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saison 2019/2020

SAMEDI 9 NOVEMBRE 11H
durée 50 min
séances scolaires
jeu 7 nov 10h | 14h30
ven 8 nov 10h | 14h30
LE DRAKKAR
tarif D
THÉÂTRE
JEUNE PUBLIC
dès 3 ans

Je brûle (d'être toi)

MISE EN SCÈNE MARIE LEVAVASSEUR
COMPAGNIE TOURNEBOULÉ
CRÉATION | COPRODUCTION DSN

Un conte initiatique où l'on marche sur les traces que la mémoire a dessinées…

Inspirée de l'ambiance des contes nordiques, c'est l'histoire d'une petite louve qui bouscule son environnement parce que son coeur déborde de toutes parts. Quelque part dans le grand froid, une histoire d'amour. Quelque part, sous le silence de la neige, une enfant-louve au coeur trop grand. Pas de demi-mesure, cette petite louve-là veut vivre sa vie avec la force d'un torrent. Elle veut déplacer les montagnes, changer la couleur du ciel, être ce frisson d'amour tout entier qui nous relie à l'univers. Elle est née comme ça, ne nous demandez pas pourquoi !
Dans ce spectacle, les enfants sont poilus, le Père Noël est proche de la retraite et les chouettes semblent tout droit sortie d'une comédie musicale. Mêlant jeu d'acteur et marionnettes manipulées à vue, le dispositif immersif est installé sur le plateau du théâtre et les petits spectateurs sont au plus proche des comédiens pour entendre l'histoire comme un secret glissé à l'oreille…

Conception Marie Levavasseur et Gaëlle Moquay. Écriture et mise en scène Marie Levavasseur. Assistanat à la mise en scène Fanny Chevallier. Conseils dramaturgiques Mariette Navarro. Jeu Vera Rozanova, Gaëlle Moquay ou Marie Bourin. Dominique Langlais ou Stéphane Miquel. Scénographie Gaëlle Bouilly et Dorothée Ruge. Création lumière Hervé Gary. Création sonore et musicale Rémy Chatton. Construction et direction marionnettes Julien Aillet. Costumes et accessoires Mélanie Loisy. Création d'images Christophe Loiseau. Régie générale Sylvain Liagre. Avec la collaboration de Dominique Duthuit et de Jean-Charles Pettier.

Coproduction : Culture Commune, Scène nationale du Bassin Minier du Pas-de-Calais (62), Le Bateau Feu – Scène nationale Dunkerque (59), La Maison de la Culture d'Amiens – Pôle européen de création et de production (80), Pôle Arts de la Scène – Friche la Belle de Mai (13), La TRIBU – Théâtre de Grasse (06), PôleJeunePublic-TPM (83), Théâtre Durance – Château- Arnoux/Saint-Auban (04), Régie culturelle Scènes et Cinés (13), Le Carré Ste Maxime (83), Théâtre du Jeu de Paume (13), Théâtres en Dracénie (83), Le Volcan Scène nationale du Havre (76), L'Espace culturel Georges Brassens de Saint-Martin-Boulogne (62), Le Collectif Jeune Public Hauts-de-France, Théâtre de Choisy-le-Roi (94) – Scène conventionnée d'Intérêt National – Art et Création pour la diversité linguistique, Le Granit scène nationale de Belfort (90), Théâtre du Vellein – Communauté d'agglomération Porte d'Isère (38), Le Théâtre de Rungis (94), La Maison Folie Wazemmes – Ville de Lille (59), DSN – Dieppe Scène Nationale (76). Soutiens : Le Quai CDN Angers Pays de la Loire (49), Théâtre 71 scène nationale de Malakoff (92), Théâtre Jean Arp de Clamart (92), Le Phénix Scène Nationale Valenciennes (59), Château Rouge scène conventionnée d'Annemasse (74). La compagnie Tourneboulé bénéficie du soutien du ministère de la Culture DRAC Hauts de France au titre de l'aide à la compagnie conventionnée ; de la Région Hauts-de-France, et du Département du Pas-de-Calais. Avec le soutien de la Ville de Lille (aide à la création).

© photo : Jeanne Roualet, DR

Site de la compagnie

Créer pour le jeune public implique parfois de se détacher de certains à priori, de se débarrasser de certaines étiquettes. Pour élargir le champ des possibles, ouvrir de nouveaux espaces artistiques de rencontre.

Avec Je brûle (d'être toi), nous avons eu envie de proposer un spectacle qui bouscule les schémas habituels du jeune public. Une création innovante par son ambition dans le fond et dans la forme, qui représente un vrai pari en termes de production et d'exploration artistique en direction des plus jeunes spectateurs.

Il y avait d'abord l'envie avec cette création de s'adresser à tous les âges, à partir de 3 ans, en proposant un double niveau de lecture qui touche autant les petits et les grands. Un pari d'autant plus complexe que l'écart d'âge entre les spectateurs est grand. Mais la compagnie considère chaque spectateur à part entière, qu'il soit enfant ou adulte accompagnant. Pour créer des vrais espaces de dialogue et de partage entre les générations.

L'autre défi était de prendre le contre-pied des schémas habituels qui invitent à créer à « petit prix pour des petits spectateurs », souvent pour des raisons de coût fauteuil et de jauge réduite.
Cette création est justement la plus ambitieuse que la compagnie ait jamais défendue. Budgétairement bien sûr, mais aussi dans l'exigence de la forme, avec un gradin intégré à la scénographie, une équipe qui réunit des compétences nombreuses, un propos à la fois complexe et accessible. Un pari que nous relevons aujourd'hui parce que nous pensons que les plus jeunes spectateurs méritent d'avoir accès à des propositions plus « spectaculaires », avec plus d'un ou deux interprètes au plateau et une écriture visuelle poétique, riche et soignée.

Un spectacle parabole sur la construction de soi

Cela commence dès le début.

Comment apprendre à gérer nos émotions bouillonnantes, nos désirs, nos frustrations ? Comment réussir à les mettre à l'épreuve du vivre ensemble, de la relation à l'autre et à soi-même ? Nous nous sentons souvent démunis pour traduire les pleurs d'un bébé ou les colères d'un enfant… Et ce chemin pour entrer en relation avec l'autre et avec soi-même ne se simplifie pas forcément quand chacun maîtrise la parole.

La puissance de certaines émotions bloque, paralyse, empêche… que cela soit dans l'envie d'avancer ou dans le lien possible à l'autre. Pourquoi est-il si difficile de nommer nos chahuts intérieurs ? De dire ? Si difficile de se comprendre et de se faire comprendre ? Comment réussir à transcrire au plus juste qui nous sommes et ce que nous voulons ? Un vaste défi qui commence dès notre plus jeune âge et prend souvent le temps d'une vie.

C'est pourquoi nous trouvions riche d'adresser ces questions à tous à partir de 3 ans. Nous faisons le pari avec cette proposition que chacun pourra se reconnaître, ou s'identifier en fonction de son vécu.

La petite enfance est effectivement la première période de prise de conscience de ces tempêtes émotionnelles. Les spécialistes en neurosciences parlent même de « petite adolescence », en comparaison de certains phénomènes similaires observés au niveau du cerveau. C'est aussi la période de la construction du langage et de la pensée qui aide à mettre des mots et prendre de la distance.

Apprendre à parler, à se parler, c'est réussir à nommer, à créer un pont entre soi et l'autre. C'est construire une humanité commune, dans laquelle chacun va pouvoir se reconnaître et se construire.

Ces questions me semblent essentielles à aborder de manière symbolique et poétique avec des jeunes enfants. Comment les récits peuvent les aider à nommer la force de leurs désirs ? Les inviter à comprendre la puissance ou l'impuissance des mots à exprimer une émotion, à dire les contradictions de la pensée ?

Comment réussir aussi à laisser place au silence pour entendre ce qui résonne à l'intérieur ? Apprendre à se taire pour écouter son coeur battre à l'unisson avec ses rêves les plus fous ? C'est quand on se sent en harmonie avec soi-même qu'on peut se taire en toute confiance… C'est quand on ose s'exprimer sans peur que nos ailes se déploient pleinement.

Marie Levavasseur et Gaëlle Moquay

« Un vieil indien explique à son petit-fils que chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent bataille. Le premier loup représente la sérénité, l'amour, la gentillesse, le second loup représente la peur, l'avidité et la haine. « Lequel gagne ? » Demande l'enfant. « Celui que l'on nourrit. » Répond le grand-père. » Sagesse Amérindienne

Comme dans mes précédents textes, j'ai développé une écriture symbolique et poétique qui emprunte à l'univers du conte. Pour ce récit initiatique, je me suis inspirée de l'ambiance des contes nordiques, de l'univers du froid et des loups. J'ai imaginé l'histoire d'une petite louve qui bouscule son environnement parce que son coeur déborde de toutes parts. La narration est prise en charge par Lova, sa petite fille, qui part sur les traces de l'enfance de cette grandmère qui vibre à l'intérieur d'elle.

La question de la langue et celle du langage sont au coeur de l'écriture. Cette histoire se passe dans un pays où les émotions, comme le paysage, sont recouverts par la neige, comme étouffés. Pour raconter cette ambiance, j'avais envie que les spectateurs puissent entendre par intermittence des sonorités venues d'ailleurs, des mots slaves, qui nous plongent dans une atmosphère plus feutrée.

Cette dimension dans l'écriture permet d'appréhender le récit autrement que par le sens premier des mots. Face à une langue qu'on ne maîtrise pas, il nous faut décrypter ce que l'on reçoit avec d'autres antennes, se relier à d'autres sensations.

Certaines parties du texte sont donc traduites en russe, la langue maternelle de la comédienne qui interprète la petite Louve.

J'avais aussi envie d'inventer une autre langue, accidentée et poétique, comme peut l'être celle des enfants. C'est le langage de Lova, la narratrice de cette histoire. Ce personnage en quête de sens, n'est pas en place au début de la pièce et ses mots trahiront souvent ses émotions, comme si sa pensée s'emmêlait, donnant lieu à une prose presque surréaliste.

Des figures sensibles et attachantes

Prototype de la petite Louve

Les marionnettes ont une place importante dans le spectacle. Elles sont à l'échelle de la petite louve. Ce sont les lapins, le père-noël, Renardeau et son frère…

L'envie était de créer une famille de personnages « animaux » à la fois attachante et sympathique. Pour cela, nous nous sommes inspirés, avec Julien Aillet, de figures de peluches que nous avons détournées ou customisées.

Cette représentation familière permet de créer une proximité avec les jeunes spectateurs -ils peuvent s'identifier et entrer facilement dans le conte-, mais elle propose à l'inverse une distance nécessaire pour prendre du recul avec l'histoire. Cette théâtralité m'amuse. Elle amène une dimension ludique renforcée ici par les différentes échelles de jeu entre les personnages, comme Lova ou le cerf, interprétés par les comédiens.

L'envie était aussi de démystifier l'univers des loups à la fois inquiétant et fascinant, même si cette figure est plus évoquée en arrière-plan. C'est à travers la figure féminine de la Louve que l'histoire est racontée. Les louves exercent un pouvoir plus rassurant. Elles sont plus protectrices et maternelles. Elles rassurent et structurent, deux fonctions du langage qui sont mis en avant dans le propos de la pièce.

Les groupes « témoins de création », de véritables collaborateurs artistiques

Enfant loup

Plusieurs temps de collectages et de recherches ont été menés simultanément aux périodes de labos et de répétitions, notamment avec des groupes témoins avec qui nous avons échangé sur plusieurs mois.

Ce fut le cas en 2017/2018 avec des enfants d'un village près de Dieppe, dans le cadre d'un CLEAC, en partenariat avec la Scène Nationale de Dieppe.

Ce travail d'échanges, d'ateliers et de collectage s'est poursuivi en 2018/2019 en région Hauts-de-France (Saint- Martin-Boulogne, Loos-en-Gohelle, Dunkerque, Amiens), en parallèle de nos répétitions.

Différents procédés ont été utilisés pour recueillir la parole des enfants : propositions artistiques de l'équipe dans des classes, ateliers philo, échanges lors des répétitions ouvertes, interviews et captations sonores… Toute cette matière a nourri de façon très directe le travail d'écriture du spectacle.

Lila, 4 ans 1/2 : Quand on est petit comment on fait pour faire rentrer son émotion qui est trop grande ?
Nolan, 4 ans : On peut la plier en mille morceaux !