Regarding the Just

D’APRÈS LES JUSTES D’ ALBERT CAMUS
MISE EN SCÈNE VALERY WARNOTTE
COMPAGNIE DE L’INTERVENTION ET TRAP DOOR THEATRE (CHICAGO)
COPRODUCTION DSN / PREMIÈRE FRANÇAISE

Après Me Too, I’m Catherine Deneuve, présenté au Drakkar en avril 2012, Regarding the Just est la seconde collaboration de Valéry Warnotte avec le Trap Door Theatre de Chicago.

En s’appuyant sur la parole politique et poétique de cette compagnie, Valéry Warnotte a souhaité faire résonner Les Justes, texte militant d’Albert Camus relatant l’histoire (vraie) d’un groupe de révolutionnaires socialistes russes au début du XXème siècle, à l’heure des mouvements contestataires contemporains tels que le mouvement Occupy. Qu’est-ce que se révolter aujourd’hui ? Où en est l’action terroriste alliée à une pensée révolutionnaire ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Tout en gardant la structure de la pièce de Camus, Valéry Warnotte l’adapte à l’énergie d’un garage de répétition, d’un QG de révolutionnaires préparant des chansons comme des attentats. Avec toute la fougue et l’engagement qui les caractérisent, les comédiens et musiciens du Trap Door Theatre redonnent vie à ce théâtre terriblement contemporain d’Albert Camus qui demeure l’espace de la destruction des idoles.

 

The Just by Camus, based on a true story
À Moscou, en février 1905, un groupe de révolutionnaires socialistes projette d'assassiner le grand-duc Serge, qui règne en despote. Kaliayev, jeune poète terroriste lancera la bombe. Chacun a son rôle, si Dora reste en arrière, elle fomente l’attentat. Une première tentative échoue suite à la présence de jeunes enfants, les neveux du duc, dans la calèche qui les conduit au Théâtre. Kaliayev arrive à ses fins à la seconde tentative: le grand-duc est assassiné. Kaliayev est emprisonné. La grande-duchesse Élisabeth lui propose d'être gracié, il refuse et est pendu. Le mouvement continue, Dora s'apprête à faire un nouvel attentat... D’après ces évènement, Albert Camus a écrit un drame en cinq actes en 1949.

Qu’est-ce que s’engager ? De la lutte armée à Occupy, une référence américaine
1960: “The Weather men” et les “Days of rage” à Chicago
Première communication publique des Wheather man’s : Les jeunes savent que la limite est franchie La Révolution touche toutes nos vies Les freaks sont des révolutionnaires et inversement Si vous voulez nous trouver On est là Dans toutes les tribus, communautés, Foyers, fermes, baraquements, maisons, Les jeunes font l’amour, fument de la drogue Et chargent leurs armes Ceux qui fuient la justice du pays sont les bienvenus Dans les 14 prochains jours, nous attaquerons Un symbole de l’injustice américaine


Formé en 1969 à Chicago lors des journées de révolte Days of Rage, The Weathermen est un collectif américain de la gauche radicale. Il se présente comme anti-impérialiste et antiraciste. Il est rapidement classé comme organisation terroriste par le FBI suite à ses actions et déclarations violentes. Son nom provient des paroles de la Subterranean Homesick Blues chanson de Bob Dylan: « You don't need a weatherman to know which way the wind blows » (pas besoin d'un présentateur météo pour savoir dans quelle direction le vent souffle), ce qui signifiait pour ses membres « tout le monde voit que la révolution est imminente ». Son action Bring The War Home voulait susciter une culture de la résistance en montrant par l’action directe la solidarité des Américains blancs avec le Black Power et le mouvement contre la guerre du Vietnam.
Les paroles d’une chanson sont devenues l’identité, le ciment, d’un des groupes révolutionnaires américains d’extrême gauche les plus radicaux pendant la guerre du Vietnam. Un slogan devient le symbole d’une génération. Nous partons de là.

Le XXIème siècle, mouvement Occupy aux Etats-Unis
Nous sommes au début du XXIème siècle, vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, et plus de dix ans après les attentats du World Trade Center qui ont considérablement bousculé les équilibres de notre monde. Nous sommes aujourd’hui à cet endroit de double résonance de la pièce d’Albert Camus, avec en toile de fond le contexte socio-économique de la mondialisation et cette idée de terreur qui gronde.
Les mouvements révolutionnaires américains se sont considérablement réduits ou radicalisés dès la fin de la guerre du Vietnam, disons à fin des années 1970, avant d’ouvrir la porte à une vague gigantesque de prosélytisme religieux, de libéralisme agressif et de société spectaculaire permanente (Les années Reagan) ; la chute du mur de Berlin et l’éveil de la Chine brisant les dernières digues idéologiques restantes. Même les révolutionnaires sont devenus des idoles et nous avons tous vu des tee-shirts du Che en soldes aux quatre coins de la planète. A l’instar de Gil Scott-Heron, pourrions-nous encore dire que la Revolution will not be televised ?
Aujourd’hui nous avons devant nous une nouvelle forme de contestation qui s’organise, pacifique pour l’instant, dont une énergie commune se retrouve parmi les mouvements comme Los Indignados en Espagne, Occupy à New York et Washington et les Printemps Arabes.
Regarder le Mouvement Occupy D.C et regarder la pensée de l’Homme Révolté de Camus, c’est juxtaposer cette nécessité de se révolter face à l’absurdité de la condition humaine. Le théâtre de Camus est contemporain car il demeure l’espace de la destruction des idoles.

«La mise en scène de Valéry Warnotte est presque Brechtienne - Les membres de la troupe apostrophent régulièrement le public pour essayer de les rallier à leur cause. Contrairement à Brecht, leurs postures sont très dynamiques ». « La chanson d'amour entre Yanek et Dora (Antonio Brunetti et Nicole Wiesner) est exceptionnellement obsédante, apportant une résonance émotionnelle à l’abstraction du texte. Nous voyons que le dévouement de ces personnages à la justice les rend incapables d’accomplir d'autres aspects importants de leurs vies : le vrai amour de justice peut-il inhiber celui du coeur, puisque l’un implique un implique un engagement universel et l’autre une forme plus particulière. Par une seule chanson, cette question apparaît comme une des plus pressantes de la pièce ».
PAUL KUBICKI CHICAGO THEATER REVIEW

“Brunetti incarne un assassin en proie au doute très convaincant, sa prestation recueille notre sympathie et permet ainsi d’attirer l'attention sur le défi de Camus de reconsidérer le concept de justice absolue. L'amante de Yanek, Dora, est vouée à la cause, mais aussi torturée par la certitude que leur assassinat planifié finira certainement avec la mort de son homme. Nicole Wiesner montre toutes les nuances appropriées d'émotion en incarnant cette femme déchirée entre la fidélité à sa cause et son bonheur personnel”. “Regarding the Just, dans son aspect précis et musclé est une pièce sur l’engagement moral. Une fresque historique écrite par l’un des grands philosophes humaniste du 20ème siècle, c'est une pièce extrêmement pertinente en ces temps où une avalanche de guerre éclate ».
JOHN OLSON CHICAGO THEATER BEAT

« Comme interprète, en plus de coadaptateur, Pascal Collin brille; son travail de clown sous le masque de Guy Fawkes est un point culminant du spectacle -- à la fois étrange dans sa signification mais comme un souffle d’air frais de notre culture contemporaine visuelle. Et comme le chef de Police pervers et affable, il extorque patiemment des rires inquiets au public ». "La distribution inclue des musiciens très doués, et leur jeu en groupe offre des tours très ingénieux, comme la batterie qui explose telle une bombe, et comme une métaphore aisée pour signifier la « collaboration » des révolutionnaires".
BENNO NELSON TIME OUT

« Cet "autre endroit" pourrait être la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, l'Allemagne, la Serbie ou la France - tous les pays dans lesquels le Trap Door Theatre a tourné. Mais surtout c'est l'état d'esprit qui est différent - intensément expressionniste, politique, sexuel, intellectuel, philosophique, absurde et souvent scandaleux. "Le Mythe, le rituel et la révolution" sont les expressions employées par le théâtre. Un petit budget mais une mise en scène ultra-sophistiquée.
HEDY WEISS CHICAGO SUN TIMES

« " Pascal Collins et Nicolas Guevel ont adapté la pièce de 1949 d'Albert Camus - sur l’histoire vraie d’une cabale qui a assassiné le Grand-Duc russe Sergei Alexandrovich en 1905 – dans une adaptation artistique. Dans cette version, Les Justes sont une version actuelle du Velvet Underground, jouant, jonglant, et mélangeant le corpus poétique et philosophique des textes de Camus. C'est davantage une performance qu’une pièce de théâtre, tant la distribution rebelle de Valery Warnotte s’adresse directement au public, fait le bordel devant et derrière la scène, sans prendre compte des indications scéniques. C’est une histoire intrigante, troublante, implacablement irrésolue ».
JUSTIN HAYFORD CHICAGO READER