Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir

D’APRÈS LE FILM LA MAMAN ET LA PUTAIN DE JEAN EUSTACHE
MISE EN SCÈNE DORIAN ROSSEL
COMPAGNIE STT

En témoigne son Oblomov présenté en tout début de saison, Dorian Rossel affectionne particulièrement l’adaptation pour la scène de matériaux bruts tels que des romans ou des bandesDorian Rossel adapte à la scène le chef-d’oeuvre de Jean Eustache La maman et la putain, portrait d’une jeunesse en marge des modèles traditionnels. dessinées. Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir est une adaptation du fi lm La maman et la putain, chefd’oeuvre de Jean Eustache réalisé en 1973. OEuvre culte pour toute une génération, le fi lm retrace les errances d’Alexandre, vivotant entre Marie et Véronika après avoir perdu l’amour de Gilberte. Entre quelques chaises, des coupes de champagne et un tourne-disque, les trois comédiens transcendent ce texte et font entendre le déclin des utopies contemporaines, l’injustice et les souffrances qui découlent des jeux de l’amour. Ces paroles résonnent encore terriblement aujourd’hui, l’errance de leur monde est la nôtre, les époques dialoguent, crise contre crise, lutte des classes contre lutte des classes.

" Tout fait mouche, tout a du sens, même les phrases ou les considérations les plus anodines. Les acteurs sont dans cette retenue et en même temps, comme ils ont tous les trois du talent et une belle personnalité, ils expriment des choses très profondes. C'est vif, rapide, maîtrisé, et répétons-le très drôle." Le Figaro

Rossel restitue le scénario si discursif du film presque in extenso. La génération 68 nous saute aux yeux avec ses élans libertaires, sa gourmandise sexuelle et ses lendemains qui déchantent sur fond de Quartier latin évoqué comme un jardin familier. Télérama (ff)

" Le plus bel hommage a Jean Eustache étant de faire resplendir chaque soir le texte dans le vécu de I'instant." Le Monde Magazine



VIDÉO

 

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Ce film « La maman et la putain » me touche parce qu’il est décalé, libre. Les dialogues sont formidablement bien écrits, parlent du vécu et de la passion, mais Jean Eustache ne cède jamais à la tentation d’un traitement naturaliste. Il en a fait un film-phare de la génération qui a eu entre 20 et 30 ans en 1968. Cette génération nous a élevé et parfois dirige encore les institutions qui nous entourent. Les générations qui ont suivit et jusqu’à la jeunesse d’aujourd’hui ont souvent je crois une perception fantasmée de cette époque. On n’a plus les même engagements, croyances, ou libertés.

Au-delà de l’histoire singulière d’un couple à trois voguant entre jalousie et transgression des normes conjugales, nous pouvons discerner le malaise des personnages. Ils sont perdus dans un monde qui ne fait plus sens : la femme qui « papillonne » dans une quête permanente de désir charnel (la « putain ») ; l’autre femme, qui voit défiler dans son lit les amantes de son conjoint (la « maman »). Au milieu, un homme, errant, épuisant les ressources de la parole pour se masquer une réalité sociale, familiale et professionnelle dans laquelle il ne s’inscrit pas.

Sans proposer de réel propos critique, ce film est plutôt le constat des limites de la société industrielle et productiviste au début de l’ère de la consommation. Malgré l’échec et la frustration de la rencontre amoureuse, il est une magnifique partition lyrique où la force des mots nous entraîne dans un réel désir de l’autre.

J’ai choisi de produire la quasi intégralité du texte, en procédant toutefois à certaines coupes, étant donné la longueur du scénario (le film dure 3h40). Un gros travail sur les dialogues a été mené, en observant avec les acteurs ce matériau singulier par l’écoute des dissonances et des résonances, afin de trouver des réponses scéniques à une écriture cinématographique. Ce film a énormément choqué le public à l’époque de sa création par des propos «érotiques» jugés scandaleux. Aujourd’hui baignés dans une pornographie banalisée, nous ne pouvons provoquer les mêmes réactions mais donner à entendre cette langue singulière qui nous tend un miroir aux discours de nos vies, de notre époque ici et maintenant.

La transposition du cinéma à la scène de théâtre se passe dans une économie de moyens. Si le cinéma peut proposer des séquences où lieux, temps, personnages se succèdent, le théâtre cherche des solutions pour traiter cette diversité sur la scène. Nous avons opté pour le minimalisme en plaçant un code de jeu clair dès le début permettant de suivre, au détour d’un signe ou d’un simple changement d’axe des comédiens, les successions de séquences et les déambulations des personnages. Cela permet de trouver une rapidité du rythme pour une parole qui swingue. Une chaise, un téléphone, quelques accessoires qui rappellent l’époque de Eustache et le déploiement de son texte qui garde, à notre époque encore, sa vivacité, son ironie et son regard percutant sur notre réalité, teinté souvent d’une douce désespérance.

« La maman et la putain » écrit et réalisé par Jean Eustache en 1973, a reçu le Grand prix spécial du Jury à Cannes et le prix de la critique internationale. C’est le matériau central pour aborder cette création : un texte de feu, écrit à partir de la vie et de la passion. C’est bien « d’écriture littéraire du langage parlé » qu’il s’agit ici : la beauté et la tenue du texte, de ses dialogues, le prouvent.

Synopsis
Alexandre est un jeune homme oisif, qui passe son temps à lire dans les cafés du Quartier Latin. Il vit avec Marie – une femme plus âgée que lui – mais est amoureux fou de Gilberte. Celle-ci, toutefois, refuse de l'épouser. Très ébranlé par la nouvelle, Alexandre traîne encore plus que de coutume du côté de St-Germaindes- Prés. À la terrasse d'un café, il remarque une fille qui le dévisage. Il la suit dans la rue. Ils échangent leurs numéros de téléphone et Alexandre ne tarde pas à l'appeler. Elle s'appelle Véronika et est infirmière. Leurs rapports sont d'abord purement amicaux. Alexandre parle beaucoup de lui, de ses angoisses, de sa conception de la vie. Puis il décide d'amener Véronika chez Marie.

PAR JEAN-LUC LACUVE (EXTRAITS)
Loin d’entonner une ode soixante-huitarde à la gloire de la liberté sexuelle, le sujet principal de « La maman et la putain » est la mise en scène du tourment et de la souffrance amoureuse. Ceux-ci sont éternels mais ils sont aussi générateurs de plus de vérité humaine que tout discours idéologique (…)

Le film n’est pourtant pas, selon l’une des expressions d’Alexandre, celui « d’une saison et de 200 personnes ». Il est en effet totalement synchrone avec le contexte social et affectif de son époque, celui de l’après 68. On est déjà, lors du tournage, c’est à dire en 1972, dans la retombée de mai 68, dans le déclin des utopies, sous le règne de la Nouvelle Société, chère à Jacques Chaban-Delmas (cité dans le film). Jean Eustache a su saisir avec acuité ce moment de retombée, le début de cette longue période de grisaille politique et artistique qu’allaient être les années soixante-dix, un peu comme Godard avait pressenti dès 1967 les événements de 68 avec « La chinoise » (pour la théorie) et « Week-end » (pour la pratique). C’est dans cette mesure que La maman et la putain est le film d’une époque et d’une génération.

Si le film capte l’air du temps, ce n’est pas seulement parce qu’il fait allusion, au détour d’une conversation, à Jacques Duclos, au PCF ou à Jean-Paul Sartre, au MLF ou aux lourdes fictions de gauche italiennes. C’est, plus largement, parce que le film dresse un impitoyable état des moeurs affectives et sexuelles de l’époque. En 1972, les restes de l’idéologie issues du mouvement de Mai 68 règnent encore. On a tenté de réinventer le couple et les rapports amoureux, la « libération sexuelle » est devenue une tarte à la crème. Deux figures parmi d’autres tiennent lieu de modèles dans les esprits : le couple moderne et la femme libérée. Toute révolution, si généreuse, si euphorique soit-elle porte aussi son revers répressif. La doxa de l’après 68, c’est « Jouissez ! ». L’erreur fut de croire que des mots d’ordre pouvaient réglementer le désordre des sentiments. Le film de Jean Eustache témoigne avec une rare lucidité de cette idéologie de la liberté sexuelle, feint d’épouser la doxa amoureuse pour en dévoiler la caractère injonctif, répressif, pour en révéler les zones cachées, celles que l’aveuglement produit par des mots d’ordre interdisait de voir : le tourment, la souffrance.

Alexandre, Marie et Veronika sont des personnages très vulnérables et le flux de leur langage apparaît comme la seule façon de colmater la peur d’un silence qui mettrait plus à nu encore les sentiments. Et ce n’est pas par hasard si « La maman et la putain » se termine par une scène de vomissement, comme si Françoise Lebrun rejetait hystériquement l’incroyable quantité de paroles émises pendant le film (…)

La mise en scène consiste donc à donner le texte à l’acteur et de voir comment, imprégné par le film, il va réagir et donner des signes de la vérité du texte et de la situation. Le long monologue de Veronika, immense moment de cinéma, en un seul plan, à la fin du film, joue totalement sur cet écart entre l’énoncé et les marques de l’énonciation. L’émotion terrible de cette séquence qui va jusqu’aux larmes tient aux dissonances entre le discours tenu par Veronika et l’expression de son visage et le son de sa voix qui en disent plus long sur le désarroi du personnage que n’importe quel discours psychologisant qui aurait tenté de faire sentir les contradictions de Veronika.

Cette exigence de cinéma est particulièrement adaptée à la description de la passion amoureuse qui, elle aussi, se nourrit de signes. Le film fonctionne tout entier sur le principe de l’oscillation et du double jeu : entre la sincérité et la simulation (« Regarde le : un maximum de cinéma », dit Marie à Veronika à un moment où vraisemblablement Alexandre en fait un peu trop, en rajoute sur les signes extérieurs de sa souffrance). Cette façon très théâtrale de s’exprimer, Roland Barthes la théorisera et décrira magnifiquement quelques années plus tard (en 1977) dans « Fragments d’un discours amoureux » :
« Drame : le sujet amoureux ne peut écrire lui même son roman d’amour, seule une forme très archaïque pourrait recueillir l’événement qu’il déclame sans pouvoir le raconter ».

Fondée en 2004, la Cie STT a déjà créé une quinzaine de pièces, installations, performances, saluées en Suisse et à l’étranger. Entouré d’une équipe fidèle (Delphine Lanza à la collaboration artistique, Carine Corajoud à la dramaturgie, Muriel Maggos à l’administration et la production), Dorian Rossel favorise le travail d’échange et de partage entre tous les intervenants au projet. Il confère donc une place majeure aux artistes en scène (acteurs, danseurs et musiciens) avec qui il aime poursuivre la collaboration sur le long terme.

Généralement les textes ou support sur lesquelles ils travaillent ( roman, récits film, essai documentaire, ou bande dessinée) ne sont pas empruntés au répertoire théâtral Les spectacles sont conçus dans un va-et-vient entre l’élaboration dramaturgique et le travail du plateau. La dimension empirique de la démarche est fondamentale. Elle implique une réévaluation permanente de ce qui se construit au fil des sessions de recherche et des répétitions. Cela nécessite, par ailleurs, de travailler sur le long terme. Même si le travail dramaturgique est initié avant le début des répétitions, le texte varie continuellement en fonction de ce que génère le travail au plateau.

Le texte ne s’impose donc pas de l’extérieur, mais il est considéré comme un élément parmi les autres langages scéniques, pour que le sens puisse émerger grâce aux autres systèmes de signes. Un geste, un éclairage, une idée scénographique en disent parfois autant qu’un mot, ou parlent différemment, ce qui permet une lecture polysémique. Le travail choral est aussi fondamental, les acteurs étant quasiment toujours tous en scène, passant d’un personnage à un autre sans qu’aucun réalisme ne soit recherché. De ce fait, l’illusion théâtrale est affirmée. Nous privilégions donc les ressources cachées du théâtre, l’inventivité de la scène, par une esthétique qui préfère les vides que les pleins, la retenue plutôt que les effets spectaculaires. Cela afin de laisser les « oeuvres ouvertes », invitant le spectateur à combler les « vides » par son imaginaire. Susciter plutôt qu’imposer.

Selon moi, le spectacle doit apparaître comme quelque chose d’accessible et générer une évidence de plaisir et de partage. Je suis à la recherche d’un théâtre qui rassemble et donne l’envie de se questionner, de s’ouvrir aux autres, de se dépasser, d’apprendre, d’aimer, de retourner au théâtre, de sortir de ses préjugés et de croire au fait qu’il y a toujours une raison de pleurer sur le monde et d’être heureux. Une invitation à entrer dans un univers délicat, exigeant et complexe, miroir de notre monde. DORIAN ROSSEL

CLAUDE KRAIF - REVUE DU SPECTACLE
Le cinéma fait son théâtre et il le fait bien. Le décor est presqu’inexistant. Un tourne disque posé par terre, quelques trente trois tours et 4 chaises. Les comédiens de face ou de profil vont interpréter leurs personnages et le film de Jean Eustache va se dérouler sous nos yeux. Les acteurs se racontent autant qu’ils jouent, ce qui donne aux personnages une présence particulière comme s’ils prenaient les spectateurs à témoin de leur solitude. Une sorte de choeur où chacun joue sa partition. C’est à nous qu’ils s’adressent et nous répondons souvent par le rire dans cette connivence offerte sur un plateau. Les dialogues de Jean Eustache sont à la fois drôles et profonds. Emouvants pour ceux qui ont connu la période des années 60-70. Mais l’époque est encore suffisamment proche pour que rien ne soit changé des préoccupations et des errances amoureuses d’aujourd’hui.
Le dialogue est brillant, élégant, souvent cruel. Pour paraître désinvolte il n’en cache pas moins une certaine désespérance. Dès lors le spectacle fonctionne à merveille. Nous sommes le jeune homme, la maman, la putain, nous nous identifions sans problème, un peu inquiets de la crudité du langage et de l’audace des personnages. Toujours est-il que le public est enthousiaste, entraîné dans la sarabande des mots et des émotions. Bref un exploit, littéraire, cinématographique et maintenant théâtral !

EMMANUEL PINGET - LE COURRIER
Dorian Rossel revisite Eustache et fait mouche
GENÈVE • Misant sur un trio de comédiens sobres et judicieux, le dramaturge crée une œuvre très prenante au Théâtre de l'Usine.

Tout le monde n'a pas forcément une femme, une maîtresse et une amoureuse. Mais Alexandre oui, qui voit Marie, Gilberte et Véronika. Prenez un habile comédien (David Gobet), deux comédiennes pour trois rôles (Anne Steffens et Dominique Gubser), confiez-leur le texte du film La Maman et la putain, et la situation prend corps. Dorian Rossel met en scène Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir, au Théâtre de L'Usine jusqu'à dimanche. Pour sa dernière carte blanche, il s'attache à mettre en valeur le propos et les procédés de narration, réservant un traitement minimaliste à la spatialité comme au décor.
Alexandre navigue ainsi parmi ses trois conquêtes, dont aucune ne lui est vraiment acquise. Epris de sens plus qu' esclave des sens, il parvient à garder une sorte de cap avec sa femme et à faire succomber une jeune nymphomane. Mais trouve moins de réussite auprès de sa maîtresse. Les épisodes, conçus avec simplicité autour d'un discours riche d'idées, d'humour et de logique, le montrent en un stable déséquilibre. Heureux malgré lui, ou à son insu, il traverse avec le plus grand naturel l'incongruité de saynètes relationnelles complexes.
Léger ou profond, le propos tend à suggérer plutôt qu'à asséner, ne se laisse pas circonscrire. Toutes les directions sont potentiellement prises. La forme se développe quant à elle tout en délicatesse. A la fois narrateurs, protagonistes et assistants, les trois comédiens élaborent, avec le metteur en scène et la collaboration de Sandrine Tindilière, un moment fluide en dépit de ses pics sémantiques et dramaturgiques. Notamment par la désinvolture automatisée de leurs déplacements, synchrones et millimétrés.

TOUTE LA CULTURE
[AVIGNON OFF] : CAUSTIQUE ADAPTATION DE LA MAMAN ET LA PUTAIN

Il y a une malédiction à Avignon, les meilleurs spectacles se rencontrent toujours à la fin, et ils sont souvent suisses ! Dans un genre très différent on se souvient d'André qui a eu depuis une belle carrière. Ici, Dorian Rossel adapte à la perfection les rôles du film La Maman et la Putain de Jean Eustache
« -Bonsoir, vous allez bien ?
-Quelle drôle de question ... bien sûr que non ! »
La Maman et la Putain est un film culte de Jean Eustache, hyper ancré dans l'immédiat post-68 qui nous entraîne dans la vie du désabusé Alexandre, pris dans ses émois.
Sur scène, nous sommes dans le symbolique des années 70 : un panier en osier, de grandes lunettes pour Gilberte, une tunique pour Veronika, un blouson court pour Alexandre (David Gobet), un haut à pois pour Marie. La maman, c'est l'officielle, celle avec qui il vit, Marie (Dominique Gubser). La putain c'est la surprise, Veronika, infirmière rencontrée au détour d'un regard aux Deux Magots (Anne Steffens).
La posture est cinématographique, comme dans une lecture de script. Le jeu sera distant, fait de petites choses qui disent tout. Ici, pas d'esbroufe, pas de grandiloquence. Nous sommes dans le dur, dans le cynique, dans le caustique.
Alexandre ne bosse pas, il lit les après-midis et pleure acidement sur son amour perdu : la bourgeoise Gilberte, en bonne voie pour épouser « un cadre». La révolution est déjà loin et plusieurs mois de mai sont passés par là. Alexandre erre et rentre chez lui où vit Marie. Le couple cherche une liberté et en apparence l'assume. En apparence seulement car, malheur de l'âme humaine, la jalousie est là.
Ils parlent, parlent, parlent sans cesse, disent «baiser» à tout va, en le disant plus qu'en le faisant, sans trop en dire, ils iront jusqu'au trop plein, au débordement.
Tour de force, on se souvient du film grâce à l'excellent trio de comédiens mais à aucun moment on ne cherche à retrouver Jean-Pierre Léaud dans David Gobet.
Il est passionnant de revoir ce prix du Jury du festival de Cannes 1973 dans une version raccourcie et théâtrale, et ce en 2014. Tout nous semble désuet, à commencer par le tourne-disque qui crache ses vinyles. Eux aussi sont dans la nostalgie du temps d'avant, et écoutent des vieux disques de Marlène Dietrich. L'errance de leur monde est la nôtre, les époques dialoguent, crise contre crise, lutte des classes contre lutte des classes.
Pendant l'entrée public, on entend Maurice Chevalier chanter:
« Dans la vie faut pas s'en faire
Moi je ne m'en fais pas
Toutes ces petites misères
Seront passagères
Tout ça s'arrangera »
On glisse avec eux dans leur écume des jours, où ils découvrent l'impossibilité de ne pas être bourgeois, à deux, classiquement. Le coût de leur liberté leur donne la nausée.
Le spectacle est parfait, faut-il ajouter autre chose ? Allez-y ...

DORIAN ROSSEL
Né en 1975 à Zurich, Dorian Rossel sort diplômé de l’Ecole Serge Martin à Genève en 1996. C’est avec le collectif transdisciplinaire Demain on change de nom (1998–2005), qu’il mène ses premières créations.
En 2004, il fonde la Cie STT (Super Trop Top). Ses productions s’écha­faudent d’abord entre le théâtre de l’Usine (Genève), l’Arse­nic (Lausanne) et Château Rouge (Annemasse).
Entre 2008 à 2011, il est Artiste Associé à la Comédie de Genève où il crée Quartier Lointain, Soupçons et avec le théâtre Am Stram Gram La tempête de Shakespeare dans une version tout public dès 8 ans.
La rencontre avec René Gonzalez est déterminante : il lui propose d’être Com­pagnon du bord de l’eau au Théâtre Vidy Lausanne et devient un véritable parte­naire de la Cie. Ensemble ils produisent et tournent Soupçons, L’Usage du Monde, Quartier Lointain…
A l’automne 2011, la Cie STT amorce à Paris avec le Monfort et le Théâtre de la Ville, deux saisons sur les routes en tournée avec plusieurs spectacles jusqu’à l’été 2013. Pendant ce temps, Dorian Rossel inaugure sa résidence au Théâtre Forum Meyrin avec la création de Cosmos (La Bâtie- Festival de Genève / Vidy Lausanne et en tournée). Dès la saison 14-15, la Compagnie commence une résidence au Théâtre de l’Archipel, Scène Nationale de Perpignan.
Dans un souci de médiation et de transmission, il crée L’avare de Molière pour le jouer en milieu scolaire dans les classes et le faire suivre de discussions avec les élèves. Il donne divers stages de formation professionnels notamment à la Manu­facture, Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande.
En 2013 : Staying Alive à Vidy Lausanne, Bonlieu Annecy, Le Loup Ge­nève.
En 2014 : Oblomov au Salmanazar d’Eperney, Comédie de Reims, Théâtre Forum Meyrin, Champigny sur Marne et Kléber Mé­leau, Lausanne, et à la caserne des pompiers au festival d’Avignon.
A l’automne 2014 : Une femme sans histoires verra le jour à La Bâtie, festival de Genève en co-production avec Bonlieu Scène Natio­nale d’Annecy, Théâtre Forum Meyrin, TPR Arc En Scène, la Chaux de fonds et l’Arc Scène National Le Creusot.

DAVID GOBET (Comédien)
David Gobet a suivi une formation de comédien de 1998 à 2001 à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Genève (ESAD) où il a participé notamment aux stages d’Armen Godel, Jean-Louis Hourdin, Jean Liermier, Jean-Paul Wenzel, Claude Stratz et Omar Porras. Depuis la fin de sa formation, il a travaillé avec Armen Godel, Olivier Perrier, José Lillo, Lorenzo Malaguerra, Dominique Ziegler, Maya Boesch et à plusieurs reprises avec Jean-Paul Wenzel, Anne Bisang, Guy Jutard, Christian Geoffroy Schlittler.

DOMINIQUE GUBSER (Comédienne)
Après son diplôme (1994) à l’Ecole supérieure d’art dramatique de Genève, Dominique Gubser suit divers stage avec entre autres, Bruce Meyer ou Jean-Yves Ruf. Très vite elle travaille dans les plus grandes institutions théâtrales en Suisse (Théâtre Vidy-Lausanne, La Comédie de Genève, Le Poche, Am Stram Gram ou Kléber- Méleau) et à l’étranger (L’Odéon-Paris, Les Amandiers-Nanterre, le CDN de Gennevilliers) alternant avec de grands metteurs en scène français (Brigitte Jaques, Joël Jouanneau, Bernard Bloch, Nelly Borgeaud) et suisses (Phillipe Morand, Françoise Courvoisier, Richard Vachoux, François Rochaix, Anne-Marie Delbard, Jean Liermier). Au cinéma, elle tourne dans des longs-métrages sous la direction d’Alain Tanner, Romed Wyder, Chris Dejusis, Michel Rodde, entre autres.

ANNE STEFFENS (Comédienne)
Après une formation de gymnaste, une prépa à Normal sup et le Conservatoire National d’Art Dramatique de Nancy, Anne Steffens s’installe à Paris et travaille notamment avec Françoise Bette, Théo Hakola, Evguéni Grichkovets, André Markowicz ou Patrick Haggiag. En 2010, l’écrivain Chloé Delaume écrit pour elle Eden matin midi et soir, un monologue qu’elle interprète à la Ménagerie de verre, dans le cadre du Festival Etrange Cargo. Au théâtre, elle collabore aussi avec la comédienne Laetitia Dosch, comme co-auteur et dramaturge. Au cinéma, elle tourne sous la direction de Cédric Klapisch, Guillaume Brac, Hélène Ruault, Vanessa Lépinard et Benoît Forgeard (La course nue, Respect, Réussir sa vie) avec qui elle vient justement de tourner Gaz de France qui devrait sortir en salles au printemps prochain.