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saison 2017/2018

THÉÂTRE / MERCREDI 14 MARS 20H / LE DRAKKAR / DURÉE 1H15 / TARIF A / CONSEILLÉ À PARTIR DE 11 ANS RÉSERVER
SÉANCES SCOLAIRES : MAR. 13 MARS 10H & 14H

La Rivière

TEXTE DENIS LACHAUD MISE EN SCÈNE JEAN-PHILIPPE NAAS  

COMPAGNIE EN ATTENDANT… CRÉATION / COPRODUCTION DSN

Que reste-t-il des histoires qu’on nous racontait enfants, comment ont-elles influencé nos vies ?

 

En résidence de recherche dans l'agglomération dieppoise pendant la saison 15/16, la compagnie en attendant… revient créer La Rivière à DSN.

Trois frères entreprennent de vider une maison de famille. Disparition des parents ? Vente d'une résidence de vacances ? On le découvrira au fur et à mesure. Chacun trie ce qui lui paraît souhaitable de jeter ou de garder. Et, parmi les trésors anciens mis à jour, apparaissent des objets qui ravivent des souvenirs. Un jouet oublié, un instrument de musique… Peu à peu, ils plongent dans leur passé. L'apparition d'une flûte fait naître une discussion autour des histoires que les parents racontaient le soir, avant que chacun plonge dans le sommeil. Ils évoquent leurs versions du Joueur de flûte de Hamelin. Différentes interprétations émergent quant au sens à donner à la fin de l'histoire et révèlent alors leurs différents rapports au monde, à la parole, à l'étranger.

Jean-Philippe Naas et Denis Lachaud ont tissé ensemble cette histoire, née de leurs questionnements sur le plaisir de la lecture et la place du livre dans la construction de l'individu. Tout comme la flûte a sauvé ou condamné les enfants de Hamelin, une œuvre littéraire peut-elle avoir un rôle dans nos vies ?

texte Denis Lachaud. Mise en scène Jean-Philippe Naas. Avec Christophe Carassou, Antoine Ferron et Sylvain Pottiez. Scénographie Mathias Baudry • Lumières Nathalie Perrier. Costumes Juliette Barbier. Musique Julie Rey. Régie son Samuel Babouillard. Régie générale Julien Poupon.
Production Audrey Roger. Production Audrey Roger. Avec l’aide de la Ville de Dijon, du Conseil départemental de la Côte-d’Or, du Conseil régional de Bourgogne Franche- Comté, de la DRAC Bourgogne Franche-Comté, et avec le soutien de DSN – Dieppe Scène Nationale, de l’Abreuvoir (Salives), du Nouveau Relax (Chaumont) et de de l’Agence Culturelle d’Alsace de la Ville de Dijon, du Conseil départemental de la Côte-d’Or, du Conseil régional de Bourgogne Franche- Comté, de la DRAC Bourgogne Franche-Comté, et avec le soutien de DSN – Dieppe Scène Nationale, de l’Abreuvoir (Salives), du Nouveau Relax (Chaumont) et de de l’Agence Culturelle d’Alsace.

© photo : V. Muller

Site de la compagnie


Depuis ses débuts en 2001, la compagnie en attendant... ambitionne de créer un théâtre qui sollicite l'imaginaire du spectateur. Le moyen choisi est de limiter l'information, d'adopter, à tous les niveaux, une attitude minimaliste. Quelques gestes essentiels, quelques notes et respirations choisies, le plateau est presque nu. Silence et lenteur permettent à chaque spectateur de se poser des questions, de trouver ses réponses et de se raconter sa propre histoire.

Les spectacles se suivent et se répondent. Ils progressent par ricochets. Et derrière l'apparente diversité des formes, le corps, la construction de soi et la place de l'autre dans cette construction constituent la colonne vertébrale du travail de la compagnie. Une approche sensible, émotionnelle du théâtre où le corps est vecteur de sens.

Création, diffusion et sensibilisation constituent les trois pôles indissociables de l'activité de la compagnie. Et pour être au plus près de ce que vivent les enfants et les adolescents, auxquels elle s'adresse prioritairement, elle réside régulièrement dans des établissements scolaires. Ce dialogue avec des populations sur des territoires est rendu possible par quelques structures culturelles qui accompagnent de longue date la démarche de la compagnie et par la constitution d'une véritable équipe artistique.


Depuis quelques années, la compagnie a engagé une réflexion sur le plaisir de la lecture et la place du livre dans la construction de l'individu. Lire est une action d'intériorisation intense, mais non spontanée. Apprendre à lire est l'apprentissage d'une projection hors de soi, du “transport” en d'autres lieux, sous d'autres identités. C'est une action qui, dans ce mouvement de retrait en soi, nous porte aux confins du monde connu, inaccessible, non advenu, sans que rien d'autre que nous ne soit en jeu. Cette recherche a amené d'autres questions “que reste-t-il des histoires qu'on nous racontait enfant et comment ont-elles influencé nos vies ?”

L'histoire du Joueur de flûte de Hamelin est revenue à ma mémoire. Dans mon souvenir, les enfants sont noyés au même titre que les rats. Je n'ai trouvé aucune version qui se termine de cette façon. Dans la plupart des cas, le joueur de flûte emmène les enfants dans une montagne qui s'ouvre et se referme après leur passage. Ma mémoire se seraitelle arrangée avec la fin du conte ?

Le personnage du joueur de flûte est souvent décrit comme étrange, pas forcément aimable. Mais son étrangeté ne vient-elle pas simplement du fait qu'il est un étranger dans cette ville repliée sur elle-même ? L'autre est-il une menace ou une richesse ? Si le lecteur prend facilement son parti quand il est abusé par les bourgeois de la ville, il est gêné par l'ampleur de sa vengeance si l'on considère qu'il emmène les enfants pour un aller simple vers l'inconnu (la mort ?). Ou bien faut-il penser que le joueur de flûte sauve les enfants de la cupidité de leurs parents ? Sauvés par la musique, par l'art.

Assez vite, j'ai compris que je n'avais pas envie d'illustrer scéniquement le conte, ou d'essayer de l'actualiser. Et pourtant, je ne pouvais me défaire de cette histoire. Quelque chose résistait. Je me suis donné du temps. J'ai décidé de passer commande à l'auteur Denis Lachaud. La Rivière sera notre deuxième collaboration. J'avais envie de pousser plus loin le travail d'écriture que nous avions engagé avec Les grands plateaux. Continuer notre exploration du monologue, d'un moment intime de confidence, entrecroiser ces paroles individuelles et inventer une histoire qui relie les différents personnages. Tenir parole, l'humiliation, la vengeance, la place de l'art dans notre société sont autant de pistes de réflexions, de cheminements philosophiques que je souhaite explorer avec l'équipe artistique. Avec l'auteur Denis Lachaud, nous avons choisi la famille comme moyen pour raconter le monde et les tremblements de notre époque.

Jean-Philippe Naas


Il s'agit pour moi de répondre à la commande de Jean-Philippe Naas.
J'aime ce type de défi, répondre à une commande, car il me permet d'aller explorer des territoires sur lesquels je n'aurais jamais songé à m'aventurer seul. C'est aussi l'occasion d'enclencher un projet d'écriture différent. Dans le cadre d'une commande d'écriture, je m'intéresse de près aux raisons qui ont conduit le metteur en scène à me solliciter, je m'efforce de sonder ce qui, en lui, rend ce projet de texte si important, où il prend racine, ce qu'il convoque d'intime. J'ai besoin de passer du temps avec l'intéressé, de le regarder travailler, de lui poser beaucoup de questions, de délimiter avec lui, par la parole, le terrain sur lequel nous allons nous installer.
Il s'agit pour moi, d'écrire un texte que chacun de nous pourra reconnaître comme un objet familier, né de l'alliance de nos deux sensibilités, de nos deux esthétiques.

Lors de notre dernière résidence dans une école primaire, il nous est très clairement apparu que les parents cessent de lire des histoires le soir, quand ils considèrent que leurs enfants savent suffisamment bien lire pour s'en charger seuls. La frontière était très claire : les lectures parentales disparaissaient à la fin du CE 2. Certains enfants de CM1 (âgés de neuf ans) regrettaient ce rituel rassurant.
Je sonde actuellement les adultes autour de moi. Se souviennent-ils de ce moment de “sevrage”, la fin des lectures du soir par les parents ? Et pour ceux qui sont devenus parents, comment se gère cette étape vers une nouvelle autonomie ?
Il semble que se forme, à ce moment-là, le groupe des lecteurs, qui prend en douceur la suite des parents et se plonge, par la lecture, dans l'univers des histoires, de la littérature. Se forme également le groupe de ceux qui décident d'affronter le passage de veille à sommeil d'une autre manière, sans livre, sans histoire imaginaire...
On peut aisément considérer qu'au moment de cette étape – la fin des histoires lues par les parents – se joue un aspect de notre rapport à l'art en tant qu'il nous relie à nos songes.

Denis Lachaud