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saison 2018/2019

TEMPS FORT POÉSIE ET POLITIQUE

Comment une heureuse idée poétique peut-elle être porteuse d'une dimension politique ?
Ou comment une rêverie politique peut-elle se révéler en décision poétique ?

MAR 13 NOVEMBRE 20H
durée estimée 1h15
RÉSERVER
LE DRAKKAR
tarif A
THÉÂTRE
dès 15 ans

AUTOUR DU SPECTACLE
scène ouverte

Désobéir
Le monde était dans cet ordre là quand nous l'avons trouvé

TEXTE MATHIEU RIBOULET
MISE EN SCÈNE ANNE MONFORT
COMPAGNIE DAY-FOR-NIGHT
COPRODUCTION DSN

 

Comment se positionner dans un monde où la solidarité est assimilée à un délit ?

Tout part de là : de l'histoire vraie de Rob Lawrie, routier, qui a tenté de sauver une petite fille de la jungle de Calais. Il est question de délit de solidarité. Finalement, il est condamné pour non-respect du code de la route. Les trois acteurs/personnages prennent en charge tour à tour la reconstitution du procès, une prise de parole intime, personnelle, puis tentent de se retirer d'un monde qui ne leur convient plus. Le décor est accidenté, mobile, comme l'espace de ceux qui disent « non », ceux qui sont réduits au mieux à des délinquants, au pire à des terroristes.

Que pourrait être cette communauté de désobéissants où l'on établit des principes, les enfreint, où les réseaux d'alliance changent ? Quel espace politique construire ? On s'interroge sur ce « nous » qu'on voudrait créer hors de l'état pour inventer ensemble un état plus juste. On rêve à s'aimer, à inventer autre chose, à construire…

 

« Ne pas donner de réponse ou de solution mais "organiser un peu de pensée" (…), tel peut être l'espace du théâtre. C'est ce qui se joue en ce moment dans la première adaptation théâtrale des textes de l'écrivain et réalisateur Mathieu Riboulet par la metteuse en scène Anne Monfort ». Mathilde Serrell, France culture

 

La sélection bibliographique de la librairie-café dieppoise La Grande Ourse en lien avec ce spectacle.

Écriture de plateau d'après Entre les deux il n'y a rien et Les Œuvres de miséricorde (éditions Verdier) Mathieu Riboulet. Conception et mise en scène Anne Monfort. Dramaturgie Laure Bachelier-Mazon. Avec Katell Daunis, Pearl Manifold, Jean-Baptiste Verquin. Scénographie et costumes Clémence Kazémi. Création, régie lumières et régie générale Cécile Robin. Création sonore Julien Lafosse.

Production day-for-night. Coproduction CDN Besançon – Franche-Comté, DSN – Dieppe Scène Nationale, Le Colombier – Bagnolet. Soutien ADAMI, Théâtre-Cinéma Paul Éluard de Choisy-le-Roi, Nouveau Théâtre de Montreuil – CDN et la ville de Besançon. Le spectacle s'est répété au Théâtre-Cinéma Paul Éluard de Choisy-le-Roi, à DSN – Dieppe Scène Nationale, au Nouveau Théâtre de Montreuil – CDN et au Colombier – Bagnolet. Remerciements à Anne Saulay et ses élèves de master de l'IEP Paris pour leur travail préparatoire sur l'écriture du projet et à Lucile Abassade, Anne Lassalle, avocates, et Rob Lawrie. La compagnie day-for-night est conventionnée par la DRAC Bourgogne – Franche-Comté, soutenue dans ses projets par la Région Bourgogne Franche-Comté, par le Conseil départemental du Doubs et la Ville de Besançon. Elle est en compagnonnage DGCA avec l'auteur Thibault Fayner.

© photo : Luc Arasse

Site de la compagnie


En 2015, comme de nombreuses personnes, je signe la pétition de soutien à Rob Lawrie, qui a tenté de sauver une petite fille de la jungle de Calais. On parle de délit de solidarité, les cas se multiplient, finalement Lawrie est condamné pour non-respect du code de la route. Comme beaucoup de mes concitoyens, je m'interroge, intimement, sur notre vivre-ensemble, sur les lois mal faites, qu'on n'a pas envie de respecter. Que s'est-il passé, à quel moment n'a-t-on pas bien regardé, quand l'Europe a-t-elle échoué à se construire, s'est-elle avérée incapable de respecter les droits humains qu'elle avait formulés ?

En relisant Henry David Thoreau, le premier théoricien de la désobéissance civile, en compulsant les textes philosophiques ou journalistiques mettant en jeu cette question, je pense, au départ très intuitivement, aux films de Jacques Rivette et à Entre les deux il n'y a rien de Mathieu Riboulet. Et je me dis que oui, « ça commence toujours avant », que le texte Entre les deux il n'y a rien évoque les années 70 mais parle surtout tellement d'aujourd'hui, de ces époques bloquées où le monde vacille, se déplace sur son axe pour aller un peu plus vers la droite et où l'on meurt d'envie d'en découdre, et que le projet, littéraire, de Riboulet recoupe mon projet, lui, d'écriture de plateau. Au sens où, plus que jamais, il me semble nécessaire de parler du monde, de ses urgences, du politique, et de trouver une forme poétique et picturale pour en parler, de confronter la violence du réel d'aujourd'hui à une tentative physique et charnelle d' « organiser un peu de pensée ».

Les trois acteurs/personnages prennent en charge tour à tour la reconstitution documentaire du procès, une prise de parole intime, personnelle, puis vont tenter, tel Henry David Thoreau, de se retirer d'un monde qui ne leur convient plus. Que pourrait être cette communauté de désobéissants où l'on établit des principes, les enfreint, où les réseaux d'alliance changent ? On s'interroge sur ce « nous » qu'on voudrait créer hors de l'état pour inventer ensemble un état plus juste. On rêve à s'aimer, à inventer autre chose, à construire… « Que faire de tous ces morts, où vivre, comment s'aimer ? »

Anne Monfort


Après No(s) révolutions en 2016, la metteure en scène Anne Monfort continue d'explorer le thème de la désobéissance politique à travers un spectacle polymorphe interprété par Katell Daunis, Pearl Manifold et Jean-Baptiste Verquin. Issu d'un travail d'écriture de plateau, Désobéir – Le monde était dans cet ordre-là quand nous l'avons trouvé tire sa matière d'un roman de Mathieu Riboulet (Entre les deux il n'y a rien), d'une reconstitution documentaire du procès de Rob Lawrie (citoyen britannique jugé pour avoir tenté de faire sortir une fillette de quatre ans de la « jungle de Calais »), ainsi que d'improvisations inspirées de films de Jacques Rivette et de situations de jeu sur la confiance en l'autre… Entre paroles intimes, contrepoints poétiques et récits de notre époque, Katell Daunis, Pearl Manifold et Jean-Baptiste Verquin nous interrogent sur la notion d'insoumission. Et donnent vie au projet de théâtre auquel la metteure en scène Anne Monfort travaille depuis bientôt 18 ans : « parler du monde, de ses urgences, du politique (…), confronter la violence du réel d'aujourd'hui à une tentative physique et charnelle "d'organiser un peu de pensée" ». La Terrasse

Le jeu était risqué. Il est très compliqué de traiter un sujet comme celui-ci avec suffisamment de finesse et de faits pour étayer sans être misérabiliste, toucher sans tirer les larmes. Les comédiens sont beaux, droits dans leurs bottes, justes malgré les quelques pièges tendus par un texte dense et un plateau exigeant. On retrouve Pearl Manifold après Morgane Poulette, toujours aussi mordante, avec la maîtrise parfaite du verbe et le port d'une lady Hamlet. Pari tenu. 800 Signes

Après l'incandescent Morgane Poulette en octobre, Anne Monfort revient au théâtre Le Colombier à Bagnolet avec un autre texte brûlant et poétique. Désobéir fait le constat des tragédies humaines que connaît l'époque, et interroge, avec une parole poétique et des images fortes, la faillite de la collectivité européenne à produire une réponse à hauteur des enjeux. Même si la pièce n'évite pas toujours les facilités, elle frappe juste, servie par trois acteurs bouillonnants de la rage de porter le texte. Une belle réussite. Toutelaculture.com

Le spectacle pose clairement la question des raisons qui nous poussent à désobéir ? Que faire, quand on nous contraint d'appliquer une loi injuste ? De quoi les colères se nourrissent-elles ? En fait la désobéissance est un acte fondamentalement subjectif, personnel, mais qui nous concerne tous. Plusieurs autres dilemmes sont évoqués ici. A partir d'improvisations autour des notions de désobéissance et de communauté puisées dans les films de Jacques Rivette et des situations de jeu où l'on fait ou pas, confiance à l'autre…. Les trois acteurs prennent en charge tour à tour la reconstitution documentaire du procès, mais aussi ont une parole intime, personnelle et sont tentés comme Henry David Thoreau, de se retirer d'un monde qui ne leur convient plus. Anne Monfort a fait se croiser ces improvisations et le récit auto-fictionnel de Mathieu Riboulet. Et pour parler du monde d'aujourd'hui, elle a su trouver une forme poétique et picturale en « confrontant la violence du réel à un essai physique et charnel pour organiser un peu de pensée. Théâtre du Blog