphie Mathilde Altaraz. Textes et dramaturgie Claude-Henri Buffard. Lumières et scénographie Manuel Bernard. Assistant lumières Benjamin Croizy. Costumes Chiraz Sedouga. Séquences filmées par Paul Callet et interprétées par George Mac Briar et Béatrice Warrand avec les voix de Dominique Laidet et Béatrice Warrand.

*musiques : partie I - composition et interprétation Noémi Boutin, Géraldine Foucault et Marie Nachury, production Cie Frotter | Frapper. Partie II prologue - composition Antoine Strippoli, interprétation Hélène Avice, Chrystelle Blanc Lanaute, Anne Lemariey, Sylvie Lemariey-Perrot, Salvator Lunetta, Laurence Romieu, Antoine Strippoli et Alice Tilquin, prise de son Philippe Fontaine, Yann Perrin. Partie III IV épilogue - composition Sophie Martel, interprétation Eric Capone et Sophie Martel

© Photo : Guy Delahaye, Jérémie Pontin

Production : Groupe Émile Dubois / Cie Jean-Claude Gallotta. Coproduction : Scènes Vosges, Escher Theater, Le Volcan, Scène nationale du Havre. Avec le soutien de la MC2 : Grenoble. Le Groupe Émile Dubois / Cie Jean-Claude Gallotta est soutenu par le Ministère de la culture - Direction des Affaires Culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l’Isère et, pour ses actions sur le territoire, par la Ville de Grenoble.

Site de la compagnie

Après Ulysse qui renait une nouvelle fois cette saison, Jean-Claude Gallotta poursuit sa fréquentation des figures mythologiques avec un spectacle intitulé Pénélope.
Aux XXe et XXIe siècles, plusieurs écrivains et poètes ont commencé à revisiter le personnage pour le sortir de la représentation immémoriale de la femme, fidèle à l’homme absent, asservie à une inachevable tapisserie, vertueuse jusqu’à la ruse face aux convoitises masculines. Pour Jean-Claude Gallotta, il était donc assez naturel d’élargir le regard qu’il porte sur l’épopée homérique et de l’aborder du point de vue de Pénélope. Avec le désir d’accompagner la réinvention du personnage dans son nouveau statut de représentante protéiforme de toutes les femmes.

Le ballet Pénélope sera par ailleurs un hommage à la chorégraphie où sera racontée de manière ludique l’architecture de l’espace ; où la symétrie, la perspective, les pas d’ensemble, les entrées, les sorties, la multiplicité des centres seront réinterrogés, façon Gallotta, c’est à dire parcourus d’élans sensuels, d’emboitements charnels, de décrochés ironiques, de pieds de nez insolents.

Le ballet Pénélope viendra se positionner en miroir du ballet blanc Ulysse. Il sera en quelque sorte un ballet noir, voire noir sur noir, pour jouer avec les rythmes et les nuances que cette « couleur » contient, pour chercher à faire exister les lumières qui peuvent habiter l’ombre, les lueurs qui traversent les âmes assombries, les énergies secrètes qui font que le vivant s’efforce, quoiqu’il arrive, de persévérer dans son effort.

C.-H.B.

Jean-Claude Gallotta / Claude-Henri Buffard

« Les figures mythologiques sont réinterprétables sans fin »

Je crois que le personnage de Pénélope échappe à toute catégorisation. Selon l’époque, on va interpréter sa fidélité comme une soumission, ou inversement. On la jugera rusée ou combattante, forte ou faible. La plupart des figures mythologiques sont ré-interprétables sans fin. Dans mon spectacle, il y a cette idée, complexe, que Pénélope tire sa force de sa faiblesse ; sa faiblesse : celle, dans laquelle la société, voire la civilisation, essaie de la maintenir ; sa force : son caractère, sa détermination, sa personnalité propre.

« Offrir une vision égalitaire »

La danse contemporaine offre cette possibilité d’offrir une vision égalitaire des femmes et des hommes, depuis ses débuts. Elle est le lieu où cet équilibre est naturel. Parfois, la question se pose de manière évidente, lorsque, notamment, on emprunte un thème au répertoire classique. Par exemple, dans ma pièce le Sacre du Printemps (2011), je n’ai pas chorégraphié une seule Élue comme on le fait d’habitude, toutes les interprètes étaient des élues et dansaient à égalité avec les garçons. Une manière d’accompagner la réinvention du personnage dans un nouveau statut de représentante protéiforme de toutes les femmes. Mais plus généralement, s’est imposée à moi très tôt l’idée, ou n’était-ce seulement qu’une intuition, que faire par principe « coller » un personnage féminin avec une interprète, non seulement limitait grandement les possibilités mais surtout bridait la danse dans ce qu’elle doit être : une incitation faite au monde à décadenasser les corps et les esprits.

« La scène de Pénélope est une chambre noire »

Dans cette pièce, nous ne sommes que là où nous sommes, sur un plateau de danse. La scène ne figure rien d’autre, si ce n’est qu’en passant d’Ulysse à Pénélope elle change de couleur, du blanc au noir, peut-être plus conforme à l’univers de Pénélope recluse dans son palais et à une époque moins « espérante » que celle d’Ulysse à sa création (1981).
Je ne souhaite pas que l’imaginaire du spectateur soit suscité par un élément de décor, des accessoires ou des costumes qui « figureraient » un espace. Seule la danse doit provoquer des sensations, des émotions. La scène de Pénélope est alors davantage la chambre noire de l’appareil que la photo elle-même.

« Quatre actes entre combats et réconciliation »

Acte 1 les prétendants « cherchottent » la femme qui se déguise en plusieurs femmes. Acte 2 les danseuses sont réunies pour faire de leur fierté un combat.
Acte 3 les hommes font des solos comme des candidats qui aiguisent leurs charmes.
Acte 4 une danse de groupe comme une réconciliation finale, une égalité en forme de victoire.
Et entre ces actes, peut-être les images filmées d’un dialogue dansé entre une probable Pénélope et un possible Ulysse.

« Ma danse, plus secrète pour moi que pour ceux qui la regardent »

Je ne saurais pas dire ce que ma danse devient. Il y a sûrement des évolutions, mais elles restent plus secrètes pour moi que pour ceux qui la regardent. La seule chose dont j’ai conscience, c’est mon besoin de vitalité. Il m’est nécessaire (de plus en plus ?) de faire valoir toutes les énergies que mes interprètes m’apportent. Ce que je leur demande, qu’ils m’aident à montrer que la vie s’obstine. Contre toutes les défaites.

« La danse est un art spontanément rebelle »

La danse est une expression libre du corps qu’aucun pouvoir ne peut contrôler. C’est un art spontanément rebelle. Il faut le tenir à l’oeil. Deleuze dit « le pouvoir exige des corps tristes parce qu’il peut les dominer », il me semble alors qu’une danse de la joie est forcément résistance, elle n’abandonne pas.
« La joie en tant que puissance de vie, dit encore Deleuze, nous emmène dans des endroits où la tristesse ne nous mènerait jamais ». Les régimes oppressifs non plus.

JEAN-CLAUDE GALLOTTA – Chorégraphe
Après un séjour à New York à la fin des années 70 où il rencontre Merce Cunningham et découvre l’univers de la post-modern Dance (Yvonne Rainer, Lucinda Childs, Trisha Brown,...), Jean-Claude Gallotta fonde en 1979 à Grenoble – avec Mathilde Altaraz – le Groupe Émile Dubois qui devient en 1984 l’un des premiers Centres chorégraphiques nationaux, inséré dans la Maison de la culture de Grenoble, dont il sera également le directeur de 1986 à 1988.
Ulysse,1981, lui ouvre les portes de la reconnaissance internationale, jusqu’à Shizuoka où il dirige une compagnie japonaise de 1997 à 1999. Suivront notamment Daphnis é Chloé (1982,) Hommage à Yves P.(1983), Mammame (1985), Docteur Labus (1988), Presque Don Quichotte (1999), Nosferatu (à l’Opéra de Paris, 2001). Attaché à ouvrir grand les portes de la danse contemporaine, il propose une série de pièces sur et avec « les Gens », dont Trois Générations (2004), et Racheter la mort des gestes (Théâtre de la Ville, 2012), où il mêle danseurs professionnels et personnes de tous âges, de toutes corpulences, de toutes histoires. Puis son répertoire de plus de quatre-vingts chorégraphies s’enrichit au fil des années par le croisement de la danse avec les autres arts : le cinéma (il a lui- même réalisé deux longs-métrages), la vidéo, la littérature, la musique classique.
Son Sacre et ses révolutions, en 2015, est présenté à la Philharmonie de Paris ; en 2016, il crée Volver avec la chanteuse Olivia Ruiz, à la Biennale de la danse de Lyon ; cette même année, son Groupe Émile Dubois, redevient compagnie indépendante. Il travaille également autour des figures du rock avec le triptyque My Rock, My Ladies Rock et la recréation de l’Homme à tête de chou en 2019 au Printemps de Bourges. En 2020, il rend hommage à son premier maître, Merce Cunningham, en créant le Jour se rêve, accompagné par le musicien Rodolphe Burger et la plasticienne Dominique Gonzalez-Foerster. Parallèlement, il développe une forme adaptée à l’espace public, Climatic’ Danse, ainsi que sa version pour enfants, Danse, ma planète, danse ! En 2021, il recrée, à la demande du Volcan, Scène nationale du Havre, Ulysse, 40 ans après sa création. À la rentrée 2022 il crée Pénélope versant féminin et contemporain de son Ulysse originel. Jean-Claude Gallotta est hébergé avec sa compagnie à la MC2: Grenoble. Il est également artiste associé du Théâtre du Rond-Point à Paris et de Scènes Vosges à Épinal.

NOÉMI BOUTIN – Violoncelliste
Après des études académiques précoces au CNSMD de Paris, Noémi Boutin, dont la carrière est promise aux grands concertos, emprunte des chemins singuliers, passionnée d’aventures artistiques inédites.
Elle « violoncelle » seule, en musique de chambre (Quatuor Béla), joue du répertoire comme des musiques d’aujourd’hui (Daniel D’Adamo, Frédéric Pattar, Misato Mochizuki, Aurélien Dumont, Frédéric Aurier, Antoine Arnera, Eve Risser, Oxana Omelchuk, Magic Malik...) et aime à s’associer sur scène avec circassiens (Jörg Müller), comédiens (Pierre Meunier) musiciens (Fantazio, Benjamin Colin, Mayu Sato, Sylvaine Hélary…) et depuis peu, cuisinier (Emmanuel Perrodin). Elle cultive un goût certain pour les dérapages et les pas-de-côté et aime à manier les mots lorsqu’ils se font absurdes ou poétiques.

GÉRALDINE FOUCAULT – Créatrice sonore
Après une formation initiale au TNS, Géraldine Foucault crée aujourd’hui du son pour le théâtre, la danse et la marionnette. Grâce à son travail avec Alain Mahé, François Verret et Guillaume Vincent, elle développe la fabrication de sa matière sonore propre : prises de son, traitement en temps réel et répétitions faites d’improvisations collectives. Depuis plusieurs années, elle retrouve régulièrement Pierre Meunier & Marguerite Bordat, Balkis Moutashar, Pauline Ringeade, Bérangère Vantusso et Elise Vigneron.

SOPHIE MARTEL – Saxophoniste, bassiste et musicienne MAO
Elle joue, compose et arrange dans des groupes aux univers artistiques variés, musiques du monde, électro, jazz, chanson pop-rock. Ces vingts dernières années, elle a participé à différentes créations musicales et chorégraphiques, projets participatifs et actions culturelles au Burkina Faso, au Maroc, en Estonie et en région Rhône-Alpes, comme à Grenoble pour le Festival de Jazz, les Allées Chantent ou le Prunier Sauvage.
Ingénieure en informatique de formation, elle est également technicienne et régisseuse son, notamment pour le collectif Braslavie, la compagnie les Mangeurs d’Étoiles, la compagnie Irène Tassembedo, les Détours de Babel, la MC2: ... Elle rejoint le Groupe Émile Dubois en 2017 à la régie son, puis compose à partir de 2020 les musiques des spectacles de Jean-Claude Gallotta Climatic’ Danse, Danse, maplanète, danse!et Pénélope.

MARIE NACHURY – Voix & création sonore
Telle une machine ahurie, lassée d’être visible comme son nez au milieu de sa figure, Marie Nachury a choisi l’art du camouflage vocal et du tatouage auditif pour épouser toutes les sonorités environnantes.
Caméléon et polymorphe, façonnée par l’expérience impersonnelle des techniques du son et celle, quasi mystique, du chant en chorale, c’est dans sa voix qu’elle fait corps avec l’instrument, qu’il soit à corde, à peau, à vent ou à poil. Ouvrière infatigable, complice de nombreuses créations théâtrales, elle n’hésite pas à manier la plume pour parachever en littérature ses explorations musicales et se frotte à tout type d’instruments et outils.
Elle est créatrice sonore dans Le Groupe Fantômas, chanteuse dans Le Grand Sbam et au sein du Collectif ARFI, multi-instrumentiste dans Èlg & La Chimie…

ANTOINE STRIPPOLI – Compositeur
Il rencontre Jean-Claude Gallotta au début des années 90, dans un premier temps il oeuvre à la régie son, puis à la création des bandes son et enfin, à partir de 1999, à la composition des musiques des spectacles du chorégraphe qu’il signe du nom de Strigall ; 99 duos, 3 générations, Des Gens qui dansent, Le retour d’Ulysse, Yvan Vafan,L’Étranger et Comme un trio.
Sous son propre nom, il mène un travail d’écriture, porté par sa guitare, en trio acoustique et avec le groupe Strippoli réalisera un album, « l’Heure où les chats sont gris » revenant ainsi à la source de sa passion : le rock et la chanson.

Sur fond d’images de film, le surgissement de la gestuelle gallottienne et l’espace électrisé de mouvements convoquent la figure superbe de l’amour et de l’attente qu’est Pénélope. Télérama

Disons d’emblée qu’on est émerveillé par la synchronisation impeccable des gestes, l’ossature de la pièce puissamment construite en un énorme volume de mouvements, sur une heure vingt de durée. Pénélope, toute de noir vêtue, de petits chaussons de cuir aux pieds, déboule sur la scène, portant avec ostentation un deuil désavoué par des gestes qui en disent long: bras tendus, cuisses musclées exhibées, déplacements de profll, le pouce en l’air (clin d’oeil au Faune, de Nijinski). Tout en elle dit la force vitale, le désir intact. Cela passe par le théâtre des pulsions et se, joue aussi en sourdine, avec ce doigt malin sur la bouche qui impose le silence. L’Humanité

ll y a toujours cette joie de danser, cette jubilation de traverser l’espace sans contrainte, ces courses d’où émergent des petits sauts espiègles. La danse de Gallotta semble rester, immuable, à l’endroit du mouvement, fait d’ensembles bien développés, de duo très entrelacés, de corps mêlés dans leurs différences. La Terrasse

Tout sauf statique, la figure de Pénélope se démultiplie chez Jean-Claude Gallotta en un ballet foisonnant où danseurs et danseuses dialoguent à égalité. Scène Web

Cette intention chorégraphique entraîne à sa suite l’insolente vitalité de sa dizaine de danseurs dans des solos aériens, des pas de deux acrobatiques, et des ensembles remarquablement toniques toujours dans une atmosphère follement spontanée ! Ne quittant jamais la scène, les danseurs se donnent à la chorégraphie avec une vigueur incroyable, les corps racontent la vie, des regards aux phalanges jusqu’aux mouvements de cheveux. Le Blog de Florence Caron

Le résultat est une danse généreuse pleine de vitalité, moins cérébrale que par le passé, parfois charnelle. Une danse qui respire le bonheur de danser (...) Théâtre du blog