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saison 2018/2019

TEMPS FORT POÉSIE ET POLITIQUE

Comment une heureuse idée poétique peut-elle être porteuse d'une dimension politique ?
Ou comment une rêverie politique peut-elle se révéler en décision poétique ?

JEU 25 AVRIL 20H
durée 1h
RÉSERVER
LE DRAKKAR
tarif A
THÉÂTRE
dès 15 ans

Les Amantes

D'APRÈS ELFRIEDE JELINEK
MISE EN SCÈNE GAËLLE HÉRAUT
COMPAGNIE KF
COPRODUCTION DSN

 

Destin implacable de deux jeunes femmes.

Le récit se déroule dans un petit village, havre de tranquillité douillettement blotti entre monts et vallons. Un tableau idyllique de l'Autriche dans les années 70. Sur scène, deux comédiennes incarnent les Amantes : brigitte « le bon exemple » et paula « le mauvais exemple ». Deux jeunes femmes, l'une de la ville, l'autre de la campagne, qui ne se connaissent pas mais ont un point commun : toutes deux sont hantées par la brutalité de leur enfance, l'abandon ou la folie, elles veulent s'en sortir. Mais dans ce monde-là pour s'en sortir quand on est femme, il n'y a pas deux solutions : il faut avoir un homme. Et, pour avoir un homme, il n'y a pas deux solutions non plus : il faut se faire faire un enfant.

Dans cette histoire, il est question d'amour, de mariages, d'enfants, de jalousies, de familles et de réussites diverses, mais aussi de haine générale, la haine des parents pour les enfants, des femmes pour les maris, des femmes pour les autres femmes. Haine du bonheur des autres. On se hait joliment dans ce « beau pays avec ses monts et ses vaux (...) ses paisibles demeures et les paisibles gens dedans (...) ». Le tout passé à la moulinette d'un humour ravageur.

 

« Ce théâtre militant qui ne transige en rien avec les exigences artistiques mérite de retenir l'attention. » Jean-François Picaut, Les Trois Coups

Avec Rozenn Fournier et Camille Kerdellant. Adaptation et dramaturgie Marine Bachelot Nguyen. Création sonore Jacques-Yves Lafontaine. Création lumière Gweltaz Chauviré. Régie Lumière Thibaut Galmiche. Chorégraphie David Monceau. Peinture Juliette Philippe. D'après le roman éponyme d'Elfriede Jelinek. Traduction Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize (L'Arche est agent théâtral du texte représenté).

Production compagnie KF association. Coproduction Le Théâtre de Poche (Hédé), La Péniche-Spectacle (Rennes), Le Strapontin (Pont-Scorff) & La Maison du Théâtre (Brest). Soutien Festival Graine de mots (Bayeux), Centre Victor Hugo (Ploufragan), Théâtre Paul Scarron (Le Mans), Le Volume (Vern sur Seiche), Le Grand Logis (Bruz), Maison du Théâtre Amateur – ADEC (Rennes), MJC La Paillette (Rennes), Le Pont des Arts (Cesson Sévigné), CPPC (L'Aire Libre & Festival Mythos, Rennes), Chez Robert (Pordic), DSN – Dieppe Scène Nationale. Aide ministère de la Culture – DRAC de Bretagne, Conseil Régional de Bretagne, de la Ville de Rennes et Rennes Métropole, et de Spectacle Vivant en Bretagne.

© photo : Mathilde Elu & Muriel Bordier

Site de la compagnie


connaissez-vous ce BEAU pays avec ses monts et ses vaux ? au loin de belles montagnes le délimitent. il a un horizon, peu de pays peuvent en dire autant. connaissez-vous les prairies, champs et pâturages de ce pays ? connaissez-vous ses paisibles demeures et les paisibles gens dedans ? au milieu de ce beau pays, de braves gens ont bâti une usine. tapie dans le paysage, son toit en tôle ondulée forme un beau contraste avec les feuillus et conifères à l'entour. l'usine se tapit dans le paysage. une chance qu'elle soit implantée ici, où tout est beau, et non ailleurs où rien n'est beau. on dirait que l'usine fait partie de ce beau paysage. on dirait qu'elle a grandi ici. mais non ! à la regarder de plus près on le voit : de braves gens l'ont construite. et de braves gens y entrent et en ressortent. ils se déversent dans le paysage, comme s'il leur appartenait. toutes les personnes venues en ce lieu sont des femmes. elles cousent. cousent des corsages, des soutiens gorge, parfois aussi des corsets et des slips. souvent ces femmes se marient, ou périssent d'une autre façon. mais tant qu'elles cousent, elles cousent. souvent leur regard se pose au-dehors, sur un oiseau, une abeille ou une herbe. la nature à l'extérieur, elles en profitent et la comprennent souvent mieux que les hommes. ici le bonheur s'épanouit, ça se voit.

extrait de Les amantes


Les amantes ou le récit du destin exemplaire de deux jeunes femmes.

Nous sommes dans un pays où il fait bon vivre, havre de tranquillité douillettement blotti au cœur de l'Europe, entre monts et vallons. Un tableau idyllique de l'Autriche dans les années 70. Les amantes, brigitte « le bon exemple » et paula « le mauvais exemple » (sans majuscule dans le texte) sont deux jeunes femmes, l'une de la ville, l'autre de la campagne. L'une est ouvrière à la chaîne dans une fabrique de soutien gorges, l'autre est destinée à être vendeuse dans la supérette du village. brigitte et paula ne se connaissent pas. brigitte et paula ont un point commun : elles veulent s'en sortir.

Les amantes présentent, dessinent ou dressent les portraits de brigitte et paula dont l'enfance est hantée par la brutalité, l'abandon ou la folie. Un univers obsessionnel duquel il semblerait peu possible de s'échapper. Dans les amantes une tension profonde se noue entre Conservatisme et Modernité, Tradition et non Conformisme. Dans ce monde-là pour s'en sortir quand on est femme, il n'y a pas deux solutions : il faut avoir un homme. Et, pour avoir un homme, il n'y a pas deux solutions non plus : il faut se faire faire un enfant.

Dans cette histoire l'amour, l'idylle et l'harmonie, la vie à deux, le mariage et les enfants sont les clichés d'un mythe de pacotille.

Il y est question d'amour, de mariages, d'enfants, de jalousies, de familles et de réussites diverses, mais aussi de haine générale, la haine des parents pour les enfants, des femmes pour les maris, des femmes pour les autres femmes. Haine du bonheur des autres.

Dans les amantes la vie commence dans un rapport de dominants à dominés. Sur le plan intime et social on y trouve ainsi la dialectique maitre/esclave dans les relations parent/enfant, mari/patron, patron /employé, homme/femme. Jelinek lutte contre la phallocratie et fait de ses personnages féminins et masculins l'incarnation d'une idée d'humiliation, d'agression et de domination. On se hait joliment dans ce " BEAU pays avec ses monts et ses vaux (...) ses paisibles demeures et les paisibles gens dedans (...) "

Le tout passé à la moulinette d'un humour ravageur.


Jelinek recourt aux différents niveaux de la langue, joue avec la  typographie (absence de majuscule), utilise prose et poésie, scènes  théâtrales et séquences filmiques.

La réalité est sans cesse soumise à  une distorsion. 

Marine Bachelot Nguyen, autrice associée à la dramaturgie du spectacle,  a composé une partition sonore pour deux interprètes tout en préservant  la langue originelle, la rythmique et la poésie de l'écriture. 

Le récit fiction Les amantes sera porté par les deux comédiennes Rozenn  Fournier et Camille Kerdellant, sous la direction de la metteure en  scène Gaëlle Hérault et la collaboration chorégraphique de David  Monceau. 

Le récit sera soutenu et rythmé par les interventions musicales  composées par le musicien Henri Jegou. Un univers sonore inspiré du  réel sera créé par Jacques-Yves Lafontaine. 

L'espace scénographique peint par Juliette Philippe et la diffusion des  différentes sources sonores donneront existence à l'environnement  familier et intime des personnages tout en échappant à une figuration  réaliste. 

La disparité du traitement théâtral entre le langage, le geste, le son  et l'image, ouvrira au spectateur la possibilité d'une libre  association. 

Le théâtre y trouvera une naturelle « distanciation » fidèle au genre  du conte où se croisent le merveilleux et le fantastique pour raconter  une réalité sociale et humaine. 

Le spectacle Les amantes est destiné aux publics adolescents et adultes.  La forme théâtrale d'une durée moyenne de 1h30 occupera les moyens et  grands plateaux. 

Camille Kerdellant & Rozenn Fournier
co-directrices artistiques


Elfriede Jelinek
autrice 

Née en 1946 en Autriche (Styrie) dans une petite ville  "sans issue" qu'elle exècre, Elfriede Jelinek a grandi à  Vienne, dans une école catholique encore imprégnée  d'antisémitisme. Son père, juif d'origine tchèque, a  échappé à l'extermination nazie ; il sombre progressivement  dans la folie et la livre à la toute-puissance de sa mère.  Jusqu'à la mort de celle-ci, à l'âge de 98 ans, elle  habitera à Vienne avec cette personnalité dévorante,  qu'elle a évoquée dans son roman "La Pianiste" (écrit en 1983).  Intellectuellement féroce, elle compose avec le présent, analyse et  ausculte la société dans des formes esthétiques très diverses elle  écrit des romans, pièces de théâtre et livrets d'opéra. En octobre  2004, le Prix Nobel de littérature lui est attribué pour l'ensemble de  son œuvre. 

L'autrice avait trente et un an quand elle écrit le roman Les amantes,  en 1975. 


Reste que la palme revient aux deux comédiennes qui tiennent la scène une heure trente durant sans le moindre fléchissement. Leur investissement, chacune dans son registre (plus intériorisé pour Rozenn Fournier, plus expressionniste pour Camille Kerdellant) fait non seulement vivre les deux protagonistes, mais aussi leur environnement, au point qu'on a du mal à s'imaginer qu'elles sont seules sur le plateau. Ce théâtre militant qui ne transige en rien avec les exigences artistiques mérite de retenir l'attention. Les Trois Coups