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saison 2020/2021

Jeu. 20 & ven. 21 mai

19h30 | Durée 50 min
Jauge réduite, réservations directement auprès de l'équipe billetterie de DSN.

Le Drakkar
Entrée libre sur réservation

Les Singulières
Portrait de groupe avec femme(s)

DANSE | DÈS 10 ANS
Chorégraphie Claire Durand-Drouhin
Cie Traction avec l'APEI de la Région Dieppoise

Femme, mère, épouse… À chaque rôle correspond des gestes qui s'apprennent et se transmettent, des gestes qui rassurent autant qu'ils aliènent.
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Claire Durand-Drouhin s'intéresse aux femmes telles qu'elle les perçoit, combattantes, essayant de se libérer du carcan dans lequel la société tente de les enfermer. Son attention s'est portée sur cinq danseuses professionnelles, toutes d'origines différentes, aux côtés desquelles sont accueillies six femmes volontaires de l'APEI de la Région Dieppoise.
Sur une musique percussive et profonde, ensemble et immobiles sur le plateau, leurs regards plongent sur le public. Au fur et à mesure, chacune exécute des gestes simples, rythmés, avec les bras ou les mains, les mêmes mais marqués par leur propre individualité. C'est leur manière d'exprimer leur vécu, des souvenirs, plus ou moins heureux. Aux attitudes féminines s'adjoignent des gestes guerriers, des gestes qui parlent de l'énergie à puiser au fond de soi pour se battre, des gestes de femme, de mère, d'épouse. De cette danse où se juxtaposent la force de l'unisson et celle du singulier, se dégage des tableaux dans lesquels les corps sont libres ou captifs, où l'énergie de groupe laisse place à des solitudes très personnelles. Et le partage sincère de leurs émotions et de leurs désirs s'exprime grâce à une tension qui envahit le public.

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Spectacle présenté avec le soutien de l'État – Direction régionale aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes de Normandie (DRDFE).

SPECTACLES & CINÉMAS : La féminité dans tous ses états !
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Avec Mignonnes, Passion Simple, Slalom et Sois belle et tais-toi.
➔ 19 MAI > 1ER JUIN

Avec Pauline Bigot, Claire Durand-Drouhin, Inès Hernandez, Mai Ishiwata, Haruka Miyamoto. Musique Mohsen Taherzadeh, Angel dance Hossein Alizadeh, Leila han Daf Cooperman.
Production et coproduction : Cie Traction, Centre Culturel Jean Moulin – CCM Ville de Limoges, Scène conventionnée pour la danse Saisons du Vieux Château à Vicq-sur-Breuilh, DRAC Nouvelle Aquitaine, Centre National de la Danse pour la mise à disposition du studio OARA dans le cadre du dispositif de résidence Hors les murs, Ballet de l'Opéra national du Rhin – CCN à Mulhouse / Accueil studio et Scène nationale d'Aubusson / Dispositif Itinérance sur les scènes du territoire Haut Limousin, Scènes de Territoire – Bressuire, Micadanses / résidence Coup de pouce, Le Point Éphémère, La Fabrique de la Danse / Les Femmes sont là, DSN – Dieppe Scène Nationale, CCN de Créteil. Soutien : La Compagnie Traction reçoit le soutien du Ministère de la Culture. et de la Communication – DRAC de Nouvelle Aquitaine au titre de l'Aide au Projet, et du Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine dans le cadre des ateliers qu'elle dispense au Centre Hospitalier Esquirol de Limoges et du dispositif Emplois Associatifs. En partenariat avec l'APEI de la Région Dieppoise.

© photo : Axel Queval

Site de la compagnie

Être subordonnée m'est impossible.
Il y a d'abord cette dualité en moi, simple et incontournable, celle de la vie et de la mort. Et puis, il y a de la colère, celle de me sentir moins libre qu'un homme tout en sachant avoir autant de droits que lui. Dans ce chaos, j'écoute mon corps, lui qui depuis toujours pense avant moi. Et je le vois se mettre en mouvement, me dire cette colère. Alors, ma danse remonte comme la sève atteint le sommet d'un arbre, elle impulse à mon corps une énergie libératrice.

Un corps dansant
Une chorégraphie émane de mon corps. Rythmée, percutante, organique. Je sais déjà que je ne la danserai pas seule. Je veux convoquer d'autres femmes avec moi, des danseuses pour amplifier ce chant monté en moi. Je veux le transmettre jusqu'à l'unisson, pour qu'il puisse être entendu, parce qu'il ne me concerne pas seule. Ce que mon corps me dit, j'ai besoin de le partager avec d'autres danseuses. Je choisis de monter la pièce avec 5 danseuses professionnelles. J'entends le daf, ce grand tambour persan, sa percussion nous soutiendra.

Une gestuelle documentaire poétisée
Depuis toujours ma danse émane de mon corps, de ma colère, de mes relations aux autres. Depuis des années, je développe un travail documentaire que je poursuis tantôt comme chorégraphe, tantôt comme réalisatrice. Les gestes du quotidien m'inspirent qu'ils soient singuliers comme ceux des personnes auprès de qui j'interviens en psychiatrie, en milieu carcéral, ou plus simplement ordinaires. De ces gestuelles, j'extraie des moments, réalise un travail de montage, de synchronisation, de démultiplication jusqu'à atteindre une force poétique visuelle. Les gestes sont étirés ou au contraire accélérés dans le temps, déployés dans l'espace. Au départ ce sont des gestes réalistes et personnels que l'unisson rend surprenants. Il y a une force qui réside dans ce paradoxe, d'un côté l'aspect banal et intime du geste et de la sensation qui s'en dégage, de l'autre, l'unisson de plusieurs corps donnés à voir au public. Fait de détail et de pulsion, mon vocabulaire corporel tire sa force de la précision avec laquelle il est écrit et rythmé.

Amplifiée jusqu'à l'excès
Et le travail me mène plus loin, nous danserons à 5 et nous inviterons des femmes amateures à partager le travail avec nous au fil des projets que nous construirons avec nos partenaires. Je veux entendre et donner à voir le corps des femmes, celles qui sont aux prises avec les mêmes luttes que moi. Portrait de groupe avec femme(s) existera donc en deux versions complémentaires, l'une avec 5 danseuses professionnelles au plateau, l'autre avec ces cinq danseuses accompagnées d'un groupe amateur. Mon expérience d'intervention en psychiatrie et en prison permettra aux structures partenaires de proposer le projet à des publics éloignés de l'offre culturelle et généralement invisibles sur l'espace symbolique de la scène.

Au son du daf
Le daf soutiendra une danse sensuelle, un élan, jusqu'à l'envol, qui extirpe et brise des chaînes. Il soutiendra l'énergie physique de la pièce que je construis en contrepoint de Who's Bach ? ma précédente création. Bach me ramenait à mon histoire européenne, le daf me permettra d'explorer les métissages culturels. Différents morceaux en solo ou orchestre, enregistrés, seront utilisés. Certains avec des voix : chœur de femmes ou choeur d'hommes chantant psaumes et complaintes lors de festivals populaires. Répondre à l'appel de la prière avec sensualité, voilà l'invitation que j'adresse à mes interprètes. Et mon imaginaire est porté par l'histoire de cet instrument millénaire, celui des femmes kurdes, elles qui sont tout à la fois mère et guerrière, elles qui donnent et reprennent la vie.

Claire Durand-Drouhin

Depuis une quinzaine d'années, d'abord comme interprète puis en tant que chorégraphe, Claire Durand-Drouhin se glisse patiemment dans des mondes fermés, prisons ou centres hospitaliers spécialisés en psychiatrie. Elle y mène des ateliers réguliers auprès de patients, dont certains participent à sa création Vie de Famille. À partir de 2012, elle étend son regard à la réalisation de films documentaires dont elle est également protagoniste. Par son geste artistique, elle bouscule nos idées reçues sur l'enfermement, le corps, la folie et l'art. Depuis ses débuts, son travail reçoit le soutien des CCM de Limoges-scène conventionnée danse, de l'Estive-scène nationale de Foix et de l'Ariège, des Saisons du Vieux Château à Vicq sur Breuilh, du Ministère de la Culture, de la Région Nouvelle-Aquitaine. En 2018, elle est lauréate du dispositif « Où sont les femmes » mis en œuvre par la Fabrique de la danse.