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saison 2018/2019

SAM 27 AVRIL 11H & 16H
durée 30 minutes
RÉSERVER
GRANDE SALLE
jauge limitée
tarif D
THÉÂTRE
JEUNE PUBLIC
dès 1 ans

séances scolaires jeu 25 avr 9h30 & 11h & 14h15 | ven 26 avr 9h30 & 11h & 14h15.

À l'ombre d'un nuage

MISE EN SCÈNE JEAN-PHILIPPE NAAS
COMPAGNIE EN ATTENDANT…

 

Un livre qui prend vie, en musique et en image.

À l'ombre d'un nuage, c'est d'abord un espace dans lequel on pénètre sans chaussures. Un endroit accueillant avec des livres pour les tout-petits, une musique douce et une lumière chaleureuse qui invitent à la rêverie. Une comédienne un peu jongleuse, un peu magicienne, est présente quand les spectateurs s'installent. Elle tient dans ses mains un très grand livre qui raconte l'histoire d'un nuage. Ce nuage cherche à prendre son envol pour partir à la découverte du monde et de ses semblables. Le spectacle se déploie ensuite comme une balade au gré des nuages, du vent, des montagnes et des ruisseaux. Les éléments arrivent peu à peu par surprise, s'installant au fil de la déambulation du personnage. Les saisons défilent joyeusement, dévoilées par les lumières, les ombres et les sons. C'est un instant de poésie tout en couleur pour les tout-petits. Un moment à partager en famille, pour ressentir le plaisir et l'aventure des premières pages tournées...

Interprète Aurélie Varrin ou Lionel Chenail. Scénographie Mathias Baudry. Lumières Nathalie Perrier. Musiques Julie Rey. Collaborateur artistique Michel Liégeois. Régie générale, son Samuel Babouillard.

Aide DRAC Bourgogne Franche-Comté, Conseil régional Bourgogne Franche-Comté, Conseil départemental de la Côte-d'Or, ville de Dijon. Soutien de l'Abreuvoir à Salives.

© photo : S. Bozon & V. Arbelet

Site de la compagnie


Le livre
Le point de départ de ce projet, c'est ce moment de partage si singulier entre  un enfant et un adulte lors de la lecture d'un livre. Un livre qui relie. Le livre  sera présent en tant qu'objet dans l'espace du public et scénique. Les adultes  spectateurs seront invités à le manipuler, le regarder, le découvrir, le raconter  avant le début du spectacle. Le livre sera présent aussi en tant qu'univers  visuel et narratif fort. L'espace scénique va progressivement se remplir des  éléments issus du livre (des formes, des objets...).  Livre et scène se confondent. 

L'espace du spectateur
Comment réunir dans un même espace des adultes  et des enfants en bas âge. Comment gérer cette  différence de taille entre adultes et enfants ?  Pourquoi vouloir asseoir des enfants qui découvrent  le plaisir de se déplacer. Nous avons fait le choix de  ne pas rester dans la frontalité et de proposer aux  spectateurs la position allongée. Enfant et adultes  seront sur un même niveau, pour regarder les images  et les projections, laisser son esprit vagabonder. 

La place du texte
Vincent Godeau va concevoir un imagier sans texte,  mais avec une histoire dans laquelle on va suivre les  aventures d'un nuage. Le spectacle sera la rencontre  entre cette épopée et le personnage qui lit au début  du spectacle. Il y aura certainement une bande-son  avec une voix qui lit un texte. Ce dernier viendra se  superposer au récit du nuage pour créer un univers  onirique. 


La littérature occupe une place singulière dans le parcours de la compagnie.  ANI-maux, le premier spectacle était tiré de contes d'Alberto Moravia.  Comment Wang-Fô fut sauvé le deuxième est une des Nouvelles orientales de  Marguerite Yourcenar. Deux spectacles motivés par l'envie de faire découvrir  des écritures fortes. Pour L'ombre d'Emma, Là où souffle le vent, Ô et Alors ?  Nous avons travaillé avec l'auteure-illustratrice, Kitty Crowther. Et depuis huit  années, l'auteur Denis Lachaud nous accompagne. 

Au cours de nos résidences en milieu scolaire, nous avons rencontré beaucoup  d'enfants qui mettaient le livre à distance, comme une chose extérieure à eux.  La compagnie a donc engagé une réflexion sur le plaisir de la lecture et la place  du livre dans la construction de l'individu. Comment réduire cette distance  pour que le pouvoir des mots opère en eux ? 

Le livre permet de s'absenter du monde quelques instants pour peut-être  mieux y revenir. Il peut aider à mieux comprendre le monde, mieux  l'appréhender, mieux se comprendre aussi. Si c'est avec nos yeux que  nous lisons, c'est bien tout notre être que nous projetons dans la fiction,  tout notre corps qui fait écho à l'aventure de la lecture. Lire est une action  d'intériorisation intense mais pas spontanée. Il faut apprendre à lire et cet  apprentissage n'est pas que technique. Il est l'apprentissage d'une projection  hors de soi, du "transport" en d'autres lieux, sous d'autres identités. C'est une  action qui, dans ce mouvement de retrait en soi, nous porte aux confins du  monde connu, inaccessible, non advenu, sans que rien d'autre que nous ne  soit en jeu. 

Le rapport au livre comme toute pratique culturelle n'est pas inné.  Si l'environnement familial n'est pas propice à la présence des livres auprès  de l'enfant, il faut quelqu'un pour favoriser la rencontre avec ce dernier. Le  livre est un objet qu'il faut fréquenter, apprivoiser pour avoir une chance de  l'adopter. Et c'est bien avant l'apprentissage de l'écriture et la lecture que  l'enfant doit être sensibilisé au livre. 


En novembre 2012, la compagnie crée le spectacle Ô à l'adresse des enfants à  partir de 3 ans. Ô raconte l'histoire d'un petit homme qui veut une histoire avant  de s'endormir. Toujours la même histoire ! L'histoire du lièvre, du cerf, du renard,  du lynx et du hibou. Épuisé, il s'endort sans entendre la fin du récit. Un peu plus  tard, il se réveille en sursaut. À côté de lui un très grand livre. Curieux, il se met en  marche avec le livre sous le bras. S'ensuit une traversée poétique qui le conduira  de paysage en paysage. D'émotion en émotion. Durant cette épopée nocturne  telles les pages d'un livre, le décor tourne et les séquences se succèdent. La  douceur de la voix-off du narrateur, à l'ouverture du spectacle, apaise les enfants  et créé un sas pour entrer calmement dans l'univers contemplatif de la pièce.  Dès la première année de tournée, nous avons accueilli des classes uniques de  villages avec des enfants de moins de trois ans. Et depuis quelque temps des  crèches viennent assister au spectacle. 

Depuis trois saisons, à la demande du Nouveau Relax à Chaumont, la  compagnie anime des ateliers de théâtre d'ombres pour des assistantes  maternelles et les enfants dont elles s'occupent. Les après-midi ce sont les  familles qui participent aux ateliers. C'est un espace d'expérimentation et de  recherche nouveau pour la compagnie. Nous avons pu entre autres constater  la fascination des bébés pour les images, les ombres et leurs forts contrastes. 


Depuis ses débuts en 2001, la compagnie en attendant ambitionne de créer un  théâtre qui sollicite l'imaginaire du spectateur. Le moyen choisi est de limiter  l'information, d'adopter à tous les niveaux, une attitude minimaliste. Quelques  gestes essentiels, quelques notes et respirations choisies, le plateau est presque  nu. Silence et lenteur permettent à chaque spectateur de se poser des questions,  trouver ses réponses et de se raconter sa propre histoire. 

Les spectacles se suivent et se répondent. Ils progressent par ricochets. Et  derrière l'apparente diversité des formes, le corps, la construction de soi et la place  de l'autre dans cette construction constituent la colonne vertébrale du travail de  la compagnie. Une approche sensible, émotionnelle du théâtre où le corps est  vecteur de sens. 

Création, diffusion et sensibilisation constituent les trois pôles indissociables de  l'activité de la compagnie. Et pour être au plus près de ce que vivent les enfants  et les adolescents, auxquels elle s'adresse prioritairement, régulièrement, elle  réside dans des établissements scolaires. Ce dialogue avec des populations  sur des territoires est rendu possible par quelques structures culturelles qui  accompagnent de longue date la démarche de la compagnie et par la constitution  d'une véritable équipe artistique.   

Qu'est-ce qui a déclenché la création de ce spectacle ?
Début 2016, le conseil départemental de la Côte-d'Or lance un appel à projets dans le cadre de la semaine de la petite enfance. Il s'agit de diffuser un spectacle, d'animer des ateliers parents-enfants et d'encadrer une formation à destination des personnels de la petite enfance. Le thème de cet appel est : le livre et le tout-petit.

Jusqu'à présent, je ne me suis jamais aventuré sur le territoire des bébés. En tant que spectateur, je suis souvent resté à quai, observant plutôt les réactions des enfants. Cela a suscité chez moi beaucoup d'interrogations sur la pertinence d'un geste artistique adressé à des enfants si jeunes.

Il y a plusieurs années, la compagnie a engagé une réflexion sur le plaisir de la lecture et la nécessité du livre dans la construction de l'individu. Suite à cette recherche, en novembre 2012, la compagnie crée le spectacle Ô à l'adresse des enfants à partir de 3 ans. Dès la première année de tournée, nous accueillons des classes uniques de villages avec des enfants de moins de trois ans et plus récemment des enfants en crèche. Depuis quatre saisons, à la demande du Nouveau Relax à Chaumont, la compagnie anime des ateliers de théâtre d'ombres pour les assistantes maternelles et les enfants dont elles s'occupent. C'est un espace de recherche nouveau pour la compagnie. Je suis fasciné par l'attention des tout-petits. Ces différentes expériences me donnent envie de répondre à l'appel à projet du département.

Quelle est l'origine du spectacle ?
Notre point de départ, c'est ce moment de partage si singulier entre un enfant et un adulte lors de la lecture d'un livre. Ce moment où l'enfant et l'adulte se posent avec le regard qui converge vers des images ; la proximité des corps et des respirations. Un livre qui relie.
Au cours de nos résidences en milieu scolaire, nous avons rencontré beaucoup d'enfants qui mettaient le livre à distance, comme une chose extérieure à eux. Comment réduire cette distance pour que le pouvoir des mots opère en eux ? Le rapport au livre comme toute pratique culturelle n'est pas inné. Si l'environnement familial n'est pas propice à la présence des livres auprès de l'enfant, il faut quelqu'un pour favoriser la rencontre avec ce dernier. Le livre est un objet qu'il faut fréquenter, apprivoiser pour avoir une chance de l'adopter. Et c'est bien avant l'apprentissage de l'écriture et la lecture que l'enfant doit être sensibilisé au livre.

Pourquoi ce titre ?
C'est très étrange de donner un nom à un spectacle qui n'existe pas. C'est parfois laborieux, celui-ci est venu très vite. L'ombre, c'est assez évident, car cela s'inscrit dans la continuité de notre recherche en théâtre d'ombres à Chaumont. Pour "nuage", je me suis dit que les bébés ont souvent le ciel comme ligne de mire, allongés dans le lit, dans la poussette en balade. Peut-être sont-ils attirés par les formes mouvantes, lentes et contrastées des nuages. C'est amusant, car après la création du spectacle, j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de nuages représentés dans l'univers des tout-petits.

Pourquoi avoir fait appel à l'illustrateur Vincent Godeau ?
J'ai rencontré Vincent lors d'un festival, il y a quelques années. Nous avions tenté de collaborer lors de la création de Ô, mais le projet était déjà trop avancé pour lui laisser assez d'espace. Avec Michel Liégeois, lorsque nous avons répondu à l'appel à projets, nous avons tout de suite pensé à lui, son univers coloré, contrasté et poétique nous paraissait adapté aux tout-petits. Au départ, j'ai proposé à Vincent de concevoir un livre pour les bébés, une sorte d'imagier. J'imaginais ce livre présent au début du spectacle, à partager entre parents et enfants. Je pensais ensuite donner vie aux images du livre. Mais finalement, ses objets et ses images ont trouvé place directement dans le spectacle.

Comment s'est passée la création du spectacle ?
Le temps dont nous disposions pour les répétitions était très court, deux semaines. Cela évite de se poser trop de questions. On se fie aux intuitions. Nous avons beaucoup échangé en amont avec Vincent Godeau et Mathias Baudry le scénographe. Avec Mathias, nous avons réfléchi à un espace de jeu à partir de l'univers de Vincent. Vincent nous a envoyé beaucoup de croquis. Nous avons retenu des éléments de paysage : arbre, colline, rivière. Mais surtout un nuage qui se transforme en différentes choses, un nuage qui joue avec le paysage. En lien avec l'idée que lorsqu'on regarde des nuages dans le ciel, on essaie de trouver à quoi ils ressemblent.

En amont des répétitions, avec Mathias, Nathalie Perrier (l'éclairagiste) et Vincent Regnard (le comédien) durant deux journées, nous avons travaillé sur l'espace de jeu et du spectateur et sur les premiers objets à manipuler. Nous avons abandonné le bi-frontal auquel je songeais initialement pour mieux intégrer les jeunes spectateurs, pour un rapport plus classique. La pratique du jonglage par Mathias dans sa jeunesse a été un gain de temps énorme dans la conception des objets à manipuler.

L'objectif de notre première semaine de répétitions à L' Abreuvoir de Salives était de finaliser tous les objets, de trouver la place de chaque chose et de composer une image finale. Nous avions une contrainte forte pour la scénographie et la lumière, car le spectacle devait se jouer dans des lieux non-équipés. Pour Nathalie, la création lumière devait se faire pour une prise 220v ! Tout s'est mis en place très vite, le tandem Mathias-Vincent a produit une série de formes en aplat. Le spectacle est apparu comme un livre ouvert, un pop-up. Au début, tout est là, à plat. Le personnage révèle les choses, comme des pages qu'on tourne.

Un mois plus tard, nous nous sommes retrouvés pour une deuxième semaine de répétitions, sans Vincent Godeau cette fois-ci. Entre temps, les prototypes sont devenus des décors. Nous devions trouver le trajet entre chaque chose, le parcours du personnage. Nous avions un début, une image de fin, il fallait relier tout ça !

Quel est la place de la musique dans le spectacle ?
Pour Du temps que les arbres parlaient, notre première collaboration, j'avais dit à Julie Rey (musicienne et compositrice) que je voulais de la guitare électrique pour évoquer la tension entre les deux personnages. Pour À l'ombre d'un nuage, elle m'a demandé quel instrument j'imaginais. Nous avons parlé de piano, de douceur, de sons répétitifs, de notes tenues... Je crois que nous nous sommes compris au-delà des mots, car toutes les pistes sonores ont été créées avant les répétitions.

La musique accompagne l'entrée du spectateur. Elle est également présente à chaque fois que le comédien apporte un nouvel élément de décor. La musique installe des climats qui soutiennent le jeu du comédien. Il y a aussi beaucoup de silences dans ce spectacle. C'est une dimension essentielle dans mon écriture scénique, laisser des respirations pour que l'imaginaire du spectateur ait assez d'espace pour se déployer.

D'où vient ce texte que l'on entend à la fin du spectacle ?
Mon précédent spectacle pour les petits commençait par la lecture d'une histoire à un enfant avant qu'il ne s'endorme. Il s'ensuivait une traversée poétique sans lien évident entre les différentes séquences. Une narration déstructurée qui bousculait un peu les adultes.
Pour À l'ombre d'un nuage, je voulais une autre dramaturgie. J'avais envie de rendre le spectateur actif, surtout l'adulte. Qu'il se pose des questions. J'avais confiance dans la capacité d'attention et de contemplation du tout-petit, mais je savais que l'absence de texte pouvait déranger l'adulte. Durant nos recherches, j'ai été très inspiré par un livre sans texte, ou plutôt dont le texte est à la fin du livre.

On peut regarder le livre comme on veut, d'abord les images et ensuite le texte, l'inverse ou un peu des deux. J'ai donc cherché un texte pour le moment final où le personnage est adossé à l'arbre avec le livre ouvert. Michel Liégeois est venu en répétition avec un album des années 60 sur la création du monde écrit par des enfants. Comme notre spectacle commençait à ressembler à une cosmogonie, j'ai trouvé le texte approprié. Il peut rassurer l'adulte, lui donner des clefs de lecture, mais ce n'est pas un texte explicatif, il est poétique.

Est-ce que cette première expérience en direction de la petite enfance a suscité d'autres désirs de spectacles ?
La tournée du spectacle avec le département a été une aventure très forte. Grâce au travail acharné des personnels de la petite enfance des agences solidarité familles, nous avons pu rencontrer des populations très éloignées de la culture. Ce qui s'est joué durant le temps du spectacle entre parents et enfants m'a profondément marqué. Je n'ai pas envie d'en rester là. Très vite est né le désir d'un cycle de spectacles pour permettre la rencontre du tout-petit et de ses parents avec les arts. Après le livre, nous allons aborder la musique, le chant, la peinture et la danse. Nous allons créer Cependant, Marcher dans le vent et Nos maisons. Après Vincent Godeau pour À l'ombre d'un nuage, je vais passer commande à trois autres illustrateurs. Les premiers chantiers auront lieu en 2019 et le premier spectacle sera créé en 2020.