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saison 2017/2018

JEUNE PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS / THÉÂTRE D'OBJETS ET D'IMAGES / MARDI 9 JANVIER 19H / LE DRAKKAR / 45 MIN / TARIF D RÉSERVER
SÉANCES SCOLAIRES : MAR. 9 10H / MER. 10 10H / JEU. 11 JANV. 10H & 14H15

Chapeau, Charlot

MISE EN SCÈNE LUDOVIC HAREL

CIE C’KOI CE CIRK

Un bel hommage au héros des Temps Modernes.

 

Un chapeau melon, un tournoiement de canne, un pantalon trop long, une veste étriquée, de grands souliers troués et une démarche en canard reconnaissable entre mille : c'est Charlot, ce clown génial qui, avec une simplicité confondante, secoue ses épaules et tourne les talons aux soucis et tracas de la vie.

Ludovic Harel, passionné par le personnage depuis son enfance, souhaite le faire découvrir aux enfants d'aujourd'hui. Pour cela, il invente un théâtre qui s'inspire de la force des objets du monde de Charlot. En effet, que serait Charlot sans cette chaussure dans une assiette et ces deux petits pains « dansant » dans La Ruée vers l'or, ou sans le réveil de Charlot Horloger ?

Chapeau, Charlot est une cascade d'événements, un cadavre exquis de situations permettant de mettre en lumière le costume du vagabond, de jouer avec la fantaisie de sa gestuelle, d'animer réverbère, banc, chaise et autres accessoires... Chapeau, Charlot nous accueille entre deux pans de studio de cinéma, dans un espace où la pellicule tourne en boucle, où le costume est mobilier, pour mieux nous conter un monde de gags et de poésie, de tendresse et de rires. Un récit sensible, muet et porteur d'émotions.

Écriture, construction et manipulation Ludovic Harel • Mise en scène Cédric Le Stunff • Manipulation plateau Willy Fiot. Regard sur le cinéma Ananda Safo. trouvaille lumière Nicolas Guellier, Cyril Lepage. Costumes et recherche Eva Malmasson. Composition musicale Nathan Bloch. Programmation Brice Kartmann. Graphisme et illustration : Célia Pigner.
Production Séverine Petibon.

© photo : Matthieu Fays

Site de la compagnie


AUTOUR DU SPECTACLE

SPECTACLE & CINÉMA
DIMANCHE 7 JANVIER 18H30

Le Cirque

DE CHARLIE CHAPLIN
Sorti quelques mois après la naissance du cinéma parlant, Le Cirque est certainement l’un des plus beaux films muets de l’histoire du cinéma. On passe du rire aux larmes en deux temps et trois mouvements orchestrés par un Charlot producteur, scénariste, réalisateur, acteur et auteur de la musique.

À (re)voir en famille, à partir de 6 ans. [+]


AUTOUR DU SPECTACLE

ATELIERS PARENTS / ENFANTS
MERCREDI 10 JANVIER

QUEL CHARLOT ÊTES-VOUS ?

AVEC LUDOVIC HAREL
Mercredi 10 janvier, de 16h à 18h, au Drakkar (enfants de 5 à 8 ans).

Venez vous immerger dans le décor du spectacle Chapeau, Charlot et vous emparer des fameuses cannes souples, chapeaux-melons, chaussures trouées… Ludovic Harel vous guidera et vous vous glisserez dans la gestuelle de Chaplin et dans son imaginaire. [+]


« Chapeau, Charlot », sera la quatrième création de la Cie C’koi ce Cirk.

Après l’exploration du théâtre noir, et un théâtre d’objets et de signes, comment repartir en création sans regarder la route parcourue. Chaque création est pour moi, un palier à grimper, un équilibre entre le fond et la forme, entre l’esthétique et le narratif, entre le public et le rapport scénique.

Avec la dernière création « Sourde Oreille », l’aventure d’Emma, relaie mon rapport à la culture Sourde, comme un trampoline de ma vie face à mes origines et souligne le rapport profond que j’entretiens entre l’image et le sens. En Langue des signes, Chaplin et Charlot ne font qu’un et n’ont pas un Signe mais un Mime, celui des chaussures pointées vers l’extérieur et du tournoiement de la canne . Charlot est devenu Charlie, ou son contraire. A travers « Chapeau Charlot », je veux poursuivre le chemin et la réflexion menée avec Sourde Oreille mais également surprendre par un nouvel élan narratif, et une exploration de nouveaux champs marionnettiques

Avec Charlot, la marche est haute, mais l’enjeu est de taille. Ramener ce personnage au devant de la scène, à travers son vêtement, l’objet faisant sens. « Chapeau, Charlot » veut surprendre dans l’art et la manière ! Je veux déshabiller Charlot, et jouer avec, témoigner de ce petit bonhomme cabossé, et de son espoir en toutes choses. Indifférent, égoïste, plein de tendresse, agressif, fantasque, anarchiste, révolté contre l’injustice et tout ce qui avilit les hommes, ce personnage est une représentation des différents visages de l’homme. Tantôt vagabond, poète, rêveur, clochard, gentleman, … son ambition est de « déshabiller » la réalité. Ce qui me touche chez Charlot, c’est cette énergie inépuisable de voir une porte de sortie, à chaque situation. Rien n’est fatalité !

Lorsque ses espoirs, ses rêves, ses aspirations s’évanouissent dans la futilité et le néant, il secoue simplement ses épaules et tourne les talons. C’est tout ce geste, ces symboliques que je veux, voir sur scène avec « Chapeau, Charlot »

il a inventé la poésie en noir et blanc, une façon de rire sans fermer son coeur, un copain pour les mômes tristes.

Comme chez un enfant, tout est possible, ici et maintenant. Il crée constamment un autre réel, que ce soit par ruse, par jeu, par séduction ou par détournement poétique. « Chapeau, Charlot » veut rendre hommage à la figure de Charlot, sans parler de Charlie ou si peu…

C’est ma lecture de Charlot que je vais essayer d’écrire


Quand on évoque le nom de Charlie Chaplin, on pense tout de suite à son personnage qui le rendit célèbre dans le monde entier: Charlot.

Mais aujourd’hui, Charlot est-il encore aussi célèbre qu’on le pense? Et pour le jeune public à qui nous voulons proposer ce spectacle, Charlot est il connu de tous ?

Partant de cette incertitude mais aussi de notre fascination commune pour cet artiste hors pair, Ludovic Harel et moi-même avons voulu créer Chapeau, Charlot pour prolonger le mythe, entretenir la légende de celui qui faisait des films, disait il, pour faire rire les enfants. Chapeau, Charlot donc, pour transmettre et donner l’envie de voir, de revoir ou de découvrir le personnage le plus célèbre de l’histoire du cinéma comique.

Pour permettre aux enfants de se familiariser à l’univers de Charlot, nous avons souhaité que le spectacle commence dans le hall d’accueil grâce à la présence d’un dispositif scénographique où seront disposés divers objets : Accessoires, costumes, affiches, photos, pellicules et caméras de l’époque. Ce dispositif, animé sous forme de visite guidée par un premier comédien en « civil », nous permettra lors d’un court échange de questions/réponses avec les enfants, de donner à chacun les clefs indispensables à la compréhension de la suite du spectacle qui se déroulera en salle. Il y sera question de Chaplin, mais surtout de Charlot, de ses films et de ce qui les distinguent des films d’aujourd’hui : Le noir et blanc, l’absence de dialogue puisque film muet, la présence de la musique, etc. Pendant cette présentation, un deuxième comédien (en civil également) viendra se greffer au groupe en se faisant remarquer par son retard, son impertinence et par des réflexions aux questions adressées aux enfants. Je souhaite que cette phase s’appuie sur les techniques du théâtre invisible, autrement dit que personne ne devine qu’il est comédien, une gêne pourra ainsi être jouée par le premier comédien. Une fois ce jeu mis en place, le guide entrainera les enfants dans la salle où ils s’installeront à leur place.

Sur la scène la scénographie tend à reconstituer un plateau de tournage identique à celui qui servait à Chaplin pour réaliser ses films. La technique sera à vue ; grill, projecteurs, câbles et caméras etc. Elle sera accessible pour permettre de jouer avec. Il y aura aussi des éléments de décor, des accessoires, une penderie avec des costumes, des chapeaux, des valises, une coiffeuse, etc. Le but est d’arriver à signifier le in et le off, le champ et le hors champs, l’espace de jeu et la coulisse, montrer finalement l’envers du décor. Le guide continuera alors sa visite et ses explications jusqu’à l’entrée sur scène par les coulisses de notre second comédien, provocant à nouveau un effet de surprise et de gêne. Ce jeu fait référence à Charlot qui lui même se retrouvait souvent dans le rôle du trublion, du gêneur, du perturbateur. Invité à regagner la salle, notre second comédien allumera par maladresse une caméra/projecteur qui déclenchera alors les autres cameras/projecteurs provoquant ainsi un voyage dans le passé.

Nos deux protagonistes se retrouveront sur ce même plateau de tournage mais cent ans en arrière.

Je souhaite que le guide devienne alors un machiniste de l’équipe de tournage et notre second comédien lui deviendra le passager clandestin pris au piège de sa maladresse et de sa curiosité. Cette incarnation passera par un changement de costume. Pour accentuer cette bascule dans le passé, un soin sera apporté au travail de la lumière qui devra nous rapprocher le plus possible du noir et blanc. Des pendrillons noirs et blancs renforceront cette perception ainsi que certains éléments de décor. Les comédiens bien évidemment ne pourront plus s’exprimer par la parole mais développeront un jeu plus expressionniste et corporel tel qu’il est possible de le voir dans les films de Charlot.

Commencera alors la vie de ce plateau de tournage. Notre clandestin sera embauché comme assistant par notre machiniste qui devra répéter ses plans de tournage, mettre en ordre le plateau pour caler ses séquences, préparer les costumes, etc. De toutes ces actions (réglage lumières, calage de caméra, rangement de costumes etc.) naitront des situations qui nous permettront de jouer avec les éléments présents sur la scène et ainsi nous amener progressivement au théâtre d’objet et de costume.

Puisqu’il est question de Charlot dans notre spectacle nous retrouverons les éléments du costume de Charlot. Mais il ne s’agît pas là d’incarner Charlot.

Notre travail consistera à utiliser ces éléments de costume (le chapeau melon, la veste trop petite, le gilet, le pantalon trop large, les chaussures trop grandes, la canne et la moustache) de manière isolée ou associée et ainsi de donner vie à des personnages qui évoqueront Charlot ou d’autres, figurant dans ses films. Une complicité gagnera nos deux protagonistes qui seront rejoint par un troisième individu, le musicien. Venu répéter ses musiques pour le tournage, comme le faisait Chaplin lorsqu’il réalisait ses films, (Chaplin tournait les séquences de ses films avec un accompagnement musical en direct) ou comme dans les cinémas lorsqu’ils étaient projetés, le musicien s’installera derrière son piano au bord de la scène. Il accompagnera ainsi le jeu des comédiens grâces à des compositions inspirées de l’univers Chaplinesque. Le musicien pourra également grâce à d’autres instruments effectuer des bruitages.

Pour la construction de l’histoire, je souhaite avec les deux comédiens et le musicien que nous partions d’une véritable écriture de plateau. Chaplin lui même travaillait sans script. Il se fixait un décor puis se mettait à improviser avec ce qui l’entourait jusqu’à trouver et réaliser la scène parfaite. Ainsi chaque objet ou costume présent sur scène pourra devenir source de jeu, d’action ou de personnage. Cher à son esprit et à l’image de son personnage, nous tenterons d’évoquer différent registre de jeu allant du burlesque au drame, de la poésie à l’absurde, du rêve à l’aventure sans oublier l’amour !

Chaplin disait : « Mettez moi sur un plateau un méchant, une jolie fille et moi et je vous invente toutes les histoires que vous voulez. » Il y aura donc des méchants et une jolie fille.

Pour nous permettre également de sublimer le jeu d’objet, je souhaite expérimenter l’éclairage avec des projecteurs de cinéma qui seront aussi présents sur scène ou en coulisses. Les projections blanches et les cadrages qu’ils offrent doivent nous permettre de créer de véritables castelets ou couloirs lumineux (éclairages latéraux utilisés souvent en danse) dans lesquels nous pourrons faire apparaître des objets au grès des situations que nous aurons à jouer. Le machiniste, le clandestin mais aussi le musicien pourront devenir tour à tour des manipulateurs dissimulés dans le noir, hors cadre. La mobilité des éléments nous permettra aussi de varier la gestion de l’espace scénique.

Je souhaite par moment que le plateau soit investi par plusieurs éléments de décor mais à d’autres moments je veux pouvoir disposer d’un plateau nu afin de créer de l’espace pour des temps chorégraphiques, empreints de légèreté et d’abstraction dans lesquels évolueront des personnages marionnétiques ou des objets. Grâce à tous ces éléments et au jeu qui en découlera, je souhaite que l’esprit de Charlot vive sur le plateau sans pour autant le voir vraiment ! Je souhaite qu’il soit partout et nulle part à la fois ! A la fin du spectacle quand le plateau de tournage sera prêt à jouer et que le costume présent sera prêt à être revêtu dans la loge, j’ai envie qu’on se dise que Chaplin va rentrer sur scène pour tourner. Je souhaite ainsi arriver à une sorte de frustration qui poussera les spectateurs, je l’espère, à se plonger dans la filmographie de cet acteur de génie.

Une façon pour nous de lui dire : Chapeau, Charlot !

Cédric Le Stunff - Metteur en scène


Je souhaite à travers cette création, m’inspirer de Charlot et montrer son rapport au monde des objets. Ce sujet, très peu exploré fait partie pourtant du travail intrinsèque de Charlie Chaplin.Qui serait Charlot sans cette chaussure dans une assiette, ces 2 petits pains « dansant » de la Ruée vers l’or, sans le réveil, de charlot Horloger, cette pièce aux mille dangers, de Charlot rentre tard, … et j’en passe !

J’ai compris que le spectacle d’objets avait une portée hautement symbolique, en explorant l’oeuvre de Charlie Chaplin.

Simplement, il utilise les choses et les objets comme un enfant qui ne connaîtrait pas leur usage, et les rendrait magique, utiles pour lui seul. Cette magie et cette fantaisie offrent dans chaque film de Chaplin, l’image d’un monde réinventé et enchanté. L’objet est devenu un compagnon de route incontournable des premiers films de Charlie Chaplin. Pour preuve, beaucoup de titres des films de Chaplin en anglais ont vu leur traduction en français détournée pour souligner l’objet qui l’accompagne. On a préféré le nom de l’objet à la situation comique. Charlot horloger, charlot et le mannequin, Charlot et le parapluie, …

Dans Charlot rentre tard (1916), le comique d’objets a pris toute sa place, voire toute la place. Charlot, habillé en dandy, est ivre, et en rentrant chez lui, il cherche une dernier verre avant d’aller se coucher. Tous les objets vont devenir adversaire de son état, et se monter contre lui. Chaplin est seul, les objets travaillent pour lui, chaque situation devient un espace de jeu, dont il se joue à merveille.


La grande force de Charlot, c’est que c’est un sujet solitaire.

Ce qui fait que Charlot demeure, c’est son côté clown : c’est une gestuelle. Charlot le montre avec une simplicité confondante. C’est un clown qui invente un monde à partir de presque rien. Ce bricolage est très contemporain et inspire le bricoleur marionnettiste que je suis. Chaplin, à travers Charlot a inventé un langage universel, celui du corps, abolissant les frontières de la langue. Il savait mieux que personne que charlot était voué au Silence. Sa démarche est connue de tous, le tournoiement de sa canne est son emblème. Il est le roi de la pantomime.

J’aime regarder la gestuelle de Charlot et la comparer à celle du monde des Sourds que je connais bien.

Les codes s’entrechoquent souvent mais le génie de Charlie Chaplin, c’est que son langage lui est propre et entendable par tous. C’est sa force ! Charlot s’est distingué des autres, par sa manière de détourner les situations comiques. A l’époque, un comique se cognant à un arbre était drôle. Mais pour Chaplin, ce n’est pas la collision qui est drôle, mais le fait qu’il soulève son chapeau pour s’excuser. C’est ce « petit Geste », que je veux éclairer dans « Chapeau, Charlot », Cette gestuelle que l’on n’attend pas…

« En fait je puis dire plus avec un geste que je ne puis dire avec des mots, car l’assistance finit mon geste. »

La marionnette et le théâtre d’objets, par son travail sur le visible et l’invisible, joue des mêmes codes. L’objet doit être porteur de sens, pour que son image soit adoptée par le public, et lui permettre de détourner le sens commun.


Charlot se reconnait de prime abord par son apparence.

C’est le sujet même du spectacle, comment Chaplin a su mieux que personne, en cinq minutes dans un vestiaire, créé le personnage d’une vie, Charlot.

Ce Personnage inventé en dehors de tout scénario, avec une jaquette trop étroite, un chapeau melon trop petit, et un pantalon et des godillots trop grands, semble plutôt aristo au-dessus de la ceinture et clodo dessous. Certes, il porte des habits d’homme. Mais, avec ses vêtements mal ajustés, c’est comme s’il avait un corps d’enfant en croissance: on dirait qu’il a grandi trop vite au dessus de la ceinture, et qu’il devrait grandir encore au dessous.

Comme Charlie Chaplin le raconte : « Ce costume m’aide à exprimer ma conception de l’homme de la rue de presque n’importe quel homme, de moi-même. Le melon, trop petit, est un effort pour paraître digne. La moustache est vanité. Le veston boutonné et étriqué, la canne et toutes ses manières, tendent à donner une impression de galanterie et de brio, et d’effronterie. »

Ce costume permet à Chaplin d’exercer de plusieurs manières une prise sur le monde où il évolue. Tout d’abord, ce costume définit les conditions dans lesquelles le personnage entre en relation avec l’espace et les gens : Les chaussures trop grandes le font trébucher et causent un déhanchement du bassin qui donne une démarche « en canard » très particulière vue de dos.

Quant au chapeau, tantôt, il permet de transgresser les codes de la politesse, tantôt au contraire Charlot s’en sert pour adresser un salut aux dames, ou encore pour attirer leur regard sur un numéro d’équilibre insolite.Sa « badine », sa meilleure trouvaille selon lui, lorsqu’elle est à l’envers devient une sorte de main à rallonge, qui lui permet de se sortir de bien des situations.

A travers, « Chapeau Charlot », je veux déshabiller Charlot, et mettre en lumière son costume comme figure tragi-comique. Tous les éléments du costume, pris un par un, vont devenir dans « Chapeau, Charlot », une trame narrative, un fil conducteur et une matière sensible et marionnettique propre au Jeu.


« Il était une fois, un monde très, très cruel»
Sur ces mots commence le vagabond (the Tramp-1915), un film muet où Charlot apparaît seul, errant sur une route de campagne.

Fondamentalement, Charlot n’a pas d’autre identité que celle revêtue dans chacun de ses films : un vagabond, errant sur la côte ouest des Etats-Unis vaguement amoureux, doté d’une force de caractère qui lui fait traverser toutes sortes d’épreuves délicates.

Revenons sur sa première apparition :

Le titre français choisi pour Kid’s Auto Race/ Charlot est content de lui, nous montre un vagabond sans identité qui semble chercher un miroir où admirer son costume. Jouant d’un événement réel, une course de voiture Charlie invente Charlot en le mettant face à la caméra tel un gêneur, et tout le ressort comique est basé sur ce jeu, qu’il souhaite passer à l’écran sans l’avoir demandé, ni y avoir été invité. Charlie raconte que ce personnage, lui est venu suite à une discussion avec un clochard, et du récit de ce vagabond sans le sou, de l’ensemble des ces péripéties heureuses et/ou fortuites à travers le continent.

Le costume rend compte de la misère qui l’habite liée à son enfance mais le personnage du vagabond inventé par Chaplin, nous montre un formidable appétit de vivre, une force et une faiblesse intérieures qui le caractérisent.

A travers ce vagabond pauvre, Chaplin devenu riche, porte un regard sans concession sur notre société qui engendre la misère et produit des laissés pour compte, une société où prévaut la loi du plus fort, la loi de l’argent, la loi de la rentabilité.

Cette société qui se pique d’avoir des valeurs mais qui les bafoue à une plus grande échelle. « Chapeau, Charlot » veut porter cette vision à travers Charlot, son costume, sa gestuelle, ce vagabond d’une manière de voir les choses, de continuer son chemin, bon gré mal gré, avec pour tout baluchon son énergie, ses espoirs et ses rêves.