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saison 2020/2021

Spectacle annulé
DSN - Dieppe Scène Nationale est fermée au public en application des mesures gouvernementales. Nous sommes contraints d'annuler la représentation de ce spectacle.

Sam. 24 avril

Durée 50 min
Séances scolaires
Jeu. 22 & ven. 23 avril 10h | 14h30

Le Drakkar
Tarif C

ici ou (pas) là

THÉÂTRE VISUEL, MARIONNETTES, MAGIE
Conception et interprétation Laurent Fraunié, Collectif Label Brut

Le réel, c'est parfois dur à supporter...
______

Le rideau de théâtre est fermé. En bord de scène, un disque tourne sur un phono. La lumière s'assombrit. Ça ne devrait pas tarder à commencer... Mais il y a un problème, le disque tourne en boucle et cela finit par devenir très agaçant. Quelqu'un, on ne sait qui, s'approche du tourne-disque et le remet en route... Ce n'est ni vous, ni moi, c'est « le personnage » et il vient de mettre un doigt dans un engrenage. En voulant rendre service pour découvrir ce qui doit se passer derrière le rideau, il est entraîné dans une spirale d'apparitions, de disparitions, de transformations, de morcellements et de dédoublements. Il devient, malgré lui, le héros de l'histoire. Il va se laisser envahir par le désir farouche de disparaître, il va espérer ne pas être là, être oublié, au moins pendant quelques minutes, pour échapper aux sollicitations incessantes. Avec très peu de mots, dans un décor composé d'une multitude de rideaux comme autant de peaux d'oignons à écarter, le corps du personnage se confond avec les marionnettes. Entre rêve et réalité, nous le voyons avancer malgré ses peurs et découvrir son unicité pour enfin s'affirmer.

Manipulation et régie plateau Xavier Trouble, Mehdi Maymat-Pellicane ou Sylvain Séchet. Regard extérieur Harry Holtzman, Babette Masson. Scénographie Grégoire Faucheux. Création lumières Sylvain Séchet. Chorégraphie Cristiana Morganti. Costumes Catherine Oliveira. Son, vidéo, régie générale Xavier Trouble.
Production : Label Brut. Coproductions : Le Carré Scène nationale – Centre d'art contemporain du Pays de Château- Gontier (53), Théâtre Victor Hugo à Bagneux (92), Le Quai CDN d'Angers (49), Festival Casteliers à Montréal (Canada), Château-Rouge – scène conventionnée au titre des nouvelles écritures du corps et de la parole (74), L'Entracte à Sablé-sur-Sarthe (72), Le Préambule à Ligné (44), La 3'E saison culturelle de l'Ernée (53). Soutiens (résidences et/ou pré-achats) : Le Grand T théâtre de Loire-Atlantique à Nantes (44), Théâtre de la Marionnette à Paris (75), DSN – Dieppe Scène Nationale (76), PadLOBA à Angers (49), Service culturel de la Ville de Coulaines (72), Le Théâtre – scène conventionnée à Laval (53), Théâtre des 3 chênes à Loiron (53), Villages en scène (49), Scène de Pays dans les Mauges à Beaupréau (49), Très Tôt Théâtre – scène conventionnée jeunes publics à Quimper (29), Le Sablier – pôle des arts de la marionnette en Normandie (14), Théâtre de l'Hotel de Ville à St Barthelémy-d'Anjou (49). Avec le soutien de l'État – Préfet de la région Pays de la Loire. Avec l'aide à la création du Département de la Mayenne. Résidence au Canada soutenue par la région Pays de la Loire et l'Institut Français. Label Brut, collectif associé au Carré, Scène nationale – Centre d'art contemporain d'intérêt national du Pays de Château-Gontier. Avec le soutien de l'État, Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire- Subventionné par le Conseil Régional des Pays de la Loire et le Département de la Mayenne.

© photo : Sylvain Sechet

Site de la compagnie

Après le personnage tente de s'endormir
Et le personnage va tenter de passer la porte
Ici le personnage quitte le réel pour rejoindre la fiction

Le personnage revient au théâtre, sur les lieux de la fiction. Il vient pour qu'on lui raconte des histoires.
Ce qu'il a vécu dans son réel, nous n'en savons rien mais il vient là parce que le réel c'est parfois dur à supporter.

Dans le réel
On n'arrête pas de grandir et de changer.
On n'arrête pas de regarder les autres et le monde changer.
On n'arrête pas notre regard qui change sur les autres et le monde. On n'arrête pas d'être regardé par le monde et les autres.
Tout est toujours en mouvement permanent.
C'est difficile de trouver sa place. C'est fatiguant de trouver un équilibre.
En fait il se demande, peut être sans se l'avouer, s'il ne préfèrerait pas retourner dans la fiction.
Au moment où le spectacle va commencer, où le noir va se faire dans la salle et la lumière jaillir sur ce qui est juste là, à portée de main derrière le rideau, un léger incident technique retarde le début du spectacle. Le disque sur le tourne-disque posé à l'avant-scène pose problème… et personne n'agit.
Ce serait idiot de se laisser gâcher ce rendez-vous par un incident technique. Le personnage décide d'intervenir.
Il met alors le doigt dans un engrenage qui va le happer. La fiction ne sera peut-être pas de tout repos.

L'enfer ce n'était peut-être pas les autres dans le réel.
Il va essayer de trouver la meilleure place dans l'histoire qui se raconte avec lui et malgré lui.
Il va tenter de s'y montrer ou de s'y cacher, D'être ici, là ou pas là, De faire les bons choix,

Il va devoir dépasser les peurs d'y être ou ne pas s'y retrouver,
Il va être confronté à des transformations, des changements d'échelles et de points de vue.
Reviendra-t-il au réel ? S'évadera-t-il dans la fiction ?

Les spectateurs entrent dans la salle et s'installent.
Le rideau de théâtre est fermé devant les spectateurs.
En bord de scène, un disque tourne sur un tourne-disque.
La lumière s'assombrit dans la salle. Ça ne devrait pas tarder à commencer.
Mais il y a un problème avec le tourne-disque. A la fin du disque il tourne en boucle et ne s'arrête pas. Le bruit que cela produit finit par devenir très agaçant.
Quelqu'un, ça pourrait être vous, ça pourrait être moi, finit par s'approcher du tourne-disque et le remet en route...
Ce n'est ni vous ni moi, c'est le personnage - celui de Mooooooooonstres et d'à2pas2laporte - qui revient… Et il vient de mettre un doigt dans un engrenage.

En transgressant légèrement les codes de conduite du spectateur, c'est à dire en intervenant sur ce tourne- disque, pour rendre service et pour découvrir ce qui doit se passer derrière le rideau, il est entrainé dans une spirale d'apparitions, de disparitions, de transformations, de morcellements et de dédoublements.
Il devient malgré lui le héros de l'histoire.
Il va se laisser surprendre par les couches successives qui le composent, Il va hésiter sur le visage qu'il veut montrer de lui,
Il va découvrir les joies de se révéler et les peurs de se montrer, Il va se laisser envahir par le désir farouche de disparaître,
Il va espérer ne pas être là.
Ce faisant, il va écrire son histoire, l'histoire d'un passage.
En fait est il en train de vivre ses rêves ou de rêver sa vie ?

L'ESPACE
Une cage de scène avec un rideau fermé. Derrière le rideau se cachent des rideaux successifs de couleurs et de matériaux variables plus ou moins espacés les uns des autres. Au détour des ouvertures de rideaux et des espaces qu'ils révèlent, apparaitront des éléments de mobilier et des accessoires de carton, légers, éphémères. Les rideaux s'ouvrent et se ferment parfois manipulés par le personnage, parfois sans qu'on voit le manipulateur : machinerie théâtrale ? Intervention humaine ? Au fur et à mesure que s'ouvrent ces rideaux, se révèle une perspective, un entonnoir de plus en plus étroit filant vers un point de fuite très au lointain, une image en trompe l'oeil en fait, qui glissera peut-être comme un paravent pour laisser passer la lumière. Certaines parties du sol seront mobiles pour provoquer des glissements de terrains et entrainer les éléments posés là. Ce sera un espace machine à jouer. Un espace obsessionnel aussi mobile que l'identité du personnage.

LA MATIERE
Il y aura à l'avant scène, devant un premier rideau de soie rouge, un tourne-disque il y aura un personnage couvert de couches de vêtements qui mettra un temps fou à se dévêtir pour choisir ce à quoi il veut ressembler pour apparaitre, il y aura beaucoup de rideaux à écarter et qui révèleront des espaces à géométrie variable, il y aura des morceaux de corps disproportionnés à assembler pour tenir une tête, il y aura un personnage blanc qui tentera à l'aveugle de se redessiner, une ribambelle de papier à taille humaine comme autant de doubles, il y aura un personnage-rideau avec de beaux yeux en oeillets que le personnage rencontrera en se prenant les pieds dans un rideau, il y aura sur un bureau une marionnette à l'effigie du personnage, dans une échelle réduite et faite de tricot, qui se détricotera en se prenant le pieds dans une écharde et tentera de se recomposer avec ce qui l'entoure, il y aura des yeux dans les rideaux, des regards, des écrans, il y aura un rideau de sable qui sera le support d'une projection chronologique de photos personnelles depuis ma naissance jusqu'à la fin aléatoire de la chute du sable, il y aura un sol qui glisse et se dérobe, il y aura une perspective qui se découvrira au fur et à mesure de l'écartement successif des couches de rideaux, il y aura des rideaux qui volent, des rideaux qui tombent et des rideaux en trompe l'oeil, il y aura au loin un lever de rideau qui s'ouvrira sur un horizon blanc et légèrement aveuglant dans lequel le personnage disparaitra…

« Changer de peau en y ajoutant tatouages et piercing opèrent comme des actes identitaires, se scarifier en secret, fuguer, errer jusqu'à disparaître de soi ou développer une haine de son corps en devenant anorexique ou boulimique, refuser la sexuation par absence ou par trop de sexe, méconnaître le danger de la vitesse, devenir délinquant comme moratoire à l'adolescence, bref tous ces phénomènes de résistance à la dureté du monde »

En souffrance, Adolescence et entrée dans la vie, David Le Breton

DES RÉFÉRENCES
David Lynch : La chambre rouge, Twin Peaks
David Le Breton : L'Adieu au corps, La Peau et la Trace, Disparaître de soi - Editions Métailié
Henrik Ibsen : Peer Gynt (acte V, scène 5, la scène de l'oignon)
Noémie Goudal, photographe
Liu Bolin, l'homme invisible, sculpteur, performeur et photographe
Yayoi Kusama, peintre, sculptrice
Konrad Klapheck, peintre, «derrière le rideau»

L'univers musical de Chloé Thévenin
Le cauchemar dessiné par Dali dans Spellbound d'Alfred Hitchcock

Tous les rideaux de mon enfance ceux devant les fenêtres que j'adorais ceux en velour des bouts de couloir, la nuit, que j'aimais beaucoup moins

« Peer Gynt prend un oignon et l'épluche. A chaque épluchure il fait correspondre une étape de sa vie, après une multitude de peaux arrachées, il dit : Inéluctable quantité de pelures ! le noyau va-t-il enfin paraître ! ... Du diable s'il arrive ! Jusqu'au plus intime de l'intime, tout n'est que pelures - et de plus en plus minces. - la nature fait de l'esprit. »

Henrik Ibsen, Peer Gynt, Acte V, Scène 5